Une victime accuse les responsables du chemin de fer
En traversant le passage à niveau à l’Ouest de la gare du chemin de fer, le mercredi 13 août 2008, j’ai été stupéfait en voyant une vingtaine de wagons marchandises couchés à même le sol, depuis la clôture de la Mairie du District jusqu’aux quais de la gare. La télévision nous a appris qu’il n’y a pas eu de perte de vie humaine, mais des dégâts matériels.
La question que je me suis posée, pourquoi trois accidents très graves au même endroit, dus à la même cause: déraillement ou défaillance du système de freinage, sans que les responsables de la voie ferrée prennent des dispositions idoines pour éviter ce genre d’accidents. Bien qu’étant profane en la matière, tout le monde voit que la voie principale d’accès à la gare est une ligne courbe, depuis l’ancien dépôt jusqu’à la gare, qui passe par la bordure du mur de clôture de la Mairie du District.
En tenant compte de la vitesse incontrôlable à cet endroit, une telle courbe peut être la cause de déraillement des trains affrontant la descente Kati – Bamako en roue libre. J’ai été stupéfait en voyant cet accident pour la troisième fois au même endroit parce que je suis un rescapé de l’accident du 19 décembre 1974 au même endroit: les mêmes causes, les mêmes effets. Comme effet, j’ai subi l’amputation de ma main droite.
En effet, j’étais passager de l’autorail Kita – Bamako qui était plein à craquer ce jour là puisque c’était la veille des fêtes de Noël qui coïncidaient avec la Tabaski. Imaginez le nombre de morts et de blessés graves.
Le deuxième accident dramatique au même endroit et par la même cause s’est produit en Février 1991 dans lequel un jeune étudiant de l’AEEM a subi une mort atroce. En effet, l’étudiant syndicaliste avait emprunté un train marchandise alors qu’il rentrait à Bamako, d’une campagne de sensibilisation lors des grèves estudiantines de janvier – février 1991.
Le train, par défaillance du système de freinage, a fini sa course contre les murs de la Mairie du District, les wagons par terre. Les jambes du jeune homme étant coincées sous les wagons, il a fallu l’amputer sur place, faute de grue pour soulever rapidement les wagons.
Il a succombé quelques instants après. Lorsque, je vois, pour la troisième fois, un accident au même endroit par la même cause (déraillement), je suis stupéfait puisque cela me rappelle un mauvais souvenir et je ne comprends pas, en tant que profane, que les trains circulent encore sur cette voie courbée alors qu’il y a d’autres lignes droites depuis l’ancien dépôt jusqu’à la gare.
Si j’ai tenu à rappeler ces faits, c’est pour que les responsables du chemin de fer prennent des dispositions pour que plus jamais ces genres d’accidents ne se reproduisent.
Dr Souleymane TRAORE
Victime du premier déraillement qui lui a coûté l’amputation de la main droite
02 Septembre 2008