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Le journaliste et l’homme politique qu’il est, Soumeylou Boubèye Maïga était la personne qui répondait mieux au profil d’homme que l’Association des éditeurs de la presse privée (ASSEP) pouvait inviter à s’entretenir avec la jeune génération en ce 26 Mars dans le cadre de l’initiative : « une vie, une expérience ». L’homme se dit fier d’être un acteur du 26 Mars et pense que le bilan des 19 ans de pratique démocratique est bien positif.

L’homme est à la fois journaliste et acteur du mouvement démocratique. Il a été avec feu Mohamed Lamine Traoré, les créateurs de la FNDP en 1986. Des organisations politiques qui n’ont pu résister à la charge du régime monopartite de Moussa Traoré.

jpg_boubeye-2.jpgMais à cœur vaillant rien n’étant impossible, Soumeylou et ses camarades de lutte ont tenu le coup jusqu’à la chute du régime militaro fasciste de l’UDPM en 1991. Une jonction avec certains hommes de l’armée comme Amadou Toumani Touré (qu’il a connu depuis 1979 et avec lequel il avait manigancé beaucoup de choses avant même le 26 Mars) et Kafougouna Koné (à l’époque chef d’état-major de l’armée de terre), a favorisé la réalisation de l’idéal.

C’est lui qui avait remis en février 1990, la lettre de la société civile au Général Moussa Traoré, l’invitant à l’ouverture démocratique dans notre pays et était un meneur de la marche unitaire du 30 décembre de la même année.

Après la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré, Soumeylou fut nommé conseiller spécial du président de la transition, Amadou Toumani Touré.

Il sera ensuite directeur de campagne des législatives et communales de 1992 et sera coordinateur de la rédaction du projet de société de l’Adéma/PASJ au cours de la même année. 1992-1993, il sera chef de cabinet du président élu, Alpha Oumar Konaré.

Poste qu’il quitta la même année pour être promu directeur de la Sécurité d’état. Pendant 7 ans, il sera le patron des services de renseignement du pays avant d’être appelé au gouvernement en 2000 en charge du Ministère des forces armées et des anciens combattants.

De 2002 à 2007, l’homme a été abandonné au garage par l’actuel chef de l’État, Amadou Toumani Touré, qu’il avait pourtant aidé à devenir président en mobilisant l’électorat Adéma en sa faveur. C’est justement dans le cadre de cette vengeance qu’il se portera candidat à la présidentielle de 2007 avec sa fameuse « Convergence 2007 » contre justement la consigne de son parti l’Adéma/PASJ, qui avait décidé de soutenir le président sortant ATT.

Cette situation lui valu sa suspension par le PASJ avant d’être réhabilité en fin 2008 avec son entrée dans le CE en qualité de 5è vice-président.

C’est donc une bête politique qui était face aux jeunes journalistes en ce 26 Mars 2010 à la Maison de la Presse dans le cadre de l’initiative « une vie, une expérience » de l’ASSEP. Appelé à porter son jugement sur l’avènement du 26 Mars, l’homme s’est dit fier d’être un acteur de cette importante date de notre histoire dont les objectifs semblent être atteints. « Je pense que les gens sont sévères dans leur jugement du bilan de notre pratique démocratique. Les motivations de la révolution, qui étaient la liberté et le multipartisme, sont aujourd’hui une réalité. La vie d’aujourd’hui est meilleure qu’avant 1991. Certes, beaucoup reste à faire mais il fallait que le 26 Mars soit » explique Soumeylou Boubèye Maïga.

Pour lui, les gens ne peuvent pas imaginer la férocité de la dictature qui régnait au temps de Moussa Traoré. C’est pourquoi il se dit étonné chaque fois qu’il va à des conférences, de voir les gens faire un jugement négatif de notre pratique démocratique. « Un acquis du 26 Mars est le fait qu’il n’y a plus de parti unique au Mali. Personne ne peut me faire regretter le 26 Mars. Je suis extrêmement fier d’être parmi les gens qui ont fait réaliser la révolution » enseigne-t-il.

Pour l’enfant de Gao, le Mali est même fier d’être un pays qui n’a pas connu de recul démocratique contrairement à certains pays bien qu’étant démocratiques ont connu des coups d’État. Mais, conclu-t-il, s’il y a des choses qui ne marchent pas, c’est aux responsables du pays de s’assumer.

Abdoulaye Diakité

L’Indicateur du Renouveau du 29 Mars 2010