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Si la Coupe d’Afrique des Nations de football, Mali 2002 a été un projet de développement, tel ne serait pas le cas du Sommet Afrique-France. En effet, Bamako est certes en train de prendre un autre visage, mais il ne s’agit pas d’un embellissement pas en profondeur.

Beaucoup de nos compatriotes regrettent que toutes les actions entreprises pour embellir la ville ne concernent que les endroits par lesquels passeront nos étrangers. Il s’agit généralement des principales artères comme le Boulevard de l’Indépendance, la route de l’aéroport, la rue qui part du Bar-Mali aux Vox, l’axe reliant l’hôtel Kempinski au Palais des Congrès…

A force de vouloir rendre belles ces artères, on va jusqu’à badigeonner les arbres, peindre le goudron. Comme si Bamako se préparait à vivre un évènement qu’elle n’avait jusqu’ici eu l’occasion d’abriter.

Cependant, tout porte à croire que l’arbre cache la forêt. En tout cas, il suffit de quitter ces artères principales et d’aller en profondeur de la ville pour se convaincre que Bamako reste sale.

La ville n’a rien à envier à un taudis. Malheureusement c’est ce qui risque d’intéresser certains de nos hôtes qui viendront chez-nous avec leur regard de touristes. Arriverait-on à les empêcher de faire des tours en ville pour s’imprégner de la réalité de Bamako ?

Dans tous les cas, pour donner une image à notre favorable capitale, nos autorités, à travers la commission d’organisation du sommet et la collaboration des mairies et autres structures concernées, multiplient les actes sur le terrain.

Aujourd’hui, la guerre est faite à tous ceux qui occupent les trottoirs des artères principales. Des fois les déguerpissements se déroulent dans des circonstances souvent déplorables.

Tel fut le cas, la semaine dernière sur la route de l’aéroport. Des éléments de la B.AB.A (Brigade d’Assainissement de Bamako) ont dû maltraiter un jeune qui résistait lorsque ordre lui avait été donné de dégager les trottoirs.

Quoi qu’il en soit, l’organisation du sommet Afrique-France pose problème à Bamako. Dans un pays pauvre comme le nôtre, beaucoup de nos compatriotes se débrouillent dans le secteur informel.

Mais à cause des préparatifs du sommet on leur demande de quitter les trottoirs des artères principales. Parce qu’il faut assainir Bamako.

Ce qui est sûr, les autorités doivent penser aux effets collatéraux, puisque certains de nos compatriotes constatent que leurs activités tournent au ralenti, eux qui sont obligés de changer de place pour exercer leur petit commerce. Mécontents de cette situation , ces Bamakois se demandent s’ils ne seraient pas les victimes d’une fête qui s’annonce.

Pourtant, au sommet de l’Etat, du moins dans l’administration, on murmure que tout ce qui est en rapport avec la tenue du sommet serait financé par la France.

C’est pourquoi des cadres semblent versés dans la surfacturation, afin de se faire la poche. Car c’est le moment ou jamais de gagner de l’argent puisqu’il n’est pas évident qu’une pareille occasion se présente dans l’immédiat.

C’est pourquoi sur chaque marché attribué, il faut prendre sa part, même si c’est au prix d’une surfacturatin, d’un racket. Alors bien malin celui qui pourra affirmer que l ‘après sommet Afrique-France ne causera pas des ennuis judiciaires à certains cadres maliens.

Oumar SIDIBE

21 novembre 2005.