Partager

Pour la circonstance, Bamako était devenue une ville en chantier. Les petits commerces ont déguerpis des trottoirs où le pavé remplace la poussière rouge ou la bitume défectueuse.

La ville est en train de se métamorphoser pour étaler un surprenant visage à l’image du Boulevard de l’indépendance qui traverse la vieille cité des « Trois Caïmans » du Sud au Nord.

Des hôtels sont en construction ou en rénovation pour élargir leur capacité d’accueil.
Les villas du Parc d’attraction de l’ACI 2000 se dressent fièrement pour rassurer les Bamakois et les visiteurs que tout sera fin prêt pour le jour J.

Les élus des 6 communes du district rivalisent dans l’assainissement de leur cadre de vie. La mairie du district a renforcé sa brigade pour la protection de l’environnement afin de veiller au grain. La ville de Bamako a revu son budget à la hausse pour embellir et assainir la capitale.

Les réalisations sont livrées au Comité national d’organisation les unes après les autres. Ainsi, La salle polyvalente pour la presse et le Centre international de conférence ont été livrés dimanche dernier.

Ils avaient suscité des inquiétudes un moment parce que beaucoup de gens pensaient qu’ils ne seraient pas terminés à temps. Mais, plus de souci de ce côté.

Ces infrastructures névralgiques dans l’organisation ont coûté 3, 850 milliards de F CFA. Le Centre international de presse va accueillir 500 journalistes.

Le pari de l’avenir !

En dehors des retombées socio-économiques et des enjeux politiques, ce sommet est un vrai pari sur l’avenir pour les organisateurs.

Le thème central du sommet, «jeunesse africaine, sa vitalité, sa créativité, ses aspirations», est assez évocateur à ce sujet.

On comprend alors aisément que la rencontre de Bamako, qui verra la participation de plusieurs dizaines de chefs d’Etats, ait été précédée d’un forum de la jeunesse africaine tenu à Bamako les 8 et 9 novembre 2005.

Il s’agissait de permettre aux jeunes africains de réfléchir sur les problèmes qui les préoccupent, de faire des propositions et des recommandations qui seront soumises aux chefs d’Etats lors du sommet.

Au cours de la cérémonie d’ouverture, un temps sera réservé au porte-parole des jeunes pour s’adresser aux chefs d’Etat. Ce qui est une innovation par rapport aux précédents Afrique-France.

Il est donc évident que les phénomènes migratoires et les migrations intra-africaines, l’emploi et la formation, la réinsertion des enfants-soldats et d’anciens rebelles, la pénétration des circuits économiques, la valorisation de l’art et de la culture du continent, le retour des compétences au pays ainsi que les menaces sanitaires et environnementales qui pèsent sur la jeunesse africaine vont occuper une place de choix dans l’agenda de ce 23è concertation entre l’Afrique et la France.

Celui-ci intervient quelques semaines seulement après le drame de Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles prises d’assaut par le flot de jeunes émigrants africains désoeuvrés qui ayant perdu la foi par rapport au développement de leurs pays.

Les Chefs d’Etats africains doivent profiter de la rencontre de Bamako pour exiger de Jacques Chirac d’user de son influence dans l’Union Européenne et du G8 pour trouver des solutions concrètes et pérennes aux problèmes de ces jeunes.

Il s’agit de créer les conditions du développement de l’Afrique en occupant les jeunes sur place. parce qu’il est évident que l’essor économique et social du continent ne gagne rien dans la fuite des cerveaux et des muscles vers d’autres cieux jugés plus «cléments».

Même si l’apport des émigrés est non négligeable dans l’économie du pays, c’est à travers des activités économiques sur place que les jeunes pourront réellement peser sur leur épanouissement socio-économique et celui de leur continent.

Ce sommet Afrique-France leur donne donc une grande opportunité de plaider leur cause devant leurs dirigeants, la France, l’Union européenne et les Nations-Unies.

Gageons seulement qu’ils ne seront plus écoutés par des oreilles distraites et indifférentes.

Moussa Bolly

29 novembre 2005.