Une chose est sûre, le président de la République, en envoyant son Premier ministre sur trois fronts différents : l’Ecole, l’Armée et le Sport, a voulu prendre du recul pour peut-être mieux sauter. Car, il était devenu un homme à tout faire; ATT était avant le 11 février dernier au four et au moulin.
En décidant d’envoyer son Premier ministre sur le terrain, il prend un risque car la cote de popularité de Pinochet peut augmenter. En effet, partout où il s’est rendu : Kayes le 11 Février, Sikasso le 18; Koulikoro le 19 et Ségou le 21, un accueil chaleureux lui a été réservé. Mieux, les médias qui l’accompagnent, surtout la télévision d’Etat, contribuent à créer son image à Ousmane Issoufi Maïga.
Si Pinochet a des ambitions politiques, au terme de sa visite dans les huit capitales régionales du pays il ne serait plus un inconnu au Mali. Risque-t-il de faire ombrage au président ? En tout cas sur le petit écran, il semble marquer des points. Mais il faut reconnaître que tout n’est pas rose.
LES FRASQUES DE PINOCHET
Le revers de la médaille pourrait arriver à Ousmane Issoufi Maïga. Lors de son passage à Sikasso le 18 Février dernier, il a fait mauvaise impression par ses propos déplacés, quand il a soutenu devant de vieilles personnes qu' »on se marie beaucoup, qu’on s’amuse beaucoup… », le Premier ministre pense que les Maliens ne travaillent pas.
Pense-t-il que le peuple malien est un peuple résigné ? Non, ce sont bien les mentalités qui commandent les comportements et déterminent la qualité de la réaction d’une société à un environnement hostile. C’est pourquoi certains échos en provenance de Sikasso font état du mécontentement des vieux de cette région en réaction aux propos tenus par le Premier ministre le 18 Février 2005.
A Koulikoro, le lendemain 19, Pinochet a fait régner la terreur sur le Méguétan quand il envoya des policiers, gendarmes et gardes chercher tour à tour dans la ville, le Directeur Régional du budget, celui de l’Agence BDM-SA et celui du Trésor afin qu’ils s’expliquent sur le retard accusé dans le paiement des enseignants contractuels de Koulikoro.
Chacun de ces responsables a juré la main sur le coeur qu’il a fait correctement son boulot… Devant le monde sportif, le 20 février dans la salle des spectacles du Stade Omnisports Modibo Kéïta, et à Ségou le 21, le Premier ministre s’est toujours montré plutôt rude face à ses interlocuteurs. Ce style est-il le bon ?
Daba Balla KEITA – 23 février 2005