On les surnomme les hommes en noirs. Ce sont les arbitres de football. Le Ségovien Seydou Oumar Diarra était l’un des plus expérimentés d’entre eux de notre pays. Portrait.
« Toutes les semaines au stade ou au bord d’une pelouse comme vous d’ailleurs », c’est en ces termes que nous a accueilli Seydou Oumar Diarra, ex-arbitre international, en plein cœur du Stade Baréma Bocoum de Mopti.
Toutes les fins de semaine, le rituel était immuable : Seydou Oumar Diarra prenait le car pour arbitrer les matches du championnat du Mali ou des compétitions africaines. Lorsqu’il parle de son rôle, les mots sont réfléchis. Mais sur son ton calme perce une passion vorace : celle du football. « Chaque année, j’arbitrais une quinzaine de matches. Cela impliquait des absences régulières de la maison, des nuits à l’hôtel, des déplacements réguliers dans tous les coins du pays, ailleurs, mais je passais de superbes moments ».
Inutile pour les amateurs de ballons ronds d’essayer de le reconnaître dans les traits des arbitres de centre, Seydou Oumar Diarra est juge de ligne. « J’ai officié avec Moussa Kanouté arbitre de centre, et Dramane Danté, l’autre arbitre assistant. Nous faisions quasiment tous nos matches ensemble ». Et quel que soit le trio arbitral, « on se retrouvaient quelque part la veille des rencontres, une sorte de règlement ».
Entre hommes en noir, c’était une véritable complicité ; car ils venaient d’horizons professionnels différents, mais ont souvent le même profil c’est-à-dire mariés, pères de famille, ils jonglaient avec leurs emplois du temps pour assurer une présence tant sur les terrains que dans leurs foyers et au bureau. Seydou Oumar Diarra est marié et père de 5 enfants dont 2 filles.
« J’ai arbitré au plus haut niveau pendant plus d’une décennie. Ma grande fierté, c’est d’avoir réussi à mener de front avec succès ma vie de famille, mon métier (il est contrôleur du trésor) et ma passion».
Souvenirs
Né le 14 septembre 1961 à Macina (Ségou), Seydou Oumar Diarra connaît sur le bout des doigts le métier de l’arbitrage et celui du football « Je n’ai pas joué au haut niveau, mais je me suis dédié à l’arbitrage », explique-t-il du haut ses 182 cm.
Petit à petit, il a gravi les échelons, passant du district vers les années 1988 à la ligue avant de se faire les dents au plus haut niveau. La suite, c’est le championnat national de D1 et la Coupe du Mali. « Je peux vous dire que la concurrence était rude ». Aux dires de l’enfant de la Capitale des Balanzans, ce corps exige performance car il s’agit de faire mieux à chaque sortie.
Physiquement parlant Seydou Oumar Diarra, qui a débuté sa carrière internationale en 1997, ne se prend pas pour autant pour un sportif de haut niveau « Nous avons une contrainte, c’est de faire régulièrement des exercices ».
« Il enchaînait les sprints lors des rencontres, avec un œil sur la ligne de hors-jeu, un autre sur le ballon, prêt à agiter son drapeau à la moindre irrégularité », souligne Aly Dembélé, ancien joueur international. « Quand nous signalons une faute, nous sommes sûrs qu’il s’est passé quelque chose », dit-il.
Tel a été le cas malheureusement pour Seydou Oumar Diarra et le trio arbitral du match Djoliba-Espérance de Tunis en 1999 au Stade Modibo Kéita quand l’arbitre central de cette rencontre a refusé au motif que le joueur du Djoliba s’est servi de sa main un but du Djoliba.
« Nous sommes restés dans les vestiaires jusqu’à zéro heure », se souvient l’inspecteur et instructeur national d’arbitre de Malifoot. Avant d’évoquer cet autre souvenir douloureux survenu dans sa carrière au Stadium de Surulere (Nigeria) lors d’une rencontre de compétition africaine des clubs entre le Bendel Insurrance et le Horoya de Conakry.
Seydou Oumar Diarra a raccroché son drapeau de juge de touche après un certain choc Stade-Djoliba à l’issue de la saison 2004-2005. Mais il reste toujours au service de sa patrie et des jeunes générations qui rêvent de faire le même parcours que lui.
C’est d’ailleurs sur lui que l’honneur a échu de diriger le stage d’arbitre du tournoi national de football féminin que Mopti a récemment abrité.
Boubacar Diakité Sarr
(envoyé spécial)
17 août 2007.