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«Les débordements excessifs et le saccage du 27 mars 2005 avaient des raisons très peu politiques ou religieuses. La grande déception a été sans doute une des bases, mais la raison la plus évidente est la carence de nos services de sécurité ce jour, la fuite de responsabilité et le manque évident des conduites à tenir et de dispositifs en cas de débordement».

En dressant ce constat accablant, le Président Amadou Toumani Touré a souligné que l’image générale du pays a pris un grand coup lors de ces événements.

Le Président de la République a dressé un tableau noir touchant différents aspects de l’insécurité au Mali. C’était hier 21 novembre 2005 à l’Hôtel Salam lors de la cérémonie d’ouverture des états généraux de la sécurité et de la paix».

«Aucune excuse ne nous est permise. Pour ceux qui oublient de prendre leur responsabilité moi je prendrai mes responsabilités à leur place», a déclaré ATT.

Il a stigmatisé le laxisme des cadres. Selon lui au Mali nous avons le record dans les forum, séminaire, symposium et les meilleures idées.

Mais ce sont les autres qui les exploitent. «Le plus important ce n’est pas de venir dire, c’est de faire à partir de maintenant (…)Il ne sert à rien d’avoir une bonne idée, il faut l’appliquer immédiatement».

Le Président Amadou Toumani Touré a convié le ministre Sadio Gassama à la concrétisation des idées et l’a rassuré du soutien de l’État et de la République.

La sécurité routière et transfrontalière a retenu l’attention du chef de l’État. Pour ce qui concerne la sécurité routière, nos pertes sont simplement inadmissibles parce qu’évitables, dit il.

Un chapelet de comportements et d’attitudes prohibitifs a été égrené par le Président ATT
: la distribution inacceptable de permis de conduire, la complicité multiforme quant au contrôle technique des véhicules, la complaisance et la corruption et surtout le laxisme au niveau du contrôle de la circulation routière.

A cela s’ajoute l’indiscipline caractérisée de certains usagers qui mettent en danger leur vie et celles des autres.

L’état de certaines routes, le transport mixte, l’augmentation du parce auto sont entre autres les causes de l’insécurité routière de plus en plus grandissante.

Il y a nécessité d’une interpellation non seulement des usagers, les services de police et de gendarmerie, des services techniques de transport mais aussi et surtout sans état d’âme ni faiblesse, il faut une application rigoureuse et la juste lecture de la loi, dans toute sa dimension, dira ATT.

D’autres aspects de l’insécurité seront abordés par le Président de la République : les conflits internes sources d’insécurité, véritables guerres civiles caractérisées par la militarisation de la société ou la démilitarisation de la guerre.

«Lorsque la violence échappe à l’État qui avait le monopole, le conflit change alors de nature et devient un conflit de survie ou tout simplement une lutte pour l’affirmation de soi.
L’affaiblissement de l’État rend vain tout espoir de sécurité
», a dit ATT.

Par ailleurs il prône la réponse transfrontalière à l’insécurité transfrontalière. La solution reste l’occupation rationnelle du terrain par des patrouilles des forces de sécurité mais surtout la coopération transfrontalière avec les autres pays voisins, échange de renseignements, collaboration entre nos services de sécurité et un dialogue constant entre les autorités transfrontalières.

Pour ATT «il faut une répression systématique par des unités entraînées et équipées disposant des moyens de mobilité adéquats, la complicité des populations et un contrôle strict et continu des documents tels que les ports d’armes et surtout le suivi des ventes de munitions de tout genre, les artifices et les explosifs».

Selon le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, Sadio Gassama : « le forum national qui s’ouvre aujourd’hui sous le label des états généraux de la sécurité et de la paix répond à notre autocritique et permet de concevoir les stratégies les plus à mêmes de répondre aux attentes des laborieuses populations ”.

Selon lui, face à l’inquiétude grandissante, le gouvernement a consenti des efforts considérables pour mettre ses forces de sécurité dans un minimum de condition de vie et de travail malgré la diversité des priorités budgétaires et la faiblesse des ressources.

A cet effet, dit-il, les forces de sécurité ont fait l’objet d’une attention soutenue du gouvernement dans le cadre de l’équipement et du renforcement des effectifs pour leur permettre d’assurer la sécurité générale du pays dans les meilleures conditions possibles.

Les états généraux constituent une occasion exceptionnelle d’examiner avec l’ensemble des acteurs la problématique de l’insécurité en faisant l’état des lieux, en s’interrogeant sur les actes posés, les résultats obtenus, l’offre sécuritaire par rapport à la demande, les difficultés rencontrés et les pistes de progression envisageable, a indiqué Sadio Gassama.

Boukary Daou

22 novembre 2005.