Les prévisions saisonnières et climatologiques mises à jour par ACMAD (African Center of Meteorological Applications for Development) confirment qu’une bonne partie des pays sahéliens connaîtra une situation pluviométrique normale à légèrement excédentaire.
Toutefois, au-delà de ces prévisions saisonnières, la réalité indique un démarrage difficile de la campagne agricole 2007/2008 dans l’ensemble du Sahel avec notamment une pluviométrie irrégulière. Ainsi, dans certains pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, des précipitations irrégulières et insuffisantes ont été observées jusqu’à la 3e décade de juin 2007. Ce qui a évidemment ralenti le rythme des semis en humide.
La situation n’est guère meilleure dans des pays comme la Guinée-Bissau, la Gambie, la Mauritanie ou le Sénégal où même des retards de semis sont observés. Au Mali par exemple, à la date du 20 juin 2007, seulement 16 % des semis prévus pour le mil ont été réalisés, contre 38,63 % à la même période en 2006.
Pour le coton, ces pourcentages sont respectivement de 32,78 % en 2007 contre 70,15 % en 2006. La situation était particulièrement critique pour le coton, pour lequel la période optimale de semis est celle d’avant le 20 juillet.
Concernant le bétail, les pâturages sont en cours de régénération ainsi que la reconstitution des réserves d’eau. Au regard de cette situation d’ensemble marquée par des resemis et des stress hydriques à certains endroits, les possibilités de récupération des cultures affectées par les faibles pluies dépendront des conditions pluviométriques des mois d’août-septembre, comme cela a été le cas pendant l’hivernage 2006.
Au Niger par exemple, 57 % des villages avaient semé à la fin juin 2007. Une situation légèrement moins bonne (46 %) avait été observée à la même période en 2006. Cela laisse croire que tout est encore possible dans le Sahel, en dépit de cette installation difficile de la saison hivernale.
L’analyse de la situation alimentaire faite par les différentes sources d’information indique que celle-ci demeure globalement satisfaisante en dépit des poches d’insécurité alimentaire dans certaines localités. Ainsi, dans certains pays comme la Guinée-Bissau, le Niger ou la Mauritanie, ces poches d’insécurité alimentaire sont essentiellement dues à des problèmes d’accès aux aliments.
En Guinée-Bissau par exemple, le commerce de noix de cajou, principale source de revenus pour les populations rurales, connaît toujours des problèmes. Un contexte présentant des risques d’aggravation des difficultés d’accès des populations vulnérables aux ressources alimentaires.
Dans des pays comme le Tchad, la situation de conflit constitue un élément déterminant, avec plus de 140 000 personnes déplacées (IDP), dont une bonne partie n’a pas accès à la terre et aux intrants pour la présente campagne agricole.
Mais, la situation alimentaire reste globalement satisfaisante avec un bon approvisionnement des marchés. Les prix connaissent des hausses pour certains produits. Une situation normale en cette période de soudure, à laquelle s’ajoute la prudence des producteurs pour la mise sur le marché des anciens stocks en raison du démarrage tardif de la saison hivernale.
Pour l’heure, aucune action d’urgence alimentaire n’est envisagée en dépit de ce démarrage difficile de la saison hivernale. Tout laisse croire à une période d’accalmie générale même si des poches d’insécurité alimentaire existent bien dans la plupart des pays.
Moussa Bolly
(avec le Club du Sahel)
16 août 2007.