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En l’absence de l’ambassadeur, le Collectif de solidarité avec le peuple de Guinée (CSPG), qui organisait samedi une marche de protestation contre la dérive autocratique du président Conté, s’est contenté de lire sa déclaration devant une chancellerie désespérément vide.

A travers sa marche samedi, du rond-point de Daoudabougou à la chancellerie de l’ambassade de Guinée à Magnambougou Faso Kanu, le Collectif de solidarité avec le peuple de Guinée (CSPG) entendait dénoncer « avec vigueur la dérive autocratique et totalitaire du régime du général Lansana Conté en République de Guinée-Conakry et aux crimes qu’il a perpétrés contre le peuple martyr de Guinée ».

La violence des slogans en disait long sur la colère des marcheurs aux premiers rangs desquels des leaders de l’Association démocratie et justice (ADJ), le Pr. Abdou Traoré dit Diop, Moustaph Soumaré, Mamoudou Sidibé, Nouhoum Ongoïba, président du CSPG…

« Abas Conté », « Conté au poteau ! », « Abas la dictature, démission Conté » ou encore « Vive le peuple frère de Guinée », scandaient-ils le long du trajet. Les manifestants, qui étaient devancés par un véhicule de police avec trois agents à bord, ont fait face à l’arrivée, non pas au personnel de l’ambassade, mais à un mur d’une vingtaine de policiers prêts à bondir sur « leurs proies ».

Deuxième surprise et non des moindres, l’ambassade était fermée à double tour. Pas même le gardien pour recevoir la déclaration du CSPG. Et pourtant, ils avaient été bien informés, selon les organisateurs de la marche. Ce qui n’a, d’ailleurs, pas empêché le président du Collectif Pr. Nouhoum Ongoïba de lire la teneur de sa déclaration devant le portail, sous le regard curieux des familles voisines et de quelques passants.

Condamnation de la répression brutale des autorités guinéennes, condoléances aux familles des 60 personnes assassinées le mois dernier en Guinée, poursuites judiciaires contre les responsables des carnages commis à Conakry, Zérékoré, Dabola et d’autres villes guinéennes ont été les maîtres mots de cette marche, premier acte d’une série visant, selon M. Ongoïba, à délivrer le peuple frère de Guinée des mains dictatoriales de Conté.

« Nous en appelons à l’opinion internationale et plus particulièrement à l’Union africaine pour qu’elle exerce toutes les pressions susceptibles d’obliger les autorités guinéennes à inscrire leur comportement dans les normes de la communauté internationale », a-t-il ajouté avant de conclure, « les peuples de Guinée et du Mali sont les mêmes. Nous ne pouvons pas rester indifférents face au massacre de nos frères. Nous continuerons cette lutte jusqu’à l’instauration d’un Etat de droit dans ce pays frère ».

Le CSPG a été mis en place à l’initiative de l’ADJ. Il est composé de démocrates maliens organisés au sein de mouvements associatifs et de partis politiques.

Sidiki Y. Dembélé

12 février 2007.