Chez nous, le sexe faible reste encore et avant tout maîtresse de maison et femme au foyer. La preuve en a été donnée l’autre jour par les députés de Bagadadji qui ont crié haro sur les femmes comme on crie haro sur un baudet dont le péché mignon est toujours récompensé par une bastonnade.
C’est la preuve encore une fois qu’on ne change pas une société à coup de décret.
La faveur que le gouvernement a voulu accorder aux femmes de façon démagogique a été battue en brèche par les députés parce que tout simplement la politique des quotas est anti-démocratique.
Ainsi pour l’heure, en plus de rester mères et épouses au foyer, elles seront confinées au rôle d’électrices à qui on offre des pagnes, des T-shirts, du thé, du sucre, du savon et même des espèces sonnantes et trébuchantes pour paraphraser un député.
La vie mondaine, elles aiment ça aussi, nos femmes, qui passent tout leur temps dans les exhibitions publiques comme les concerts, les mariages, les baptêmes, rivalisant de vanité pour offrir des cadeaux à la griotte du jour, ruinant leur pauvre mec qui se démène comme un beau diable pour subvenir aux besoins de la famille.
Ce n’est pas de cette façon que les femmes maliennes vont enjamber les siècles. Pour se faire une place au soleil, a dit le professeur Ali Nouhoum Diallo, elles doivent d’abord se battre courageusement pour ensuite amener les hommes à les encourager.
Dans toute l’histoire de l’humanité, on n’a jamais vu quelqu’un offrir la liberté à un esclave sur un plateau d’argent.
La liberté s’arrache toujours au prix fort, souvent au prix du sang. Des héroïnes du jour comme Mme Kéïta Rokiatou N’Diaye et Mme Sy Kadiatou Sow n’ont jamais dormi sur leurs lauriers.
La première, grâce à son mérite et sa combativité, est aujourd’hui présidente du mouvement des femmes du RPM.
La seconde, qui est d’une rare audace, a bravé les chars de la soldatesque moussaïste au temps fort de la révolution de mars 1991.
Mme Sy Kadiatou Sow fut en outre gouverneur du district de Bamako, ministre et secrétaire générale adjointe de l’Adema avant de prendre sa retraite de la vie publique.
Personne n’a fait Mme Helen Sirleaf Johnson au Libéria, la première femme devenue présidente d’un Etat africain.
La liste est loin d’être exhaustive qui prouve que personne ne viendra faire les Maliennes à leur place. Et la meilleure manière de faire, ce n’est pas de prendre le parlement en otage pour obtenir des noms sur les listes électorales.
Echec et mâte, nos députés n’aiment pas la mendicité, surtout provenant de leurs tendres moitiés ni même la concurrence de la gent féminine. Ils ont tenu à le faire savoir en repoussant les prétentions des femmes leaders et en les invitant à descendre, comme eux, dans l’arène.
Car il n’y a pas de quartier dans une élection, seuls le mérite, la combativité et la compétence comptent. Aussi pour la CAFO, l’APDF et autres, la pêche aux candidatures ne fut pas miraculeuse, la déception pour ne pas dire l’humiliation était au bout des pancartes.
Leur porte-parole, Mme Oulématou Tamboura, mettra du temps avant de se remettre de cette cuisante défaite. Même leur parrain, le pauvre Kafougouna Koné, vu la tournure prise par les événements, a été obligé de tourner casaque.
Et pour les femmes c’est une leçon à méditer. Ce que femme veut, Dieu le veut ? Pas si sûr.
Mamadou Lamine DOUMBIA
17 août 2006.