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Le candidat de l’URD, Soumaïla Cissé hier sur RFI : – « Je dénonce l’irruption du Haut conseil islamique dans cette élection» – «Nous n’accepterons pas la fraude qui se prépare au profit d’un candidat»

A 64 ans, Soumaïla Cissé se présente pour la seconde fois à une élection présidentielle. En 2002, il avait mis ATT en ballotage. L’homme qui a dirigé l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pendant huit ans peut-il gagner ? Et que fera-t-il s’il gagne ? Dans cette interview, le candidat de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) répond aux questions de notre confrère Christophe Boisbouvier de RFI. Fort d’une longue expérience dans la gestion des affaires publiques au plus haut niveau, l’enfant de Niafunké souligne le fait qu’il a une longueur d’avance sur ses concurrents avant de dénoncer l’irruption de responsables religieux dans la sphère politique. Il s’insurge aussi contre toute tentative de fraude …

RFI : Soumaïla Cissé bonjour, vous avez condamné très fermement le putsch de l’an dernier. Est-ce que cela vous distingue de certains de vos adversaires ?

Soumaïla Cissé : Non, je crois qu’à l’époque il fallait prendre une position de principe très ferme. Chacun a ses opinions et je respecte l’opinion de chacun. Je ne fais de jugements de valeur sur aucun candidat.

Vous êtes toujours très courtois, vous n’aimez pas critiquer vos adversaires. Est-ce par prudence ou, comme le disent certains, par manque de caractère ou de conviction ?

Non, ce n’est pas une question de manque de caractère ou de conviction, ceux qui ont travaillé avec moi connaissent mes convictions très fortes, mais il faut savoir se respecter, faire un combat d’idées et non un combat d’insultes ou d’invectives et c’est ce qui me différencie peut-être de certains.

Tous les candidats promettent de se battre pour le développement du Mali, quelle est la différence avec Soumaïla Cissé?

Nous souhaitons tous nous battre pour le développement. Mais j’ai peut-être une longueur d’avance parce que j’ai déjà fait du développement. Pendant six ans, j’ai été ministre de l’Economie et des Finances, ministre de l’Equipement et des Transports et pendant près d’une dizaine d’années, j’ai eu à gérer, au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’économie de huit pays. Mais un bon développement se fait aussi avec une bonne gouvernance, il faut absolument lutter contre la corruption et il faut surtout un leadership affirmé pour prendre des mesures législatives, réglementaires, pour que chacun montre patte blanche.

Êtes-vous favorable, pour le Nord, à l’idée d’une autonomie de l’Azawad ou pas ?

Non, je ne suis pas du tout favorable à ça. Je crois que, pour moi, le Mali est un et indivisible et je suis du Nord et je sais ce que peut représenter ce terme-là. Et je crois que de ce côté-là, franchement, je suis intraitable, le pays doit rester uni.

La communauté internationale vient de débloquer 3 milliards d’euros pour le Mali, qu’est-ce qui vous fait penser que si vous êtes élu, vous gérerez mieux cet argent que d’autres?

Tout simplement parce que j’ai déjà eu à gérer un tel montant. Vous savez, j’ai fait une table ronde à l’UEMOA et le montant que j’ai obtenu était de 4 milliards d’euros. Je crois que j’ai déjà une longueur d’avance sur ce point là. Ce qu’il faut expliquer c’est que ces montants ne sont pas des billets de banque disposés à Koulouba au ministère des Finances. Il faut aller les chercher et il faut comprendre les procédures des différents bailleurs de fonds. Je pense que je serai un bon chef d’équipe pour savoir déloger ce montant et le mettre à profit, sinon il va rester longtemps dans les tiroirs de beaucoup de bailleurs de fonds.

Est-ce que ça veut dire que vos adversaires sont incompétents pour gérer cette manne ?

Non, je dis seulement que je suis plus compétent.

Le soutien du Haut conseil islamique à l’un de vos adversaires, IBK (Ibrahim Boubacar Kéïta), est-ce que ça ne vous inquiète pas pour votre campagne ?

Non, vous savez le même Conseil islamique a eu à soutenir, en 2002, un des candidats qui est arrivé, quand même, largement derrière moi. Ce qui est inquiétant, c’est l’irruption de la religion dans la politique. Chacun doit garder sa foi et chacun doit garder ses convictions pour le vote et c’est là où je dénonce cette irruption du Conseil islamique dans ces élections.

Malgré les casques bleus, malgré les observateurs, est-ce qu’il y a des risques de fraudes?

Oui bien sûr qu’il y a des risques de fraudes. J’entends par-ci, par-là, des fichiers parallèles, des cartes Nina supplémentaires – on parle de 1,9 million de cartes supplémentaires – qui sont gérées par des candidats. Je crois que ceci est absolument inacceptable et c’est quelque chose que nous avons dénoncée auprès de toutes les chancelleries. Nous n’acceptons pas que des cartes parallèles circulent, des cartes sans photos, pour lesquelles des gens bien connus sont en train de faire des cartes d’identité pour leur permettre de voter.

Et cette tentative de fraude serait pour quel candidat ?

Je crois que je n’ai pas besoin de dire de noms, voyez vers où tourne le vent. Ceux qui se disent candidat d’un tel ou un tel sont en même temps en train d’organiser la fraude et c’est absolument ignoble.

Source RFI

23 Juillet 2013.