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La place accordée aux produits de l’artisanat est contestée par certains qui trouvent que cela est en porte-à-faux avec le thème de l’Exposition universelle.

jpg_exposition.jpgNotre pays est présent à l’Exposition universelle de Shanghai qui s’est ouverte samedi. Sur place à l’invitation de son homologue chinois pour participer à l’ouverture de la manifestation, le président de la République, Amadou Toumani Touré a visité le stand du Mali qui, comme ceux d’autres pays du continent, se trouve installé dans le pavillon de l’Afrique.

Le chef de l’Etat était accompagné de son épouse, Mme Touré Lobbo Traoré, du ministre de l’Artisanat et du Tourisme, N’Diaye Ba et de son collègue de l’Industrie, des Investissements et du Commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo. Le stand du Mali est officiellement encadré par 4 personnes.

Il dispose d’une boutique et d’une représentation artistique. Construit sur une superficie de 224 m2, il se veut l’incarnation de la notion de ville meilleure enracinée dans une civilisation glorieuse et ancienne, pétrie d’hospitalité, d’accueil, de convivialité, de dialogue et de tolérances. Le commissaire de l’exposition pour le Mali, Mahamane Ansoumane Touré, directeur national du Commerce et de la Concurrence explique que sa configuration est caractérisée par l’architecture soudano-sahélienne, un des fleurons du patrimoine national.

A l’entrée on y trouve une relique de la porte de Tombouctou, porte en bois avec incrustation en métal qui rappelle la Cité mystérieuse. A l’intérieur, on pourra découvrir d’autres éléments du savoir-faire malien sous une tente décorée en textile original par un couple touareg Toujours selon Mahamane Ansoumane Touré, ce couple avait fait la fierté du Mali à l’Exposition de 2005 au Japon.

La fin de leur séjour avait été marquée de grandes émotions du côté des Japonais. Dans le stand, est également installée une relique de la célèbre mosquée de Djenné, une merveille d’architecture qui continue d’émerveiller le monde entier. « Cette mosquée est autant un vestige vivant que si beau de la couleur de la terre, de la savane, du Sahel et du fleuve Niger. L’architecture dite de terre constitue un véritable challenge dans le choix des matériaux et de la technologie de construction d’habitations adaptées à nos besoins et à notre environnement », commente le commissaire de l’exposition.

Des motifs de fierté.

Par ailleurs, poursuit-il, le stand du Mali à travers les films vidéo qui seront projetés tout au long de l’expo sera le reflet « d’un Mali qui gagne » comme décrit dans le PDES (Projet pour le développement économique et social). Pour ce qui est de la boutique, elle sera occupée par une cinquantaine d’opérateurs économiques attendus durant la période de l’exposition.

Les premiers d’entre eux sont déjà sur place. Le contenu est constitué essentiellement de produits artisanaux. Les responsables du stand rappellent que 1/3 des Maliens se consacrent à l’artisanat comme expression du savoir-faire et comme moyen d’existence. Ce qui confère à cette activité une dimension humaine et économique. Mais cette domination de l’artisanat sur le stand est dénoncée par certains de nos compatriotes. « L’exposition universelle n’est pas une foire commerciale.

Elle est essentiellement destinée à faire connaître le pays et son génie inventif. Dans le cas précis, le stand du Mali ne contient pratiquement aucun objet relatif au thème officiel qui porte sur l’amélioration du cadre de vie urbain. La présence de reliques de la porte de Tombouctou et de la Mosquée de Djenné me paraît tout simplement anecdotique. Nous disposons aujourd’hui de réalisations concrètes ou en chantier que nous aurions pu présenter ici avec fierté.

Je pense notamment aux logements sociaux qui améliorent incontestablement le cadre de vie, aux espaces verts qu’on a crées ces dernières années, aux initiatives originales prises par les habitants de certains quartiers de Bamako de procéder eux-mêmes au pavage de leurs rues avec souvent l’appui d’associations ou d’ONG, aux chantiers du 3è pont et de l’échangeur multiple de Bamako, à l’ambitieux projet d’usine de transformation des ordures etc… », dénonce un cadre qui a visité le stand, visiblement désabusé, mais qui préfère garder l’anonymat.

Un autre compatriote constate plus sobrement : « J’ai été très surpris de voir notre stand pratiquement vide alors que l’Expo a démarré. Qu’attendent-ils alors ? ».

Ce à quoi un des organisateurs répondent que la plupart des objets ne sont pas encore arrivés sur place. Ceux-ci seraient bloqués à Paris pour un problème de transport. Cet interlocuteur pense que ceux à qui l’acheminement des objets a été confié ne se pressent pas, estimant qu’ils ont largement le temps, car l’exposition durera six mois…

Sous le signe du Cinquantenaire.

L’animation du stand est assurée par le groupe du chanteur balafoniste Nèba Solo retenu pour animer la journée du Mali. Celle-ci qui devrait être célébrée à la date anniversaire de l’Indépendance (le 22 septembre), a été finalement fixée au 31 mai en raison de l’importance accordée au Cinquantenaire de l’Indépendance. La participation malienne à Shanghai 2010 est justement placée sous le signe du Cinquantenaire.

Le logo du Cinquantenaire affiché à la face du stand en fait foi. Une délégation d’au moins 23 membres est attendue à la journée du Mali dont des membres du gouvernement, le président de la Commission du Cinquantenaire, Oumar Hamadoun Dicko et le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Jeamille Bittar. Après avoir visité le stand, Amadou Toumani Touré a rappelé au micro de nos confrères de l’ORTM, que le Mali et la Chine célèbrent cette année 50 ans d’amitié et de solidarité. « Je pense que c’était donc l’occasion de venir exprimer notre gratitude à la Chine et de constater tous les progrès accomplis par ce pays ami », a-t-il ajouté.

Abordant le choix du thème de l’Exposition universelle, le président Touré a noté sa pertinence, en indiquant que l’un des premiers besoins de l’homme est le bien-être. Et cela implique être bien logé, dans un cadre saint avec des équipements collectifs modernes. La politique nationale des logements sociaux correspond à cette logique. Au total, 50 pays d’Afrique participeront à l’Expo, soit un record dans l’histoire de la manifestation.

Les organisateurs ont offert au moins 200 m 2 de surface d’exposition pour chaque pays participant. Parallèlement, une zone publique permettra aux Etats d’exposer leurs héritages culturels communs. Des marchés seront également mis en place dans le pavillon afin que les visiteurs puissent acheter leurs souvenirs préférés. Le pavillon collectif de l’Afrique abrite essentiellement des pièces originales fournies par 42 pays.

Il embrasse le thème de la grande ballade de l’Afrique, et s’efforce de représenter la diversité culturelle, la solidarité, et l’avenir prometteur du continent. A l’entrée du pavillon, est représentée Lucy, une femme de 3 millions 500 000 années dont le fossile a été découvert en Éthiopie en 1974.

Le pavillon africain expose également d’autres éléments aptes à attirer l’attention sur des éléments de la culture africaine, tels que des sculptures en bois et en pierre, des objets en porcelaine, ou encore des vêtements traditionnels.

Salim Togola

L’Essor du 03 Mai 2010.

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Les différents visages de l’Afrique exposés à Shanghai

L’Exposition universelle de Shanghai a ouvert ses portes samedi 1er mai 2010 au public, et le restera pendant six mois. Au cœur de cette exposition, on peut découvrir une très importante présence africaine. Mais sans doute pas aussi massive que l’affirment les autorités africaines.

La Chine l’avait ouvertement souhaité, le continent africain est en théorie massivement représenté à Shanghai Sur les bords de la rivière Huangpu, on découvre rapidement la « place de l’Afrique » un lieu de rencontres, encadré par les pavillons nationaux d’Algérie et de Tunisie, d’Afrique du Sud ou encore du Nigéria.

Mais c’est dans le grand pavillon commun, qui accueille plusieurs dizaines de pays d’Afrique noire, que l’on retrouve cette ambiance africaine, grâce en partie au groupe malien Neba-Solo, principal animateur de ce pavillon : « Nous sommes présents à l’Exposition 2010. C’est très important pour nous tous. Nous faisons la présentation. Les Chinois sont très intéressés par notre pavillon. Il y a beaucoup de monde ».

A quelques mètres de là, le stand du Togo fait le plein de visiteurs, 100 % Chinois, pressés de se faire tamponner leur « passeport » de l’Exposition universelle. Dans son petit bureau pas vraiment installé, Kokou Noutchet, un Malien de Shanghai, en tenue traditionnelle du Mali, recruté l’année dernière pour surperviser l’installation du pavillon semble se satisfaire du démarrage de cette Exposition universelle de Shanghai : « Je crois qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Cela a bien démarré malgré quelques petits problèmes. Je pense que les Chinois ont fait un bon travail. Nous avons beaucoup à apprendre de la Chine. Je crois que la Chine est devenue réellement le centre du monde comme le dit le mot ‘zhong guo’ qui signifie empire du Milieu. Et il n’y a pas que les Africains qui ont besoin d’apprendre des Chinois ».

Mais tout n’est pas si simple dans ce monde un peu virtuel de l’Exposition universelle. La Chine, soucieuse d’accueillir le plus grand nombre de pays, y compris ceux qui n’ont pas de relations diplomatiques avec Pékin, a accordé une aide d’environ 600 000 dollars à chaque pays, sous forme de financement des stands, ou de billets d’avion.

Et les dirigeants chinois sont sans doute allés encore plus loin ; certains stands, comme celui de la Gambie ou de la Somalie, qui se résument à quelques photos, semblent avoir été totalement mis en place par les autorités chinoises.

Petits et grands pays sont confrontés encore à des difficultés. Au premier jour d’ouverture de cette Exposition, le prestigieux pavillon de l’Afrique du Sud est resté fermé aux visiteurs, sans aucune explication.

Article publié le : lundi 03 mai 2010 par RFI