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Les policiers, à coup de gaz lacrymogènes, tentent de disperser la foule et protéger les joueurs.

Une heure de temps après, les premiers spectateurs regagnent la ville. Les mines sont serrées. La tension monte. Des pneus sont enflammés et jetés sur la voie publique, obligeant plusieurs usagers à faire le détour.

Pour chaque automobiliste qui rencontrait ces groupes, il fallait débourser une somme fixée par les vandales. Sinon, le véhicule était simplement détruit. C’est le cas d’une jeune dame à Kalabancoura qui a vu sa Mercedes 190 démontée en cinq minutes. Les badauds ont tout enlevé laissant la carcasse sur la route.

La propriétaire du Bar le Terminus a été d’abord traînée dans la broussaille, violée et abandonnée après que les casseurs eurent coupé les chaînes qu’elle avait au cou. Au Chenji, les pilleurs ont emporté un coffre plein d’argent, ramassé tables et chaises qui étaient dans la cour. En compagnie de la patrouille du 11ème arrondissement, nous avons appréhendé quelques uns des vandales. Au Kanaga, ce sont les fenêtres qui ont d’abord volé en éclat suivies des casiers de bière et des fauteuils.

Le Bar Mango à Baco Djicoroni n’a pas été épargné par la razzia : le frigo, les congélateurs, les climatiseurs, le mobilier ont été soit détruits soit emportés. Des motos appartenant à des clients ont été enlevées. Le pauvre chat de la maison a, quant à lui, eu un plus triste sort, car il a été tué. Même spectacle de désolation au Bar Evivi, toujours à Baco-Djicoroni, où le mobilier a été mis à sac, le matériel sanitaire détruit.

Les voleurs, ont tenté de s’enfuir avec la voiture du propriétaire mais sans succès, ils l’ont simplement démolie sur place. Il sied de noter que le carrelage était maculé de sang. Selon les informations que nous avons obtenues auprès du petit frère du propriétaire du gérant et ses amis, ce sang était celui des vandales. Beaucoup se sont blessés en cassant les vitres des portes ou des fenêtres. Un boutiquier du voisinage a eu l’un des bras pratiquement sectionné et ils se trouveraient dans un établissement hospitalier de la place.

A la pâtisserie Amandine, le bâtiment principal a été certainement épargné grâce à ses lourdes grilles. En revanche, les chaises et les tables de la terrasse ont été cassées. La boutique de l’établissement, qui proposait des articles de luxe à la clientèle (stylo et briquet en or, une grande quantité de cartes téléphoniques Ikatel et Malitel) a été dévalisée.

Des actes de vandalisme qui ne peuvent pas simplement se justifier par l’amertume que tous les Maliens ont eue en cette soirée du dimanche 27 mars. Sinon, pourquoi ces bandits ne se sont pas attaqués au siège de la Femafoot ou au ministère de la Jeunesse et des Sports? Pourquoi s’attaquer aux établissements chinois ou à d’autres nationalités que le Togo, si ces voleurs en avaient après les vainqueurs ?

Le hic dans toute cette affaire, c’est que la police qui est sensée protéger dans de telles circonstances est démunie. Nous en avons eu la preuve dans la nuit des émeutes quand plusieurs unités d’intervention se trouvaient sans carburant devant les hooligans et devaient prendre leur jambe au cou.

Alou B. Haïdara

29 Mars 2005