Malgré la conjoncture nationale et internationale, le taux de croissance attendu en 2004 était de 4,7 %. Ces prévisions étaient sans doute réalisables, si en plus des difficultés d’approvisionnement du pays en marchandises, d’autres facteurs n’étaient venus s’y greffer : troubles socio-économiques dans la sous-région, pluviométrie déficitaire, invasion de criquets pèlerins sans précédent.
La mauvaise pluviométrie et l’invasion acridienne ont entraîné une baisse de la production céréalière de 16,4 % et de celle du coton de 6,7 %.
La production céréalière a été de 2 millions 845.000 tonnes en 2004 contre 3 millions 402.000 en 2003. Le coton produit en 2004 était de 585.000 tonnes contre 621.000 tonnes en 2003.
L’année 2004 devenue celle de conjoncture, même l’or, le premier produit d’exportation du Mali n’a pas échappé à une baisse de sa production engendrant une moins-value de 3 milliards de F Cfa sur les recettes générées par le secteur minier.
La production de 44,6 tonnes en 2004 était en baisse de 18,3 % par rapport à celle de 2003. Les recettes générées sont de 44,7 milliards en 2004 contre 47,6 milliards en 2003.
La chute des cours mondiaux du coton, la flambée des prix du pétrole et les tensions socio-politiques dans la sous-région ont vite fait d’en ajouter à une situation déjà difficile.
La conjonction de tous ces facteurs a eu une conséquence désastreuse sur l’économie malienne qui s’est retrouvée en 2004 avec un taux de croissance de 2,0 %.
En conséquence tous les Maliens s’attendaient à une année extrêmement difficile, due principalement au déficit céréalier. En tout état de cause, grâce aux efforts déployés par le gouvernement de Ousmane Issoufi Maïga, on est en passe de se rassurer quand au dénouement d’une année de soudure.
La solution du gouvernement : actions de sauvetage Les équilibres macro-économiques ont pu être préservés malgré des actions de solidarité soutenues par le budget nationale.
En son temps face à l’invasion de criquets pèlerins, le dispositif mis en place par le gouvernement a permis de mobiliser 6,4 milliards de F Cfa dont 640 millions de contribution nationale.
Manifestant la solidarité envers les populations afin de juguler le déficit céréalier, le gouvernement a procédé à des distributions alimentaires de plus de 9.000 tonnes de mil-sorgho dans 83 communes en novembre 2004.
Une deuxième campagne de distributions gratuites de plus de 20.000 tonnes et la mise en place de banques de céréales pour 300 tonnes de riz a démarré le 9 mai 2005.
En outre le gouvernement a autorisé l’importation de 60.000 tonnes de riz et la mise en place de 15.000 tonnes d’aliments bétail tous exonérés de TVA.
Ces premières opérations ont coûté au budget national 1,4 milliard de F Cfa, et seront suivies d’autres, d’envergure nationale, courant juin et juillet.
Aux actions du sauvetage du gouvernement auprès des populations s’ajoute le maintien des prix du coton aux producteurs au niveau initialement fixé à 210 F Cfa, le kg alors qu’on assistait à une baisse des cours mondiaux.
Les revenus des 3 millions de producteurs maliens ont pu être préservés, coûtant 38 milliards de F Cfa au budget national.
Par ailleurs, le gouvernement a consenti à un manque à gagner pour les finances publiques de 6,1 milliard en 2004 afin d’atténuer la hausse des prix des hydrocarbures. Une subvention de 600 millions a été consenti au titre du gaz butane.
Concernant l’amélioration des salaires, en 2004, 2,6 milliards ont été consenti ainsi que le paiement des droits statutaires en matière de reclassement et d’avancement des fonctionnaires et agents de l’Etat.
Ces droits équivalent annuellement à 3,5 milliards de F Cfa. En outre, l’incidence financière annuelle de la valorisation des pensions des travailleurs affiliés à la Caisse des retraites du Mali, estimée à 5,8 milliards a été prise en charge en 2004 ainsi que les rappels.
Les subventions de l’Etat à la Caisse des retraites du Mali sont passées de 8 milliards de F Cfa en 2003 à 17 milliards en 2004.
En relation avec la baisse des tarifs des services d’eau, d’électricité et de communication, le niveau général des prix à la consommation a baissé :
– 3,1 % en 2004 contre – 1,3 % en 2003.
Boukary Daou
******************
Prévisions
Pour cette année 2005, l’horizon semble assez dégagé. L’inflation devrait être inférieur en 2005 à la norme de l’Uemoa qui est de 3 %.
Les prévisions sont prometteuses avec un taux de croissance de 6 %. Ce taux n’atteint pas certes, celui de 2003 (7,4 %), mais il dépasse de loin la prévision ratée de 2004 (4,7 %).
Cette croissance en 2005 sera soutenue par une production céréalière de 3 millions de tonnes ; 600.000 tonnes de coton graine ; 51,2 tonnes d’or.
C’est dire qu’un regain de l’activité économique est attendu à la faveur du retour de conditions climatiques favorables, la relance de la production d’or avec l’entrée en production de deux nouvelles mines d’or que sont Somilo à Loulo et Tamico à Tabakoto.
Le démarrage de certaines unités industrielles telles que Batex-ci, Eurolait-Mali, et la poursuite du programme de modernisation et d’extension du secteur des télécommunications, contribuent largement dans l’amélioration de notre économie.
En vue de réduire la vulnérabilité de notre économie, le gouvernement entend intensifier la mise en oeuvre des mesures macro-économiques et sectorielles.
Parmi ces actions, on note la réalisation des programmes hydro-agricoles et la modernisation de notre agriculture ; la poursuite du désenclavement intérieur et extérieur du pays, de la réduction des coûts des facteurs de production ; la disponibilité de services sociaux de base de qualité (santé, éducation, eau potable, logement décent, emploi) afin de répondre à la demande sociale latente.
B. Daou
27 juin 2005