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Que dire de la création d’un conseil régional provisoire de coordination et de suivi devant servir de gouvernement pour Kidal comme si nous étions dans une République fédérale. Une disposition qui jure avec les textes de la décentralisation. Bref, Kidal a gagné la bataille de son développement par la force. Une voie qui semble porteuse auprès du pouvoir actuel.

Après la signature des Accords de la reddition à Alger le 4 juillet dernier par le ministre – Général, Kafougouna Koné, les médias nationaux et étrangers s’étaient préparés à une conférence de presse. Il n’en fut rien et votre quotidien préféré a même demandé un entretien avec le négociateur en chef. En vain. Mais, sans grande surprise, pour les observateurs avertis, la presse d’Etat en l’occurrence l’ORTM a été mise à contribution pour réaliser une interview exclusive de complaisance. Elle a été diffusée dans la soirée du vendredi 7 juillet sur le petit écran.

D’entrée de jeu, le Général Kafougouna Koné s’est réjoui du fait que dans le préambule des accords d’Alger, l’unité nationale et l’intégrité du territoire ont été préservées, selon ses propres terme.

Ensuite, il a déclaré que l’Armée nationale a pour mission la défense de l’intégrité du territoire et qu’elle ne quittera pas Kidal, mais les casernes de cette ville seront “délocalisées”. C’est une stratégie militaire, a-t-il soutenu.

Défendu avec acharnement par le ministre en charge de l’Administration territoriale, le texte d’Alger prévoit un fonds de réinsertion pour les ex-combattants et les jeunes de Kidal, la mise en place d’un conseil régional provisoire de coordination et de suivi, la création en dehors des zones urbaines de Kidal “d’unités spéciales de sécurité, rattachées au commandement de la zone militaire et composées essentiellement d’éléments issus des régions nomades“. De plus, le ministre Kafougouna estime tout à fait normal que les déserteurs et mutins du 23 mai réintègrent l’armée sans aucune forme de procès. Avec comme avantages la régularisation de leurs situations financières et leur participation aux opérations de maintien de la paix.

Enfin, il y aura l’organisation du forum sur le développement de Kidal dans un délai de trois mois. D’autres bonnes intentions permettant de relancer le développement de Kidal ont également été annoncées dans les Accords d’Alger.

Voilà grosso modo, ce que l’émissaire d’ATT a ingurgité de la part de l’Alliance Démocratique du 23 mai 2006 pour le Changement. Et il a voulu partager ces mesures iniques avec les téléspectateurs, en jouant sur leurs fibres patriotiques, en se transformant en apôtre de la paix : “éviter la guerre inutile, c’est le Mali qui a gagné. Quand on déclenche une guerre, on ne sait pas quand elle va prendre fin. Elle est coûteuse, sans compter les effets collatéraux. Quelle que soit l’issue d’une guerre, elle se termine toujours par une négociation. Maintenant, il faut évaluer le Pacte National et gérer le dossier par la raison et non le cœur“.

En fait, les explications de Kafougouna Koné n’ont convaincu personne. Général de son état, ayant une très grande réputation dans le métier des armes pour s’être illustré lors de la dernière guerre Mali-Burkina, il a tourné casaque en cautionnant l’humiliation des Forces Armées et de Sécurité, présentées aux yeux de l’opinion publique comme une armée incapable de défendre l’intégrité territoriale.

En effet, une partie du pays était occupée depuis le 23 mai, l’armée nationale n’a pas réagi pour accomplir sa mission première de défense du territoire.
Malgré l’arsenal militaire déployé à Kidal pour déloger Fagaga et ses hommes de Tégargaret. D’où les nombreuses supputations sur cette armée, qualifiée de bureaucratique, mal équipée et mal nourrie.

Kafougouna n’a pas convaincu, non pas parce qu’il a fui la guerre, mais parce qu’il a accepté des choses injustes qui jurent à la fois avec le Pacte National et les textes fondateurs de la décentralisation.
D’abord, l’organisation du forum de Kidal pour mobiliser des fonds d’investissements en faveur exclusivement de cette région n’a jamais été prévue dans le Pacte National.
Ce document de référence parle des régions du Nord. C’est dans ce cadre que la table ronde de Tombouctou avait eu lieu pour collecter des sous au bénéfice de l’ensemble des trois régions du Nord.

Ensuite, il y a la création du Conseil régional provisoire de coordination et de suivi, une espèce de gouvernement local comme si nous vivions dans une République fédérale. Ce conseil n’existe nulle part dans les textes régissant la décentralisation au Mali.

Autre injustice acceptée par Kafougouna Koné, en cette période où le chômage frappe de plein fouet tous les jeunes du Mali notamment ceux du Nord, il est inacceptable qu’on “renforce la participation effective des cadres issus de la région de Kidal dans les différents rouages de l’Etat conformément à l’esprit d’équité prôné par le Pacte National” (chapitre III, point 6 des Accords d’Alger). C’est dire qu’il y aura une nouvelle intégration des seuls Kidalois dans tous les corps de la fonction publique. Encore une fois, le Pacte National n’est pas la propriété exclusive des gens de Kidal.

Si la référence demeure ce document, légalement Tombouctou et Gao devraient être concernées.
Que dire de ces fameuses unités spéciales de sécurité qui seront composées d’éléments issus des régions nomades ?
C’est grave de régionaliser ou d’ethniciser une unité spéciale de sécurité au sein d’une armée dite républicaine. D’ailleurs qui crée l’insécurité dans cette zone désertique ?

En tout cas, Kidal s’est battue pour elle-même avec des moyens peu démocratiques, les armes. Elle a remporté la bataille de son développement – pour lequel nous sommes favorables – par la force.

C’est la manière que nous condamnons. Mais, le pouvoir actuel donne à penser qu’il ne s’occupera pas de Tombouctou, Gao et des autres régions s’ils n’usent pas des mêmes procédés. C’est cette injustice, cette peur à assumer l’autorité de l’Etat qui pourraient réserver des lendemains incertains à la République, à l’unité nationale et surtout à la paix tant enviée.

A suivre…/Chahana TAKIOU


«Les Accords d’Alger ne sont ni la Bible, ni le Coran»
C’est avec une profonde amertume que nous avons appris, par un article paru dans le journal L’Indépendant, la signature de soit-disant «accords d’Alger» entre le gouvernement malien et la clique des mutins du 23 mai 2006.
Que les uns et les autres comprennent bien que le Mali n’est pas la propriété d’un Gouvernement ou d’un groupe de gens qui sont là pour tout simplement des intérêts personnels et non ceux du peuple.
Ce que j’exprime ici n’engage que moi seul. C’est mon intime conviction. Les accords signés ne représentent ni la Bible, ni le Coran. Il est grand temps et après tout ce qui s’est passé de l’indépendance à nos jours que l’Etat cesse de faire des mystères autour des problèmes de bornage du territoire ou des accords relatifs au territoire malien.
L’empire du Mali s’étendait de l’Adrar des Iforas à l’Océan Atlantique à l’ouest, des côtes mauritaniennes au Lac Tchad en passant par le Golfe de Guinée.
La France, qui a colonisé ce qui restait de ce vaste territoire, l’a morcelé pour des raisons d’ordre stratégique, politique, économique ou administratif.
Il est grand temps que l’Assemblée Nationale prenne ses responsabilités. En refusant la ratification des soit-disant «accords d’Alger» que les patriotes maliens ignorent et rejettent en bloc. On peut douter de l’honnêteté intellectuelle, du patriotisme et la moralité des gens qui représentaient le Mali à Alger. On peut se poser aussi la question de savoir s’ils ont réellement reçu des instructions du président de la République, le Général ATT. Si tel était le cas, cela signifierait que celui-là même, garant constitutionnel de l’intégrité du territoire et de la préservation de la souveraineté nationale, a failli à sa charge.

Le peuple malien a besoin que toute la lumière lui soit faite sur ces prétendus accords signés à Alger. La gestion du problème du nord, depuis Alpha Oumar Konaré, IBK et son gouvernement jusqu’à ATT, qui assure aujourd’hui la continuité des actions entreprises par Alpha, est une gestion à deux vitesses. Exemple : Tous les enfants maliens doivent avoir le même droit à l’éducation et à l’emploi. A notre grande surprise, les rebelles et leurs enfants sont recrutés à la fonction publique sans concours. Nous sommes là, nous les Maliens, nous assistons à ces pratiques honteuses et révoltantes et personne ne bronche, se contentant de marmonner des phrases de démissionnaire telles que “Fanga-Mana Minké”. Ce «Fanga» (pouvoir) est venu d’où ?

Ceux qui l’exercent sont tous issus de notre société malienne et n’y a pas un extra terrestre parmi eux. En conclusion, l’intégrité du territoire national ne se négocie pas !

Un Etat fort est un Etat qui a une armée forte, avec un budget conséquent alors qu’à mon avis, l’armée malienne est mal équipée en moyens de transport et moyens de transmission relativement à l’étendue du territoire.
D’autre part, il est grand temps de démilitariser Bamako au profit de Mopti-Sévaré, Gao et Kidal où l’on a besoin d’elle. Avec la démocratie, nous n’avons pas besoin de militaires à Bamako. Une police renforcée et une gendarmerie suffisent largement pour la capitale. Donnez les moyens à notre armée pour la défense du territoire, ce qui constitue leur mission principale.

Qu’on ne nous parle surtout pas de manque de ressources financières puisque le gouvernement semble en avoir assez pour doter Kidal d’un Fonds Spécial d’investissement et un Fonds de réinsertion socio-économique pour les jeunes et les cadres de cette région.

Il est temps de remettre la pendule à l’heure, car le peuple malien a beaucoup compris le jeu de ses dirigeants.

Prince Kalifa Diakité

Petit-fils du Fondateur de la ville de Kayes et Kayes-Ndiv Saga Diguidian Diakité

10 JUILLET 2006