Au Mali, les organisations de la société civile composées d’ONG ou d’associations poussent comme des champignons. A la date du 18 mars 2008, au ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, on comptait 18 720 associations. Chaque jour qui passe, on assiste à de nouvelles créations.
Parmi ces organisations, il y a celles qui sont instrumentalisées et celles qui se sont distinguées par leurs prises de position. Qui sont elles ? Dans la troisième partie, chapitre premier de son ouvrage intitulé <<l’Etat Démocratique Républicain : La problématique de sa construction au Mali>>, l’ex-Premier ministre Me Abdoulaye Sékou Sow s’est intéressé au rôle joué par certaines d’entre elles.
La société civile, fer de lance de la protection et de la promotion des droits et libertés
Le rôle de la société civile et les risques qu’elle encourt pour la défense et la promotion des droits et libertés sont bien connus dans tous les pays. Constatons simplement que comme les partis politiques au Mali, elle constitue “une nébuleuse” qui prétend couvrir la vie nationale (domaine politique, économique, social et culturel).
A la date du 18 mars 2008 on dénombrait au ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales 18 720 associations. Mais, chaque jour qui passe, les journaux d’annonces signalent de nouvelles créations.
Il y en a cependant un certain nombre qui se sont distinguées, à savoir
– l’Association malienne des droits de l’Holmme (AMDH),
– la ligue des droits de l’Homme,
– la Coordination des Associations et Organisations Féminines (CAFO),
– l’Association pour le Progrès et la Défense des droits des Femmes (APDF),
– la Coalition Malienne pour la Défense de l’Enfance (COMADE),
– Cri-2002 et sa Revue du Citoyen, connaître ses droits et ses devoirs, etc.
Il convient de noter que certaines associations ayant signé un Accord-Cadre avec l’Etat pour la réalisation de leur programme de développement portent le nom d’ONG.
Elles ne constituent donc pas de véritables sociétés civiles dans la mesure où elles apparaissent comme des instruments d’exécution de la politique du gouvernement. Une société civile, au sens classique, est définie par son indépendance, sa liberté de pensée et d’expression et sa qualité de force de propositions positives.
En vérité, les associations sont devenues des “fonds de commerce”, des faire-valoir qui permettent de se faire connaître et d’espérer avoir soit des places politiques ou administratives soit simplement un emploi.
Mais le plus grave, c’est la tendance à l’unification des associations au mépris de la nécessité de diversité des opinions et de leur expression. Cette unification contribuera à mettre la société civile sous tutelle ouverte ou déguisée du gouvernement. L’expérience a prouvé que les gouvernants sont toujours parvenus à instrumentaliser une partie importante de la société civile.
Il importe cependant de souligner le rôle tout particulier qu’a joué et que continue de jouer l’AMADH qui produit chaque année un Rapport sur l’Etat des lieux des droits de l’homme au Mali, tout en faisant de l’EID une tribune privilégiée et des droits de l’homme au Mali.
On reviendra sur ce point dans le Chapitre II qui, par delà l’affirmation des grands principes démocratiques et des droits de l’homme, pose la problématique de l’effectivité des droits et libertés dans notre pays. Car, en Afrique, souvent entre les principes et la pratique, il y a une marge qui apparaît comme une déviance.
Mais la presse dont on dit qu’elle est le quatrième pouvoir et le baromètre de la démocratie joue un rôle vital en matière de défense et de promotion des droits et libertés tout en s’exposant souvent aux sévices des pouvoirs en place.
Daba Balla KEITA
30 Octobre 2008