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Moins d’une semaine seulement après avoir manifesté sa crainte devant le président de la République quant aux subtiles campagnes de décrédibilisation de son bureau, aux contre-expertises de ses rapports, à l’interprétation que font certaines structures vérifiées de la notion du principe du contradictoire, le Vérificateur général Sidi Sossoh Diarra est revenu à la charge hier encore contre ses détracteurs.

Devant les nombreux journalistes de la presse nationale et internationale conviés pour la présentation de son rapport annuel 2007, le 3e de son mandat, Sidi Sossoh Diarra dira «on fait des jaloux. Le contraire serait étonnant». Selon lui, cela s’explique par le fait que le bureau du Vérificateur général est la plus jeune des structures de contrôle (trois ans d’existence) et qu’aujourd’hui plus de 100 personnes y travaillent.

En trois ans, fera savoir le Vérificateur général, «nous avons fait circuler un vent nouveau sur le domaine du contrôle. Certains trouvent même que nous sommes très médiatisés». C’est là où se situe le problème de la collaboration et de la cohabitation avec les différentes structures de contrôle, indique-t-il.

De l’avis de Sidi Sossoh Diarra, les gens qui ont multiplié son rapport par zéro en ont eu pour leur compte.

En effet, révéla-t-il, il ressort d’une enquête réalisée par un service indépendant du bureau du Vérificateur général, enquête demandée par la primature «que les recommandations formulées par le bureau, ont été mises en œuvre à plus de 80 % par les structures vérifiées». Ce qui démontre clairement que le taux des recommandations du bureau du Vérificateur général jugées inapplicables par les structures vérifiées n‘atteint pas 5 %, ce qui prouve le caractère réaliste des recommandations.

De cette même enquête, il ressort que, sur un montant total de 31 milliards de F Cfa, dont a été saisi le procureur en charge du pôle économique pour 2006, plus de 21 milliards de F Cfa avaient été régularisés ou justifiés avant juin 2008.

Ce qui montre aussi l’utilité maintes fois questionnée du bureau qui, pour certains, ne produit pas de résultats à la hauteur de ses moyens. A ces derniers, le Vérificateur général tiendra tout simplement à dire qu’«il faut laisser les faits parler d’eux-mêmes».

Parlant des articles de presse qui sont commandités tout le temps contre lui et qui visent à le pousser à démissionner avant la fin de son mandat, Sidi Sossoh Diarra estime que «ces procédés sont orduriers». Avant de dire clairement que «si dans une façon où autre, je ne peux pas accomplir mon mandat, j’arrête».

Quant à l’écart important qui existe entre les 103 milliards sorties des vérifications financières de l’année 2006 et les 20 milliards de celles de 2007, soit une année après, Sidi Sossoh Diarra met cette baisse importante sur le compte des vérifications de performance qui constituent à n’en pas douter l’innovation et la particularité de ce rapport annuel 2007.

Cette année en effet, le bureau a mis l’accent sur les vérifications de performance qui sont au nombre de 14 en 2007, contre 4 seulement en 2006.

Par ailleurs, dira le Vérificateur général, les structures qui ont fait l’objet de vérifications financières en 2006 disposaient de budgets importants. C’est ce qui explique en partie les déperditions financières constatées soit par fraude ou par détournement (103 milliards de F Cfa). Mais, selon lui, cette année, les vérifications de performance ont pris le pas. Ces vérifications de performances, expliqua-t-il ne génèrent pas, l’optique n’est pas de dénicher des manques à gagner.

Selon Sidi Sossoh Diarra «il ne peut pas avoir de relation d’ordre entre ces montants. Ce n’est pas comparable, ce n’est pas mesurable. Mais ça pourrait traduire une baisse de la corruption».

Pour preuve, il fera savoir qu’au niveau des services des impôts et des douanes «le changement de réflexe est palpable. Ces choses sont en train de bouger».

Et d’ajouter ensuite que le fait que le bureau du Vérificateur général puisse intervenir dans n’importe quelle structure est en train d’induire un changement de comportement au sein de l’administration générale.
Abordant la question épineuse des logements sociaux, le Vérificateur général fera savoir que «les faits vont à l’encontre de ce que les gens pensent».

Il expliqua qu’ils ont fait une vérification sur la situation et la gestion des logements sociaux, on a fait un rapport sans complaisance. «Je ne sais pas ce qu’on nous reproche. Le rapport annuel est une synthèse. Sur quel point on a dévié». S’interrogea-t-il.

En attendant impatiemment la réponse à cette question, il tient cependant à préciser que «je ne suis pas prêt à être instrumentalisé par qui que ce soit. Je ne suis pas instrumentalisable par le pouvoir, ni par l’opposition encore moins par qui que ce soit. Je suis factuel».

Quant aux rapports entre le bureau du Vérificateur général et le Pôle économique, Sidi Sossoh Diarra fera savoir qu’il y a «des différences de vision et des divergences d’interprétation sur le contenu du rapport c’est-à-dire ce que son bureau doit fournir comme éléments de preuve dans son rapport».

A part ça, dira-t-il, il n’y a pas spécialement de tension entre le Pôle économique et nous. «La qualification et le traitement de la plainte est exclusivement de son domaine. Si au cours de son instruction, il a besoin du bureau pour des aspects techniques, il nous fait appel» tiendra-t-il à préciser.

Parlant enfin de la thèse selon laquelle les rapports du Vérificateur général constituent une mauvaise publicité pour l’image du pays, Sidi Sossoh Diarra se veut on ne peut plus rassurant.

Selon lui, «les gens doivent sortir de l’argument selon lequel les rapports du bureau font de la mauvaise publicité pour le Mali». Faux, rétorqua-t-il, le bureau a une image très positive à l’extérieur.

En effet, ajouta le Vérificateur général «ce ne sont pas nos rapports qui vont faire changer la politique d’aide au développement». Au Mali, on a fait un pas de plus. Globalement, fera-t-il savoir, le bilan est que le bureau contribue de façon très positive à l’image du Mali à l’extérieur.

«Ce qui ne va pas, on est créé et on est payé pour ça, on va le dire» précisa t-il avec détermination.

C’est d’ailleurs le cas des mesures d’exonérations qui sont présentement accordées à tour de bras. Selon le Vérificateur général «les exonérations doivent être accordées de façon rationnelle et à des opérateurs économiques qui sont fiables. Ce qui n’a pas été fait ces temps-ci».

L’octroi des exonérations et la gestion des exonérations, dira-t-il, est une faiblesse majeure qui n’a pas été conduite de manière efficace.


Birama Fall

06 Aout 2008