Inaugurée par le président malien Amadou Toumani, le 24 septembre dernier, après la pose de la première pierre par le Guide de la Jamahiriya libyenne, Mouammar Kadhafi en avril 2006, la Grande mosquée de Ségou montre d’ores et déjà des signes de division. Certains protagonistes soupçonnent les pouvoirs publics d’ingérence dans une affaire religieuse.
L’ouvrage est intitulé « rapport bilan de la Grande mosquée de Ségou – période de juillet 2009 à septembre 2010 » et signé du comité de gestion. L’objectif recherché, selon ses initiateurs, est « d’éclairer les responsables et les fidèles à tous les niveaux sur la gestion des activités de la Grande mosquée de Ségou sur le droit de l’islam ».
Le rapport révèle qu’à ce jour, « le logement construit pour l’imam ne lui est pas octroyé. L’endroit est actuellement transformé en centre de formation en coupe et couture équipé de machines à coudre et autres accessoires pour femmes et jeunes filles ».
La bibliothèque, poursuit le document, pourtant bien fourni en documents, est jusque-là restée fermée au nez aux fidèles. Idem pour la salle informatique également dotée d’ordinateurs.
S’agissant des ressources humaines, le rapport indique que l’imam et ses deux adjoints non salariés et trois muezzins et deux organisateurs bénévoles se partagent les tâches. Par ailleurs, « le groupe électrogène est défectueux et a été peu fonctionnel pour l’essentiel du temps ».
Sabotage ?
Aussi, quelques mois après son inauguration, certains ouvrages commencent à se dégrader. Le rapport relève en effet que « le système de drainage des eaux de pluies est insuffisant et inadéquat. Ce qui fait qu’à chaque grande pluie, la mosquée est inondée par les eaux chargées de détritus de voisinage ». Le document souligne également la mauvaise qualité du compactage de la couche de goudron à l’origine de nombreux désagréments.
Il y a plus grave, toujours selon le rapport : « certains équipements initialement installés ont été enlevés pour d’autres destinations non connues par l’imam et les fidèles ». Aussi, certains travaux et équipements n’ont été que partiellement réalisés au regard du projet initial…
En définitive, une véritable opération de sabotage serait en cours. C’est bien ce que souligne le document : « la gestion de la mosquée est fortement dépendante de personnes extérieures qui prennent des décisions sans consulter l’Imam ni les fidèles ». Et de regretter la situation de bénévolat des imams, muezzins et autres intervenants.
Face à ce tableau peu reluisant pour un lieu de culte, certains protagonistes pointent du doigt les plus hautes autorités du pays lesquelles se seraient immiscées dans la gestion de la mosquée en imposant un imam.
Tout le contentieux serait en effet né le vendredi 24 juillet 2010, date de l’inauguration du joyau par le président Amadou Toumani Touré lequel, pour la circonstance, a participé à la prière collective le jour indiqué.
B. S. Diarra
08 Octobre 2010.