Selon les médecins ou les organismes de lutte contre le VIH/Sida, le Sida est une réalité dans le monde. Le Mali ne fait pas exception à cette réalité . En 20 ans, il y a eu plus de 20 millions de cas de decès dans le monde à cause du virus du Sida, disent-ils. Au Mali, on enregistre aujourd’hui plus de 170.000 de malades vivant avec le SIDA. Le nombre de malades sous traitement ARV( anti rétro-viraux) est estimé à plus de 6500. Le District de Bamako est le plus touché disent les spécialistes. Des statistiques disponibles à la CESAC et tout autre organisme s’impliquant dans la lutte contre le Sida pour toute personne intéressée.
Seulement, des statistiques ou autres témoignages sur le Sida, certaines personnes n’ont que faire, préférant s’abriter derrière l’ignorance. Pour des analphabètes, cela pourrait se comprendre. Mais il y a beaucoup parmi les « intellectuels » qui ne croient pas à l’existence de cette maladie, qui tue pourtant chaque jour des millions de personnes à travers le monde.
Amadou est un jeune diplômé, sortant de l’ENA qui avoue avoir du mal à croire à cette existence du Sida. « Je n’ai jamais vu un malade du Sida« . Les témoignages à la télé sont des montages, selon ce jeune diplômé. Amadou n’est pas le seul à penser ainsi. Il y a même des chefs de famille qui pensent que si la maladie existait, la moitié des Maliens serait aujourd’hui déjà morte tant le phénomène du « sexe sans contrôle » est une réalité dans notre société.
Pour certains jeunes, qui prennent la chose avec un brin d’humour, le SIDA est un « syndrome inventé pour décourager les amoureux ». « Le meilleur plaisir dans un rapport sexuel c’est sans capote« , confie un jeune garçon d’une vingtaine d’années environ qui partage le même avis que sa copine, tous deux des universitaires.
« Sexe avec insouciance n’est que ruine de l’âme » pourrait-on dire en pareille circonstance. Cette ignorance du danger (VIH/SIDA) à l’heure où les spots publicitaires sur la maladie occupent le devant des télévisions et Radios est totalement injustifiée. Refus de croire ou simple insouciance? Allez-y savoir.
Le phénomène du VIH/SIDA est pourtant réel au Mali où des victimes acceptent aujourd’hui de faire des témoignages à visage découvert ; où des associations de personnes vivant avec le VIH/SIDA se forment pour combattre le fléau ; où des organisations ou organismes nationaux ou internationaux se mobilisent contre le mal…
Par ailleurs, s’il y a des personnes qui croient fort à l’existence de la maladie, elles trouvent par contre honteux d’aller à une pharmacie ou ailleurs acheter le « condom protector » dénommé également « capote ».
« J’ai honte d’aller acheter une capote » confie un jeune rural. « Dès fois j’en demande à mes amis ou ils m’en donnent. A défaut, je suis obligé de faire parfois sans capote« , tente-t-il d’expliquer bien qu’il croit en l’existence du SIDA.
« On ne peut pas se tromper de personne atteinte du SIDA« . Seule explication qu’il trouve pour braver le danger. A l’entendre, une personne atteinte de Sida, est forcément amaigrie et est tout le temps malade.
Preuve que s’il y a des gens qui croient à l’existence de la maladie, ils ignorent par contre tout de cette maladie (contagnion, évolution…) Beaucoup de jeunes ruraux vivant à Bamako avouent qu’ils préfèrent « coucher » avec des femmes qu’ils connaissent qu’avec de parfaites inconnues.
« Je ne me protège pas quand il s’agit d’une fille qui vient du même village que moi » déclare l’un d’eux qui fournit une explication qui laisse pantois : « le Sida c’est en ville et non au village« . Autrement dit les responsables chargés de la lutte contre le Sida ont encore fort à faire pour édifier davantage sur le Sida.
Les torts sont souvent partagés entre garçons et filles. Pour certaines filles, porter la capote, c’est faire preuve de non-confiance. « Je n’accepterai jamais que mon copain utilise un condom protector pour faire l’amour avec moi » déclare A-C, une jeune fille d’à peine 18 ans, pour qui ce serait faire preuve d’un manque de confiance en son égard.
Si AC a confiance en elle-même, elle ne peut par contre garantir la fidélité de son jeune copain. Elle veut simplement y croire de toute son jeune âme.
Comme AC, elles sont nombreuses, les jeunes filles, qui pour leurs propres fantasmes, défient involontairement le virus du Sida.
Et tant que de tels comportements perdureront, le Sida pourra encore faire de nombreuses autres victimes.
Aimé RODRIGUE
31 janvier 2006.