C’est sans nul doute, à cause de la valeur intrinsèque de l’homme et de sa riche carrière professionnelle qui font un cas d’école, comme l’a si bien souligné le chef d’Etat-Major Général des armées, le Général de Brigade, Seydou Traoré, que la 29e promotion de l’école et de la sortie de la promotion spéciale de l’école militaire interarmes de Koulikoro a porté le nom du feu Général Cheick Oumar Diarra.
Ce choix est « le meilleur » selon le président de la République, le Général Amadou Toumani Touré, qui a présidé la cérémonie, le jeudi 2 août dernier à Koulikoro. Ils sont au total 38 officiers de 7 nationalités dont 2 du Burkina, 2 de la Côte d’ivoire, 1 du Gabon, 2 de la Guinée Conakry, 27 du Mali, 2 du Niger et 2 du Sénégal à composer cette promotion qui porte le nom du feu Général Cheick Oumar Diarra.
Tout en soulignant qu’il respecte beaucoup la mémoire de l’illustre disparu, ATT a appelé les jeunes officiers à « être à la hauteur de la mission du Général Cheick Oumar Diarra » qui fut un chef de guerre en peace maker, c’est-à-dire un bâtisseur de la paix, de « chef au sens élevé du devoir bien accompli » pour ainsi reprendre les propos du Général de Brigade Seydou Traoré.
Né le 30 janvier 1944 à Markala, la vieille cité ouvrière, dans la région de Ségou, Cheick Oumar Diarra a été nommé Sous-Lieutenant le 1er octobre 1969 et a gravi les échelons de la hiérarchie militaire jusqu’au grade de Général de Division qu’il a obtenu le 1er janvier 2000. Officier supérieur de l’armée, il l’a été grâce au sens élevé du devoir bien accompli qui a fait de lui un bâtisseur de la paix, « un chef de guerre en peace maker », comme disent les Anglais.
Après ses études primaires dans sa ville natale de 1951 à 1957, secondaires au Lycée Askia Mohamed de Bamako, de 1957 à 1962, « l’enfant de Markala » rentre ensuite à l’école aéronautique de Krivoy-Rog en URSS. Avant d’être incorporé dans l’Armée Malienne le 1er juillet 1965. Après des stages de perfectionnement et le peloton spécial, puis l’école militaire interarmes de Kati, d’où il sort Major de sa promotion en 1969 avec le brevet de chef de section, Cheick Diarra a été appelé à poursuivre un stage d’ingénierie en équipement radio électronique des aéronefs à l’école supérieure d’ingénieurs de l’aéronautique de Kiev, en ex-URSS où il obtient un diplôme d’ingénieur militaire avec mention exceptionnelle.
Sa carrière académique est assez riche : brevet d’études militaires supérieures de l’école supérieure de guerre interarmées de Paris en 1984 puis, il obtient à la même année le certificat de cours supérieur interarmées et celui de l’enseignement militaire supérieur de troisième degré à l’Institut des hautes études de défense nationale de Paris en 1990.
Il a assumé de multiples fonctions et responsabilités au sein de l’Armée dont le directeur de la Sûreté Nationale en 1987, directeur de cabinet du ministre de la défense, ministre des transports et des travaux publics en 1991.
Au plan international, il fut directeur de la police civile de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda de 1994 à 1996. Il a exercé la même mission en Centrafrique entre 1998 et 1999 après avoir servi comme Commandant du Contingent Malien au Libéria, en tant qu’Officier de liaison et Commandant de secteur électoral au compte de l’ECOMOG de 1996 à 1997.
Nommé envoyé spécial du Mali avec rang d’ambassadeur auprès de la CEDEAO en République de Sierre Leone en 2000, Cheick Diarra était le Secrétaire exécutif adjoint de la CEDEAO jusqu’au 22 octobre 2005 où la mort l’arracha brutalement à l’affection de tous.
L’enfant de Mamadou et de Fatoumata Sangaré a fait l’objet de plusieurs distinctions honorifiques. Il a obtenu la première médaille commémorative de campagne du Mali en 1976 puis celle de des Nations Unies en 1998-2000.
Il fut officier de l’Ordre national en 1981, médaillé de Maintien de la paix de l’ECOMOG en 1997, Croix de la Valeur militaire en 1999, Commandeur de l’Ordre du Mali en 2000, Officier de l’Ordre de la Légion d’Honneur de la République française en 2004. La dernière médaille qu’il a eu fut à titre posthume en 2005 est celle du Grand Officier de l’Ordre National.
Ainsi, peut-on dire, sans ambages, que l’héritage de « l’enfant de Markala » est assez lourd. Autant dire que la 29ème promotion de l’école militaire interarmes de Koulikoro qui porte son nom a pris une lourde responsabilité devant l’histoire.
Alassane DIARRA
06 août 2007.