Dès leur arrivée dans la capitale, ils ont été conduits directement dans les locaux de la protection civile. Ils étaient accompagnés pour la circonstance du président du Conseil des Maliens de Togo, Baba Mohamed Nimaga qui a fait le voyage avec eux, du 1er vice-président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, Salim Doucouré ainsi que du ministre des Maliens de l’extérieur, Oumar Hamadoun Dicko.
Après les premières formalités d’usage, tous les 14 maliens ont regagné saints et saufs leur domicile. Ce rapatriement de 14 de nos compatriotes fait suite à la chasse aux étrangers déclenchée à Lomé après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 24 avril dernier qui a donné vainqueur le candidat du RPT, Faure Gnassingbé. Lors de ces événements douloureux, huit maliens ont été égorgés avant d’être brûlés. Les autorités de Bamako, après avoir dénoncé ces actes odieux ont exigé l’ouverture d’une enquête, afin de faire la lumière sur cette affaire qui n’honore point le Togo. Parallèlement à cette initiative, le président de la République, Amadou Toumani Touré a dépêché le ministre de l’Industrie et du Commerce, Choguel Maïga auprès des Maliens résidant au Togo non seulement pour les soutenir mais préparer le rapatriement de ceux qui le désirent.
Pour faire face à ces opérations de rapatriement, le président ATT a remis au ministre la somme de un million de F Cfa indiquent nos sources. C’est fort de ce soutien financier que l’ambassadeur du Mali au Ghana, Ben Labath et le président du Conseil des Maliens du Togo se sont investis pendant plus d’une vingtaine de jours pour retrouver les Maliens résidant à Lomé. Finalement, ce sont trois familles maliennes seulement qui ont accepté de revenir au bercail. Il s’agit des membres de la famille Sangaré (Mme Sangaré Ami Coulibay, Fatoumata Sangaré, Moussa Sangaré et Mohamed Sangaré) ; de la famille Kéïta parmi laquelle se trouve une petite fille de 14 ans, Mariam Kéïta victime d’un viol. Elle est accompagnée de sa mère Mme Kéïta Assé Diawara. Il y a en outre Mariam dite bébé, Toumani Kéïta et Idrissa Diawara. Pour la famille Diakité (Mme Diakité Mama, un petit enfant de 4 ans, Oumar Diakité) et enfin une femme Burkinabé, Béatrice Tarot, cuisinière du marabout qui a été sauvagement assassiné le jour des casses à Lomé.
Il est important de souligner aussi que parmi les rescapés qui sont revenus au bercail se trouve le principal témoin des actes d’assassinat perpétrés sur les Maliens à Lomé, Mohamed Moussa Mariko. La présence de ce dernier à Bamako intrigue beaucoup d’autant plus que dans l’enquête ouverte pour faire toute la lumière sur l’identité des assassins des Maliens, le mobile qui les animait et les conditions dans lesquelles les Maliens ont été assassinés, Mohamed Moussa Mariko devait servir de témoin à charge. En le faisant venir à Bamako, les autorités maliennes veulent-elles faire l’impasse sur cette affaire afin de préserver les bonnes relations avec le Togo ?
La question mérite réflexion. Ce qui est sûr, à Bamako, des dispositions sont en train d’être prises au niveau du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur pour apporter une aide financière conséquente à ces Maliens désemparés. Une cérémonie officielle sera organisée dans les jours à venir à leur honneur, indique-t-on.
Birama Fall
10 mai 2005