Piégés dans le désert par les terroristes, les Mauritaniens auraient subi des pertes élevées. Mais les dégâts seraient plus importants du côté d’Aqmi dont les positions ont été longuement pilonnées, hier dimanche, par l’artillerie mauritanienne enfoncée en territoire malien, dans le désert du Sahara, jusqu’à 80 km de Tombouctou. L’armée malienne, de son côté, est en état d’alerte, tandis que l’Algérie barricade sa frontière. Visiblement, il y a une volonté manifeste de faire du territoire malien le terrain d’affrontement avec les terroristes que chacun des autres Etats s’efforce de repousser loin de ses frontières. Le Mali se trouve ainsi acculé par des pays voisins qui, au lieu de s’en remettre à une action militaire concertée, s’empressent d’éloigner « leurs islamistes » vers le pays du président ATT. Notons que la France rassure que les combats sont sans lien avec l’enlèvement des 7 employés – dont 5 Français – au nord du Niger.
Les combats meurtriers ont opposé l’armée mauritanienne à des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au nord du Mali durant le weekend. Cela fait suite à l’enlèvement, dans la nuit de mercredi à jeudi, au nord Niger, d’un groupe de 7 personnes dont cinq Français, employés de l’entreprise française Areva et de Sogea-Satom, filiale BTP pour l’Afrique du groupe Vinci.
Alors qu’aucune information n’est encore disponible sur le sort des otages, la France tient à souligner qu’elle n’est pas engagée dans les opérations qui opposent l’armée mauritanienne à AQMI, au nord du Mali. « Il n’y a pas de forces françaises sur le terrain et ces combats sont indépendants de l’enlèvement des employés du groupe français Areva », a déclaré, dimanche dernier sur les ondes de Radio J, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement français. C’est un message ainsi adressé à AQMI, détenteur présumé des otages, pour se démarquer de l’action mauritanienne. La précision du porte-parole du Quai d’Orsay est donc destinée à marquer – sans la désavouer – une distance à l’égard de l’opération mauritanienne. Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a abrégé sa visite au Canada pour participer à la gestion de l’affaire des otages français.
En réalité, les français ont encore en souvenir la mort tragique de Michel Germaneau, exécuté par AQMI, le 22 juillet dernier, suite à un raid franco-mauritanien. Raison pour laquelle, la première personnalité politique à s’exprimer sur cette prise d’otages, Cécile Duflot, a réclamé des négociations en lieu et place d’une action militaire, même si les propos de Luc Chatel, très nuancés et prudents, ne permettent pas d’écarter radicalement cette hypothèse.
Les militaires mauritaniens et leurs renforts sont arrivés à environ 80 km de Tombouctou, au nord du Mali. Notons que lorsque les canons ont arrêté de tonner le samedi 18 septembre 2010, le Mali a autorisé l’atterrissage à l’aéroport de Tombouctou d’un avion militaire mauritanien qui, selon les témoins, transportait du carburant et des mécaniciens.
Ce qui amène à penser à une opération de secours à des militaires mauritaniens en difficulté sur le terrain. La preuve que le gouvernement malien est informé de l’opération, comme d’ailleurs le confirme le ministre mauritanien de la Défense: » Le Mali voisin et frère, dûment informé de cette attaque, a manifesté son soutien à notre action légitime « . Une dépêche de l’AFP de préciser, samedi dernier à la mi-journée, que » le président Amadou Toumani Touré a affirmé que le Mali était en état d’alerte après l’enlèvement des cinq français…mais a tenu à préciser que l’option tout-sécuritaire ne suffisait pas ».
Selon un communiqué officiel, Nouakchott annonce six morts dans ses rangs, et des blessés, et douze morts dans les rangs des islamistes. D’autres sources contestent ce bilan et parlent d’au moins quinze militaires mauritaniens tués. A quelle source faut-il alors se fier ?
Les combats se sont déroulés en deux temps (samedi et dimanche) et ont été très violents. Des témoins ont vu, sur le terrain des affrontements, des véhicules calcinés.
Pour expliquer l’origine de ces affrontements, le ministère mauritanien de la Défense a affirmé que depuis plusieurs jours un groupe de combattants se dirigeait vers sa frontière pour commettre des attentats. Il a alors anticipé une éventuelle attaque. La colonne de la centrale terroriste était menée, selon plusieurs sources, par Yahya Abou Hamame, un lieutenant d’Abou Zeïd, l’un des émirs les plus redoutés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Hier, en début d’après-midi, l’armée mauritanienne a frappé fort sur une colonne d’AQMI. Sur les 7 voitures ciblées, 3 ont été complètement calcinées. Mais un mutisme complet a été gardé sur le sort des occupants desdits véhicules. De son côté, Paris garde avec beaucoup de discrétion son plan d’action pour faire libérer les otages. En attendant d’y voir plus clair, dans les prochains jours, admettons que la Mauritanie, en agissant de la sorte, a semé la confusion au nord Mali.
Amadou Bamba NIANG
20 Septembre 2010.