L’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), dans son rapport 2008-2010, tire à boulets rouges sur la justice malienne. Des accusations qui ont pour noms dysfonctionnement de l’appareil judiciaire, corruption, laxisme et tutti quanti. Notre appareil judiciaire est devenu un cauchemar pour les citoyens lésés en quête de justice.
Le constat que fait l’AMDH, à travers son rapport, n’est que la pure traduction d’une réalité beaucoup plus sombre de notre système judiciaire. Lequel est en train de crouler sous le poids de la corruption et des pressions de diverses natures.
Ainsi, le rapport indique que certaines juridictions délivrent de faux jugements et de faux certificats de divorce. Comme exemple, l’AMDH a cité le cas d’un Malien résident en France qui s’est fait délivrer un faux certificat de divorce par un greffier du tribunal de première instance de Kati. Et ce moyennant le paiement de la somme de 100 000 FCFA.
Suite aux nombreuses plaintes et pressions de la société civile, d’autant plus que l’affaire fit beaucoup de bruit, le Procureur et le greffier en chef de cette juridiction ont décidé de suspendre ce véreux greffier pour seulement un certain temps. Comme par miracle, ce dernier a été muté à Ténenkou et promu.
Face à cette situation, l’on pourrait se demander si le mérite existe encore dans ce pays. Et malheur à ceux qui se jouent les honnêtes, ils seront écrabouillés par le rouleau compresseur de la corruption.
L’AMDH a porté une critique sévère sur le laxisme et le manque de déontologie et d’Ethique dans notre système judiciaire. Autant d’actes et d’agissements, à n’en pas douter, qui enfreignent aux droits humains au Mali.
De même, il y a lieu de noter des atteintes aux droits des personnes. Laquelle pratique permet aux magistrats de détenir les présumés sans aucun mandat d’arrêt.
A ce sujet, le rapport mentionne qu' »Il s’agit là de détention arbitraire, une mesure privative de liberté sans aucune base légale ».
Par ailleurs, l’Association déplore la non-efficacité de l’aide judiciaire gratuite pourtant prévue par la loi.
Nous le savons bien, une chose est de vouloir saisir la justice mais une autre est de pouvoir se payer les onéreux honoraires d’avocats si l’on ne peut bénéficier de la gratuité de cette aide judiciaire. C’est pourquoi d’ailleurs l’AMDH recommande plus d’indépendance et d’efficacité de la justice, garante des libertés publiques.
Mamadou Lamine DEMBELE
21 Décembre 2010.