A Morila c’est le plus grand secret de polichinelle. Après moult heurts avec leur employeur et le chef du personnel, les travailleurs en sont arrivés à des rapports antagoniques avec ce dernier selon des sources concordantes à Morila.
Les travailleurs accusent leur Chef d’aider la direction à mieux les exploiter. Les primes, les salaires, les documents tels que les contrats de travail, tout est remis en cause par les ouvriers de la Somadex.
Selon certains, le contrat qui les lie à la société ne garantit pas suffisamment leur sécurité sociale, nous dit-on à Morila. Le bras de fer à cet effet a conduit aux épreuves de force qui ont conduit les travailleurs à user de leur arme des plus redoutables : la grève illimitée.
Les choses se sont compliquées lorsque les travailleurs ont fait du départ de leur Chef du personnel une revendication non négociable. A ce dernier les ouvriers ont assigné une interdiction de séjour à Morila.
Puisqu’il souffre d’une absence totale de sécurité à la mine, le Chef du personnel Balla Diarra a élu domicile d’abord à Sanso, chef lieu de Commune. Puis dans le camp de la mine.
Aucune négociation n’a permi de concilier les vues entre les grévistes et la direction. Celle-ci a fini par radier purement et simplement 300 travailleurs au motif que la grève était sans motivation.
Le directeur général de la Somadex Jean Pierre Julien qui attendait les journalistes sur la question a produit un communiqué de presse qu’il a lu lors de la conférence de presse organisée par le Conseil d’Administration de la mine d’or de Morila, le 2 août.
Selon lui, la société Somadex connaît depuis le 6 juillet 2005, «un arrêt de travail prolongé sans fondement légal, d’une partie de son personnel et sa cohorte de lourdes conséquences qui se prolongent encore largement aujourd’hui (2 août).
Toutes les commissions de bons offices locales ou venues de Sikasso ou de Bamako ont échoué dans leurs tentatives de ramener certains personnels à reprendre le travail …
…Le 31 juillet 2005 à 12 heures, après constat et en accord avec la direction régionale du travail de Sikasso et l’ensemble des parties et autorités concernées, alors que le délai accordé de reprise du travail est dépassé depuis six jours (25 juillet), la société Somadex, dans son droit, a dû se résigner à publier une liste importante de personnel ayant abandonné son poste et qui est facto ipso, rayée de ses effectifs.» Telle est la version du directeur de la société.
Nous n’avons pu rentrer en contact avec les travailleurs licenciés. Selon le directeur régional de la géologie et des mines de Sikasso, Habib Diaw, la grève n’aura pas d’impact sur la production d’or de Morila dont les activités n’auraient pas été menacées.
Il y a suffisamment de minerais stockés en réserve pour permettre de continuer la production pendant au moins une année, nous certifie le directeur régional.
Mais pendant ce temps plus de 300 travailleurs sont jetés dans la rue à Morila. Faut-il laisser ce conflit social prendre une autre tournure ?
Boukary Daou
05 août 2005