Pour son investiture officielle, Soumeylou Boubèye Maïga a choisi le 24 mars qui, il faut le rappeler, est une date mémorable dans la lutte pour l’avènement de la démocratie pluraliste dans notre pays.
En effet, c’est le 24 mars 1991 qu’au nom de la Coordination des Organisations et Associations Démocratiques feu Bakary Karembé pour l’UNTM, feu Me Demba Diallo pour l’AMDH, feu Abderhamane Baba Touré pour l’Adéma, Me Amidou Diabaté pour le CNID, Me Drissa Traoré pour le Barreau, Hamadoum Ba pour l’AEEM ont porté à Koulouba au Président de la République de l’époque, le général Moussa Traoré, les revendications du Mouvement démocratique.
C’est ce même jour que dans l’après-midi furent enterrés dans l’actuel Carré des martyrs du cimetière de Niaréla ceux qui furent, à notre grand regret à tous, les premiers morts de l’insurrection de mars 1991.
En souvenir de tous ces combattants de la démocratie pluraliste au Mali, Soumeylou Boubèye Maïga fera savoir que « ma candidature s’inscrit dans un devoir de mémoire et une obligation de fidélité envers notre lutte commune et envers tous ceux dont le sacrifice nous a permis d’être là« . Au-delà de cet aspect historique, il veut aussi à travers cette candidature « contribuer à redonner confiance en notre capacité collective à bâtir une société juste, solidaire et de progrès au bénéfice du plus grand nombre« .
La situation actuelle du Mali est préoccupante
Après avoir sillonné notre pays et, dans une démarche permanente d’écoute, d’explication, de concertation et de rencontre avec des hommes et des femmes inquiets mais déterminés, Soumeylou Boubèye Maïga arrive à la conclusion suivante : « nous devons d’autant plus nous saisir du flambeau, que la situation actuelle de notre pays est fort préoccupante« .
Selon ses constats, 80 % des réalisations solides et durables entre 2002 et 2007 sont issues des politiques menées de 1992 à 2002.
Mais, dira-t-il, « j’ai aussi relevé que notre pays est considérablement fragilisé. Près de 70 % des Maliens vivent dans la pauvreté c’est-à-dire quasiment sans revenus, sans accès à l’eau, à l’éducation, à la santé« . Dans la zone cotonnière, souligna Soumeylou Boubèye Maïga, cet appauvrissement est aggravé par le surendettement des cotonculteurs qui avoisinent les 60 %.
Près de 80 % des points d’eau modernes sont, selon lui, soit vétustes, soit en panne ou fournissent de l’eau impropre à la consommation. Soumeylou Boubèye Maïga fera en outre savoir que le système scolaire est en totale déchéance exposant notre jeunesse à l’errance, à l’absence d’avenir rassurant. Les populations, quant à elles, dira-t-il, s’échinent à construire des écoles malgré la modicité de leurs moyens ; quand elles y parviennent elles ne trouvent pas d’enseignants à recruter et quand elles en recrutent elles ne parviennent pas à leur assurer plus de deux à trois mois de salaire.
Pendant ce temps, révéla-t-il, 60 % des ressources publiques engagées dans ce secteur ne parviennent pas à destination parce que captées, dissipées, détournées. De fait avec un indice de 2,9 /10, conclut Soumeylou Boubèye Maïga, nous figurons malheureusement parmi les pays à fort niveau de corruption.
Parallèlement, ajouta-t-il en outre, la volonté de caporalisation systématique est telle qu’aujourd’hui aucun démembrement de la puissance publique n’inspire l’impartialité et l’intégrité, érodant ainsi progressivement la confiance des citoyens dans la capacité de l’Etat à assurer notamment leur sécurité, un traitement équitable devant la loi.
Au plan extérieur, fera-t-il enfin savoir, la voix du Mali s’est progressivement tue entraînant le déclin de l’autorité et de l’influence de notre pays ainsi qu’une faible aptitude à protéger nos compatriotes vivant à l’extérieur.
Toutes choses qui imposent le changement devenu indispensable « si nous voulons rompre avec la spirale d’une confusion savamment entretenue, du désengagement, du fatalisme, de l’abdication et de l’opportunisme« .
De nombreux défis à relever
De l’avis de Soumeylou Boubèye Maïga, dans la situation actuelle du Mali, les défis à relever sont nombreux et immenses :
promouvoir une gouvernance fondée sur le respect scrupuleux des principes démocratiques et républicains ;
restaurer la puissance publique dans toute sa plénitude, notamment par la renaissance de l’autorité et de l’impartialité de l’Etat ;
la réhabilitation de la mission de service public et le renforcement de la morale et de l’éthique publiques ;
promouvoir une République « une et indivisible mais plurielle » qui, par une accélération volontariste de la décentralisation, permettra sur la base de la loi, et non pas d’arrangements de circonstance, d’aménager des discriminations positives pour rattraper des retards de développement liés à l’histoire et la géographie ;
passer à une nouvelle étape du processus de décentralisation à travers une plus grande responsabilisation des collectivités territoriales notamment en matière d’aménagement du territoire, d’investissements et de relations extérieures, favorisant ainsi l’émergence des pôles régionaux véritablement compétitifs ;
assurer la transparence de la gestion des ressources publiques, en instaurant notamment un observatoire des finances publiques accessible aux partenaires sociaux ;
assurer l’accès de tous les Maliens à un minimum social commun portant sur l’eau, la santé et l’éducation de base ;
garantir les droits et libertés des Maliens de l’extérieur et oeuvrer à leur implication dans le développement économique du pays à travers l’amélioration du cadre juridique d’investissement de leurs ressources.
Ce sont là, pour le candidat Soumeylou Boubèye Maïga, les grands axes d’une autre gouvernance. Selon lui, il s’agit aujourd’hui comme hier d’assurer, dans la fidélité en nos idéaux, la stabilité et l’approfondissement de notre démocratie, de promouvoir le développement de notre pays dans un esprit d’équité territoriale, de garantir l’épanouissement de nos compatriotes dans la solidarité, la justice, la sécurité et la sérénité.
Pour la mise en oeuvre de cette autre gouvernance, le candidat Soumeylou Boubèye Maïga compte le faire avec toutes les forces politiques et sociales qui se reconnaissent dans ces ambitions.
Il s’est aussi adressé aux vrais militants de l’Adéma, à tous les militants aujourd’hui en deuil de leurs partis respectifs. A ces dernières, il dira : « je sais votre indignation et votre tristesse devant la démission et l’abdication. Je sais aussi que vous comprenez et soutenez notre combat qui est une étape de notre lutte commune pour une véritable démocratie pluraliste fondée sur des partis politiques forts, crédibles, seuls remparts contre toute forme de dérive« .
C’est pourquoi, ajouta-t-il, « je ne doute pas un seul instant de votre soutien et de votre mobilisation à nos côtés« . S’adressant à ses camarades et amis membres de l’ASMA et de Convergence 2007, aux vrais militants de l’Adéma ainsi qu’à tous les autres militants aujourd’hui en deuil de leurs partis respectifs, le candidat Soumeylou Boubèye Maïga dira : « la situation doit changer, la situation peut changer, la situation va changer« .
Pour vaincre, il demanda à ses troupes de rester soudés aux populations, leur parler de leurs problèmes et leur tracer des perspectives claires, les convaincre que la capacité de changer la situation, que la force du changement est en chacun de nous.
Parlant de la campagne électorale à venir, Soumeylou Boubèye Maïga fera savoir : « nous mènerons une campagne de respect, une campagne intransigeante et responsable sans céder à la provocation, à la surenchère et à l’anathème, une campagne à la hauteur de la dignité qui sied à la fonction présidentielle« . Tout en donnant l’assurance d’accomplir sa nouvelle tâche comme il a toujours rempli ses missions, Soumeylou Boubèye Maïga reste convaincu qu' »avec la conviction que la victoire est au bout du chemin parce que la force du changement est en chacun de nous« .
Birama Fall
27 mars 07