L’ancien Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré et président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Kéïta, pourrait constituer une alternative crédible pour gérer l’après – ATT.
Après avoir été Premier ministre (6 ans) et président de l’assemblée nationale, Le président du Rassemblement pour le Mali (Rpm), El Hadji Ibrahim Boubacar Kéïta, caresse toujours l’espoir de devenir président de la République. A deux reprises, il a été candidat à l’élection présidentielle. En 2002, Ibrahim Boubacar Keïta a obtenu 329.149 voix, soit 21,15%. Ce qui ne lui a pas permis d’accéder au 2ème tour.
Pour ses partisans déçus par les conditions dans lesquelles »leur champion’‘ a été éliminé de la course, l’ancien homme de confiance d’Alpha Oumar Konaré a été injustement écarté.
Mais il refuse le recours à la violence en appelant ses partisans au calme. L’appui d’IBK et ses alliés regroupés au sein de l’Espoir 2002 a été précieux pour permettre à Amadou Toumani Touré de battre le candidat du parti au pouvoir de l’époque, Soumaïla Cissé.
A la suite des élections législatives où son parti, le Rpm, et ses alliés arrivent en tête sans pourtant obtenir la majorité absolue, il est élu président de l’Assemblée nationale. Pendant 5 ans, le Rpm participe à tous les gouvernements dans le cadre d’une gestion consensuelle dite » consensus’‘ des affaires publiques voulues par le président ATT. Et, cela, malgré des divergences de vue sur certaines questions d’intérêt national.
Aux communales de 2004, le Rpm arrive en 3ème position, derrière l’Adema et l’Urd. C’est dans ce contexte qu’intervient l’élection présidentielle de 2007 où les grandes formations politiques ont fait allégeance au président sortant.
Mais Ibrahim Boubacar Keïta et d’autres leaders acceptent de se lancer dans la course. Cette fois-ci, il se classe 2ème en obtenant 433. 897 voix, soit 19,15 %. Les législatives de la même année ont été une véritable descente aux enfers pour les tisserands. Sans pourtant perdre la face, le Rpm a souffert lors des communales d’avril 2009.
Redynamiser les structures du parti à la base !
Les détracteurs de l’ancien Premier ministre le voient déjà fini vu son âge, il aura 67 ans en 2012. Pourtant, on se rappelle, Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir à l’âge de 73 ans au Sénégal. Comparaison n’est pas raison, dit-on. Le Sénégal n’est pas le Mali. Malgré toutes les difficultés que lui et sa formation ont traversées ou continuent de traverser, IBK représente aujourd’hui une vraie force politique.
Comme en témoigne un sondage de l’institut Afrik – Poll, publié par »Le Républicain » dans sa parution du 2 mars dernier. Selon les résultats de cette étude, le patron des tisserants semble être le candidat favori des Bamakois avec 16% d’intentions de vote. Le Rpm est en train de se refaire une santé politique à travers les retours d’anciens compagnons.
Depuis un certain temps, le tisserand en chef multiplie les contacts avec la base, loin des regards indiscrets. Ainsi, pas plus tard que le 13 mars dernier, il a longuement échangé avec la jeunesse au foyer des jeunes de Sébénikoro, en commune IV du district de Bamako. Pendant plus de 2 heures, IBK a galvanisé sa troupe avec à la bouche, un mot-clé : la redynamisation des structures du parti.
Il a été également question du bilan des élections communales. A ses militants, le président du Rpm aurait demandé de faire table rase du passé et de regarder plutôt l’avenir avec optimisme. Il n’a pas manqué d’attirer l’attention des uns et des autres sur le rôle important de la base pour les futures échéances. Même s’il commence à sortir de sa réserve, l’ancien Premier ministre observe cependant le silence par rapport à des questions d’intérêt national.
Un homme fort pour gérer l’après – ATT !
De l’avis de notre interlocuteur, le silence d’IBK pourrait être une stratégie. » Comme un attaquant sur le terrain, il se fait oublier pour mieux marquer », analyse-t-il.
L’honorable IBK pourra bénéficier de circonstances comme les querelles qui pourraient naître du choix du présidentiable au sein de l’ancien parti au pouvoir. A l’instar des tiraillements en cours au sujet de l’Association des municipalités du Mali (A.m.m).
Dans cette situation que le chercheur en anthropologie politique, Bacary Camara, qualifie d’ »explosive », des cadres pourraient, encore une fois, plier bagage. Ce départ que notre analyste politique préjuge »massif » pourra profiter à l’ancien président de l’Adema. Contrairement à ceux que certains pensent, il n’y a pas de rupture totale entre IBK et ses anciens compagnons.
Au sein d’une certaine opinion, on estime que le tisserand en chef est l’homme de la situation. »Pour nous permettre de sortir de cette situation, il faut un homme de poigne comme IBK », nous a récemment confié un officier supérieur de la police nationale.
Un responsable syndical du fondamental, nostalgique des années d’IBK à la primature, se souvient que le salaire était payé à temps grâce aux consignes fermes du Premier ministre de l’époque. Pour Bacary Camara, il a toutes les qualités d’un homme d’État.
Pendant six ans, il a eu à gérer la Primature à une période tumultueuse de l’histoire de notre jeune démocratie. »Maintenant, il faut trouver quelqu’un qui puisse faire respecter l’État pour gérer l’après – ATT. »
Boy Siby
Le Challenger du 25 Mars 2010.