Le groupe technique de sécurité, composé d’officiers des trois parties (l’Alliance du 23 mai pour le changement, l’Algérie et le gouvernement du Mali) siègera, le samedi 15 novembre, à Alger afin d’évaluer la situation sécuritaire dans la région de Kidal. Deux colonels algériens sont attendus aujourd’hui même à Bamako. Ils poursuivront leur chemin jusque dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas pour renforcer le groupe technique. Une fois que celui-ci aura terminé sa mission (quarante huit heures à soixante douze heures au maximum) les différents groupes armés de Kidal reviendront au bercail. Commencera alors, pour la énième fois, le processus de cantonnement, de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex-bandits armés dans leurs corps d’origine au sein de l’armée.
our la énième fois, le gouvernement du Mali s’apprête à accueillir, à bras ouverts, les bandits armés de Kidal qui ont blessé et tué leurs frères d’armes. Ils ont également posé des mines antipersonnel qui ont donné la mort à des innocents forains et pris en otage des dizaines de militaires maliens. Malgré ce lourd bilan, le gouvernement du Mali a tendu la main à ces criminels peu dignes de notre processus de démocratisation.
En effet, le président de la République, Amadou Toumani Touré, au lieu d’agir avec la force, a privilégié le dialogue, la concertation et la patience. C’est dans ce cadre que, le 4 juillet 2006, l’Accord dit d’Alger a été signé entre l’Alliance du 23 mai pour le changement, le gouvernement du Mali et le facilitateur algérien. Ce document, traduit en 18 actes, a même connu un début d’exécution satisfaisant : le forum de Kidal a retenu des projets structurants notamment la rénovation de l’aéroport de Gao, la construction de l’aéroport de Kidal, de la route Gao – Kidal, Menaka – Kidal, Ansongo – Menaka, la route de l’espoir Douentza – Tombouctou, Niono – Tombouctou, le barrage de Tossaye et, enfin, le bitumage de la route Gao – Bourem – Taoussa, Bourem – Kidal. Nombreux sont ces tronçons qui sont pris en compte dans le 10ème FED et la recherche de financement pour le reste continue.
De plus, l’Agence pour le Développement du Nord est depuis opérationnelle dans les trois régions du Nord dans lesquelles elle possède des points focaux. Ce programme, soutenu par le PNUD, permet de financer les projets de développement. Il y a un autre programme qui a déjà obtenu un financement de 1,130 milliard de FCFA.
Le voisin algérien a mis dans la cagnotte 500 millions de nos francs et les 630 millions restants ont été entièrement financés par le Mali. Ce n’est pas tout. Le Programme Intégré pour le Développement de la Région de Kidal (PIDRK) a été financé à concurrence de 11 milliards de FCFA. Le financement de l’ADER – Nord (Gao – Kidal) est déjà disponible mais l’insécurité créée par les bandits armés de Kidal entrave l’exécution de ce programme.
Malgré l’hostilité de l’opinion publique, le gouvernement a accepté la réintégration dans l’armée des officiers et sous-officiers qui avaient déserté les camps pour reprendre le maquis. Il a opté pour une «gestion avec discernement» des militaires. Avec, s’il vous plait, rappel des salaires et avancement normal dans les grades. S’y ajoutent la création d’unités spéciales et le recrutement de 400 agents.
Deux cents ont été recrutés en 2007 avec, à la clé, une formation commune de base et 2000 autres recrutés en 2008 termineiront bientôt leur formation. Il faut noter également la formation annoncée pour 2008 – 2009 grâce au soutien financier de l’Algérie. Elle concernera 200 personnes qui deviendront au terme de la formation de six mois des aides-infirmiers, des tôliers, des boulangers, et des spécialistes de la construction métallique. Malgré tous ces efforts abattus en un laps de temps, Ibrahim Ag Bahanga n’a rien trouvé de mieux que de dire «rien n’a été fait».
Ce berger de Tin-Essako, à la tête de quelques hommes a donc repris le maquis. Il sera soutenu dans ces propos et suivi par le colonel Hassane Ag Fagaga. Un à un, puis par petits groupes, des éléments réintégrés ont quitté l’armée. Certains n’ont pas manqué de retourner leurs fusils contre leurs frères d’armes. Comme ce fut le cas à Diabali. Dans cette atmosphère tendue, le Commandant Barka et son compagnon muezzin de son état, ont été trouvé morts dans la périphérie de Kidal. Le prétexte est tout trouvé pour les autres membres de l’Alliance du 23 mai pour le changement de rejoindre le maquis.
L’Algérie sera encore sollicitée par les deux parties pour une médiation. C’est ainsi que les 19 et 21 juillet, le ministre Kafougouna Koné, à la tête d’une forte délégation malienne s’est rendu à Alger. Il y est retourné pour une seconde fois les 28, 29 et 30 août. Au cours des négociations, les deux parties se sont mises d’accord sur le fait que le seul cadre de référence demeure l’Accord d’Alger. Les bandits armés n’ont rien trouvé à dire si ce n’est «la violation de l’Accord d’Alger» par le gouvernement du Mali. Une accusation que les émissaires du gouvernement ont rejeté en bloc, en prouvant que ce document est bien mis en œuvre, à l’exception de la réinsertion socio- économique.
Au finish, les bandits armés de Kidal ont décidé de regagner le bercail avec, cependant, une assurance : la préservation de leur sécurité et l’allègement du dispositif militaire. Le ministre Kafougouna Koné, de son côté, a posé comme préalable la libération des otages et le déminage du terrain. Un accord parfait a été trouvé sur ces points. C’est ainsi que nous avons vu la compagnie parachutiste envoyée à Kidal revenir à Bamako, le peloton BRDM de Kidal ramené à Gao.
De même, nous avons suivi la libération par séquence des otages. Depuis, le processus de paix devrait être accéléré mais le manque de confiance des uns et des autres a retardé l’opération. Cette fois-ci, celle-ci semble être bien partie. Un chronogramme a été arrêté. En effet, dès ce samedi 15 novembre, le groupe technique de sécurité se réunira à Kidal. A la suite de cette rencontre, il y aura le cantonnement, le désarmement et la démobilisation.
Espérons que cette opération soit un succès total pour renforcer l’unité et la cohésion du pays et booster le développement de tout le Mali qui regorge d’énormes potentialités dans son sous-sol notamment l’uranium de Kidal, le pétrole de Tombouctou, le manganèse et l’or d’Ansongo, le phosphate de Bourem.
Ces ressources naturelles ne pourront jamais être exploitées sans paix. Comme on l’a toujours dit, sans paix pas de développement. Il est grand temps que les bandits armés de Kidal puissent, aujourd’hui plus qu’hier, le comprendre pour le bonheur des masses laborieuses de la région de Kidal et du Mali tout entier.
Chahana TAKIOU
11 Novembre 2008