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L’Etat malien est dans la galère. Les prix des
céréales sur le marché sont toujours à un niveau
stationnaire malgré de nouvelles mesures
gouvernementales, installant des points de vente, dans
le but d’infléchir les prix sur le marché. Ces mesures
démontrent bien que les premières ont échoué, dans
leur objectif.

En effet, lorsque la crise battait son plein, l’Etat
a cru devoir lever des taxes sur une quantité
déterminée de riz importé. L’objectif visé, était
d’amener les importateurs à revendre le riz à un prix
inférieur à celui auquel ils l’auraient vendu s’ils
avaient payé les taxes d’importation. Mais c’est mal
connaître le commerçant.

C’est le contraire qui s’est
produit. Le prix du riz a flambé et n’a cessé de
grimper. Qu’a fait l’Etat devant cette “trahison” ?
Rien, si non qu’à supplier ces opérateurs économiques,
à les demander de faire preuve de solidarité et de
compensation. Or, un commerçant reste un commerçant.
Ce n’est pas l’Etat qui dira le contraire.

En cette période de crise, il faut reconnaître que
tout le monde, y compris les représentants de l’Etat,
est devenu commerçant. Peut-on soutenir le contraire ?
Que l’Etat prenne des mesures et que celles-ci soient
délibéré-ment sabotées par ceux-là mêmes qui devaient
les appliquer, c’est qu’il y a forcément complicité
quelque part.

Mais là, n’est pas le problème. Mais que l’Etat
montre son incapacité à réagir sauf à proposer des
solutions aléatoires, c’est là qu’il y a problème. Les
nouvelles mesures que le gouverne-ment vient de
prendre sont, en effet, aussi peu probables que les
premières l’étaient. Parce que rien ne dit que les
prix pratiqués aux points de vente choisis par l’Etat,
vont influer positivement sur tout le marché faisant
bénéficier toutes les populations.

Et rien ne garantit
non plus contre la spéculation. Les mesures prises de
ne pas vendre à plus de 200 kilos par personne n’est
pas un palliatif, en effet. Même l’Etat, lui même, ne
peut donner une garantie pour la réussite de cette
seconde opération. Il ne peut supposer seulement
qu’elle réussisse. Et si cela échouait comme la
première ? Dans ce cas, les Maliens seront curieux de
savoir quelle sera la troisième mesure du
gouverne-ment.

Mais disons que l’attitude actuelle du gouverne-ment
montre bien que l’Etat n’a pas une solution pour
contrer la crise. Qu’il l’ait, il ne l’a pas encore
appliqué, en tout cas. Pour le moment, le Malien
pauvre devra prendre son mal en patience en espérant,
dans un avenir proche, de voir le bout du tunnel. Pour
cela, il va falloir compter sur les premières
récoltes. Tout laisse croire que l’Etat, lui aussi,
espère sur cette providence, pour se sortir du
guêpier.

La question que l’on ne peut s’empêcher de se poser
cependant, est la suivante: Pourquoi l’Etat ne
prend-t-il pas ses responsabilités en imposant, lui
même, ses prix dont la violation engendrerait des
sanctions? Une ordonnance CTSP n’autorise t-elle pas
l’Etat à fixer des prix en période d’inflation ? Nous
sommes dans un système de commerce libéral, dira-t-on.

Oui, certes ! Mais en période de crise, l’Etat ne
peut-il pas prendre des mesures d’urgence? Car, nous
sommes bien dans une période de crise où la vie de la
population nationale est menacée de famine. Mais si
l’Etat n’a pas la souveraineté nécessaire pour pallier
à cette crise, c’est que la Démocratie est un mot qui
ne sied pas encore à l’Afrique.

Mais nous sommes bel
et bien dans un système où l’Etat est à la merci de
ses opérateurs économiques. Il est vrai que quand une
famine pointe à la porte, ce sont les pauvres qui
souffrent en premier lieu. Sinon, les riches ont
toujours une fenêtre de sortie. Au Chef de l’Etat de
revoir ses cartes.

Aimé RODRIGUE

15 septembre 2005.