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Quelle est, selon vous, la situation de la circulation routière au Mali ?

Kadialy Deka Diabaté : La situation de la circulation routière est d’une façon générale alarmante. Tant de morts sur les routes maliennes. On dénombre par jour au moins trois morts sur les routes au Mali. A Bamako, entre mai et juin, il y a eu 320 accidents qui ont fait 29 morts. L’état de la circulation est plus que catastrophique. On n’est pas loin de l’Irak, de la Palestine, des pays où il y a des guerres civiles. Trois morts par balle ou par noyade ou par accident, c’est toujours les mêmes morts d’hommes.

Quelles solutions préconisez-vous pour réduire le nombre des accidents ?

Nous intervenons en amont, en sensibilisant et en éduquant les usagers pour éviter au maximum ces accidents.

Les Echos : Avez-vous déjà mené des actions concrètes pour cela ?

Dans le souci de sensibiliser, nous sommes aujourd’hui à notre seconde conférence. La première conférence était une conférence de presse pour informer la population de l’objectif de notre association. La seconde conférence était une conférence-débat avec la société civile notamment les responsables qui sont chargés de la sécurité routière dans les régions et à Bamako, les responsables de la protection civile, de la gendarmerie, de la direction nationale des transports et de la police.

A travers cette conférence-débat, beaucoup de solutions ont été proposées. Au-delà de cela, nous avons aujourd’hui traité plus d’une dizaine de dossiers avec les compagnies d’assurance. Ce traitement a permis à certains sinistrés d’être dédommagés à travers Caprives. Les compagnies d’assurance sont en train de faire de leur mieux pour les remettre dans leurs droits.

Nous envisageons d’enclencher ce mois d’août l’opération « permis pour 1000 jeunes ». Parce que jusque-là, beaucoup de gens font des accidents par méconnaissance du code de la circulation. Caprives fera en sorte que le coût du permis soit diminué. Ensuite, nous allons essayer de subventionner une partie des coûts de ces permis pour pouvoir former plusieurs personnes.

Qui sont vos partenaires pour la bonne réalisation de toutes ces actions ?

Caprives, créée en fin décembre 2005, travaille en collaboration avec compagnies d’assurance, les centres hospitaliers, les juridictions et les services publics qui sont chargés de la sécurité routière au Mali et qui sont nos partenaires naturels dans notre combat contre l’insécurité, l’anarchie en circulation.

Etes-vous satisfait de vos relations avec l’Etat ?

Pas du tout satisfait. Au Mali, il y a une commission nationale de retrait du permis qui existe plus de 10 ans, mais il y a au moins 5 ans que cette commission ne s’est pas réunie pour faire son travail. Ça veut dire que la commission n’existe que de nom. En plus, les fiches bac (bulletin d’analyse des accidents) que les commissariats remplissent ne sont pas fonctionnelles de façon régulière. Ces fiches bacs sont très importantes parce qu’elles identifient les causes des accidents. Et c’est à partir des causes qu’on pourra diminuer les accidents. Nous sommes en train de nous battre pour que la gestion de ces fiches soit mise à notre disposition.
Propos recueillis par

Sidiki Doumbia
(stagiaire)/Les Echos

01 Août 2006