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Depuis une dizaine de jours, les contrats relatifs à la location des 6000 magasins de ce centre commercial moderne inauguré en 2002, s’arrachent comme des petits pains.

« Je parie que dans un mois, il n’y aura plus de place ici« , lance un commerçant de jouets venu chercher une place. Il n’a pas tort. En effet, même les alentours du marché sont déjà occupés par des vendeurs de pièces détachées et les réparateurs d’engins à deux roues qui y ont installé des kiosques.

« Je m’installe ici pour ne pas avoir à louer un magasin qui me coûtera très cher. Ici, je n’ai qu’à m’acquitter des taxes municipales« , confie Adama Traoré, mécanicien et commerçant de pièces d’occasion. Son voisin de l’auto-gare, Moussa est venu voir les lieux. Mais lui, comme d’autres, ne s’est pas encore décidé à quitter la gare.
Les vendeurs pièces de rechange pour voiture ont eu de la chance.

L’opérateur économique, Zoumana Traoré plus connu sous le pseudonyme de « San Zou« , leur a provisoirement cédé une parcelle d’environ un hectare située juste près des Halles. Depuis la semaine dernière, une centaine de commerçants ont pris d’assaut ce site dans l’espoir de décrocher une place (3 mètres sur 2) pour installer leurs hangars.

Quant aux marchands de poulets, ils se sont « e » tout le long du collecteur qui longe le centre. Les vendeuses de légumes ont installé leurs étals au rez-de-chaussée. D’autres ont investi l’étage. Les bouchers qui sont généralement les compagnons des vendeuses de légumes, sont tout près de celles-ci

Bras de fer inutile

Quant aux commerçants d’accessoires de téléphones portables et de voitures, on les retrouve un peu partout dans les couloirs du marché. Les restaurateurs se sont positionnés dans le centre du marché.

Adama Sidibé fait partie des nouveaux arrivants. Ce vendeur de DVD et de cassettes, souligne que mieux vaut prévenir que guérir. « J’ai préféré quitter l’auto-gare plutôt que d’être déguerpi« , confie-t-il. Un autre commerçant en train d’installer son kiosque juste à côté approuve : « Il est inutile d’engager un bras de fer avec les autorités, car nous serons toujours les perdants ».

Au cours d’une conférence de presse organisée le 4 septembre dernier par la mairie du district de Bamako, Youssouf Coulibaly, le 2è adjoint au maire, avait rappelé que la restructuration de la gare routière gare a commencé avec la démolition des chambres de passe et que la population avait saisi cette occasion pour demander de restructurer la gare. Il avait ensuite souligné que notre capitale ne pouvait rester en marge de la modernisation. Cet avis est partagé par les occupants des lieux. Mais ceux-ci, surtout les transporteurs, déplorent le fait de n’avoir pas été associés au projet.

Pour répliquer à la sortie médiatique du 2è adjoint au maire du District, le comité de pilotage de la gare organisait une assemblée générale trois jours plus tard. Au cours de ce rassemblement, le président de ce comité, Hamidou Coulibaly, assurait que les commerçants et les transporteurs ne quitteront pas la gare. « Il n’y aura rien le 15 septembre (date butoir fixée par la mairie aux occupants de la gare pour libérer les lieux : Ndlr). Personne ne va bouger dans les conditions actuelles », plastronnait-il. Il justifiait ce refus de quitter la gare par le fait que les conditions de rénovation de la gare ont été selon lui mal négociées.

Le mouvement actuel vers les Halles de Bamako laisse croire qu’il n’est pas parvenu à convaincre tous les occupants de la gare.
Du côté de l’Hôtel de ville, on évoque des raisons de sécurité et surtout de recettes pour expliquer la nécessité de moderniser la gare.

Selon Youssouf Coulibaly, le conseil municipal avait décelé de sérieuses lacunes dans la gestion de la gare. Et la difficile cohabitation entre les transporteurs et les commerçants n’était pas de nature à arranger la situation. A ces facteurs s’ajoutent la vétusté des équipements et les difficultés à recouvrer les taxes communales. Les recettes mensuelles de l’auto-gare atteignent à peine quatre millions de Fcfa. Ce qui ne reflète pas du tout la l’intensité des activités qui y sont menées.


Au cas par cas

Pour gérer le flux de commerçants vers les Halles, les agents de la mairie du District sont à pied d’œuvre. Mais pour le moment ceux-ci n’ont pas trouvé une stratégie bien élaborée à cet effet. Les commerçants se bousculent dans les bureaux de gérance de la mairie installés aux niveau des Halles, dans l’espoir de trouver un magasin ou tout au moins, un espace quelconque.

« Pour le moment, nous sommes au niveau du recensement des besoins avec l’aide d’un huissier, explique Bourama Diarra, le chef du bureau. Nous essayons d’installer les nouveaux venus au cas par cas. Après, la commission statuera sur les conditions d’occupation. Mais il faut déjà comprendre que ceux qui occupent les espaces non bâtis n’auront rien à payer« , assure Bourama Diarra indiquant que le centre a la capacité de contenir une bonne partie des occupants de la gare. La date limite fixée à ceux-ci pour libérer la gare est passée depuis 15 septembre. Mais les autorités municipales n’ont, pour le moment, rien entrepris pour faire partir les récalcitrants.

A. M. CISSÉ

24 Septembre 2008