L’utilisation de sacs de ciment, vieux journaux, cahiers usagers et autres papiers dactylographiés peut avoir des effets néfastes sur la santé.Le constat est évident : nous vivons désormais dans une société de grande consommation. En effet, nous consommons tout ce qui tombe sous la main. Dans nos grandes villes, la plupart des gens en activité mangent dans la rue. Bamako en offre la parfaite illustration. On y trouve partout des gargotes et petits restaurants en plein air. Mais la qualité des aliments qui y sont préparés et vendus, laisse parfois à désirer. L’emballage utilisé dans ces lieux pour conserver les aliments en est une des principales causes.
Les aliments préparés par nos vendeuses de galettes, « alloco » ou beignets de haricots et autres vendeurs de viande grillée (dibiterie) et de brochettes sont très mal emballés. Ceux-ci utilisent, dans la plupart des cas, des anciens sacs vides de ciment, de vieux journaux poussiéreux, des cahiers usagers et autres papiers dactylographiés ou parfois directement des sachets plastiques qui jurent avec l’hygiène. Il n’est point besoin d’être spécialiste pour réaliser combien ce genre d’emballage est nocif pour la santé des consommateurs. « Ces papiers ne sont pas conçus pour emballer des aliments. Ils peuvent provoquer des problèmes d’irritation de la peau, des yeux, des muqueuses et causer beaucoup d’autres maladies. Ces papiers peuvent causer des intoxications chroniques dans le temps et dans l’espace », explique le directeur général du laboratoire national.
Selon le Pr Benoît Koumaré, tout emballage doit être inerte, c’est à dire ne pas comporter de substance nuisible. « L’emballage sert à protéger le produit consommable contre des organismes nuisibles. Il contribue ainsi à maintenir celui-ci dans de bonnes conditions d’hygiène, avant la consommation », a-t-il détaillé.
Le spécialiste a pris l’exemple sur le papier du ciment qui contient du chrome 6. « C’est une substance que l’Union européenne a classée dans la catégorie des substances cancérogènes. Cette particularité du ciment est qu’il devient très agressif lorsqu’il est en contact avec un corps étranger mouillé ». « Les papiers de ciment et les vieux journaux sont vraiment déconseillés dans l’emballage des aliments », insiste Benoît Koumaré.
Papier aluminium.
L’emballage effectué dans les bonnes conditions contribue à la préservation de la durée de la conservation d’aliments indique le directeur adjoint de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), Mamadou Sacko. Le secteur de l’emballage alimentaire est devenu un secteur dynamique grâce aux innovations apportées dans le cadre du combat pour la préservation de l’environnement, a-t-il ajouté. De nouveaux concepts ont fait leur apparition comme « manger écolo ».
La campagne consiste essentiellement à encourager la réutilisation et le recyclage et à promouvoir la mise au point de matériaux de consommation renouvelables. Cette notion se trouve à la base de l’éco-conception de l’emballage.
Le directeur adjoint de l’agence de l’ANSSA estime que le papier aluminium est bien adapté à l’emballage des produits alimentaires. Selon le site web Wikipédia, le papier aluminium sert à emballer et à protéger des aliments, des cosmétiques et des produits chimiques. Utilisé tel quel, il permet également d’emballer des aliments qui seront cuits dans une enceinte fermée (exemples : pommes de terre au four, oignons au barbecue, poisson en papillote).
Le papier aluminium a deux faces, une mat et une brillante. Les deux faces ont les mêmes propriétés de conservation des aliments. Facile à façonner et conducteur de chaleur, le papier aluminium est également utilisé lorsqu’il s’agit de chauffer un produit sans le mettre en contact direct avec la source de chaleur, notamment pour des produits allant au four, mais pas au four à micro-ondes.
En Amérique du Nord, le papier aluminium est parfois appelé Reynolds Wrap, du nom de l’entreprise qui l’a introduit pour la première fois sur le marché au début du XXe siècle.
Attention à la rouille.
Cependant ce papier aluminium est peu ou pas utilisé par nos vendeuses de galettes, gargotiers et rôtisseurs. Non pas qu’ils ignorent les vertus de ce produit, mais à cause surtout de son prix. C’est le cas de Fatoumata Kansaye. Cette vendeuse de galettes utilise les papiers de ciment, les vieux cahiers, les anciens journaux pour emballer ses aliments. La vendeuse de brochettes Kiatou Coulibaly n’utilise, elle, que les anciens sacs vides de ciment. « Souvent les clients se plaignent du papier de ciment, mais je n’ai pas le choix, car c’est ce qui coûte le moins cher sur le marché. J’achète un sac vide de ciment à 100 F », dit-elle.
Bien qu’elles connaissent son utilité, Fatoumata Kansaye et Kiatou Coulibaly ne sont pas prêtes à emballer leurs aliments dans du papier aluminium à cause de son coût. Celui-ci est vendu au marché Dibida sous deux formes. Le grand rouleau coûte 10 000 Fcfa et le moyen 4000 Fcfa.
Les principaux clients sont surtout des restaurateurs, reconnaît Drissa qui en fait commerce. En effet dans la plupart des restaurants de la capitale, les aliments sont soigneusement emballés avec du papier aluminium. Kady Guèye qui gère le restaurant du ministère de la Communication en a vite compris l’utilité. Dans son restaurant, les sandwichs et les plats à emporter sont emballés uniquement avec du papier aluminium. Le rouleau moyen dure jusqu’à trois semaines. « Je pense que tous les restaurateurs, grands ou petits doivent utiliser le papier aluminium. Il s’agit de préserver la santé de nos clients », conseille-t-elle.
Il est toutefois utile de rappeler que tous les aliments ne doivent pas être conservés dans du papier aluminium. Il faut éviter d’arroser de vinaigre les aliments préparés que vous allez emballer avec car le vinaigre attaque l’aluminium. Il se forme alors de la rouille autour de votre repas ou une sorte de couche noirâtre.
Ces produits peuvent être aussi, sinon beaucoup plus nocifs que les emballages faits de papiers de ciment ou de feuilles de cahiers usagers. Prenons donc soin de notre santé en sachant que nature de l’emballage dans lequel nous conservons nos aliments, joue un grand rôle.
Djouma Diabaté
L’Essor du 15 Avril 2010.