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C’est pour cette raison que certains observateurs de la scène politique nationale vont jusqu’à en déduire que le Mouvement démocratique est mort de sa belle mort. A ce sujet, on retient cette idée d’un chef de parti, exprimée au cours d’une interview qu’il a bien voulu nous accorder il y a quelques années: ”Le COPPO disparaîtra de la même manière que le Mouvement démocratique.” Comment peut-on interpréter une telle idée?

En s’exprimant ainsi, cet acteur politique faisait allusion à la baisse de la synergie des forces qui ont scéllé, à un moment donné du processus démocratique, des liens politiques, tendance qui, selon lui, devait se solder, en fin de compte par la rupture entre les composantes d’un groupe jadis homogène, ayant au départ des projets et ambitions communs. Tel fut le cas autant pour le COPPO que pour le Mouvement démocratique dont les éléments constitutifs existent à présent, mais n’ont plus la même philosophie politique, les mêmes ambitions pour le Mali, tant leurs priorités par rapport à la gestion des affaires publiques ne sont pas les mêmes.

DIFFICILES RETROUVAILLES

En raison de tous ces facteurs, il est illusoire de croire que ces partenaires d’hier pourront encore se retrouver pour développer des synergies positives, en particulier dans le cadre de la conquête, mais aussi de sa gestion. Chaque chose en son temps, dit l’adage. Cela sied bien au Mouvement démocratique, mais aussi au COPPO. D’ailleurs, on constate depuis quelques années que les partenaires d’hier sont nombreux aujourd’hui à être des adversaires farouches. Donc il est impossible pour eux de faire ensemble des projets communs.

En effet, la cohésion du Mouvement démocratique originel est fortement ébranlée. Après l’accomplissement de sa mission fondamentale, chacune de ses composantes a choisi sa voie. Et au fur et à mesure du processus démocratique les clivages se sont amplifiés entre les différents partis politiques membres du COPPO et du Mouvement démocratique. Les exemples sont en effet nombreux dans ce sens dans notre processus démocratique.

LA RECONSTITUTION DE L’ADEMA ORIGINEL

Cette idée a vu le jour un moment et suscité le débat sans parvenir à faire du chemin. Au-délà du COPPO et du Mouvement démocratique, elle est relative à la cohésion ébranlée d’un parti politique-l’Adéma, dont certains responsables ont souhaité reconstituer le puzzle. Cependant, force est de constater qu’en raison des résistances qui ont vu le jour, le projet est finalement tombé dans les oubliettes. On se rappelle par ailleurs qu’à la veille des élections générales de 2002, les acteurs politiques de sensibilités différentes ont tenté, à de faire ressusciter le Mouvement démocratique malien, d’inciter à des rapprochements entre les acteurs politiques qui ont été des compagnons de lutte, en particulier pendant les périodes de turbulances qui ont abouti à la victoire de la révolution de janvier à mars 1991. A ce sujet, des débats ont été organisés en plusieurs endroits, mais n’ont pas permis aux initiateurs d’arriver à leur fin.

QUELLE VIABILITE POUR LES REGROUPEMENTS POLITIQUES?

Depuis pratiquement l’expérience du COPPO dont les animateurs se sont battus pendant un bon moment comme de beaux diables, les composantes de la classe politique évoluent dans le sens des regroupements politiques: alliances politiques ou électorales. On ne peut affirmer qu’ils n’ont eu aucune satisfaction avec une telle méthode quand on sait qu’à présent, ils évoluent dans la même direction. Ainsi, si on continue à dire que le regroupement politique Espoir 2002 est mort, en raison des divergences de vues de ses membres, dans le contexte particulier du consensus politique, force est de constater que du côté de l’ARD, ce n’est pas encore le cas.

En effet, après une longue période d’hibernation de ce regroupement, ses membres reprennent du service et d’ailleurs la présidence de ce regroupement est présentement assurée par le président de l’UDD Me Hassane Barry. On retient que récemment, relativement à la signature par le gouvernement du Mali, ce regroupement a donné de la voix pour exprimer sa position et il semble qu’il soit déterminé à poursuivre les efforts ensemble dans la perspective des élections qui pointent à l’horizon.

En plus, l’ACC semble être le regroupement le plus constant dans son évolution. Par ailleurs, il est difficile d’affirmer que ces alliances électorales ont été toutes scéllées à partir des considérations d’appartenance au Mouvement démocratique; ce sont les convergences de vues au lendemain de l’ouverture démocratique qui ont présidé à ces liens. Concernant les alliances scéllées à la veille des élections générales de 2002, elles s’inscrivent dans la même dynamique.

Le processus démocratique malien est très dynamique et c’est cela qui amène les uns et les autres à envisager des alliances avec ceux qui, selon eux, semblent leur donner plus de chance de succès aux différentes compétitions électorales. Et effectivement, dans le cadre de tous ces regroupements, les parties prenantes ont, pour la plupart, obtenu des résultats satisfaisants lors des élections auxquelles elles ont pris part. Qu’à cela ne tienne, il est illusoire aujourdhui de vouloir ressusciter le Mouvement démocratique qui n’était, en fait qu’une union de circonstances. Déjà, avant même la fin de la lutte pour l’ouverture démocratique, il y a eu des divergences de vues et d’approches stratégiques qui ont fortement ébranlé la cohésion du Mouvement démocratique.

Ainsi, le processus démocratique même nous impose le dépassement du Mouvement démocratique, en tant qu’évolution positive susceptible de le consolider davantage.

Moussa SOW

28 juillet 2006