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Après un arrêt de travail de 48 heures du 20 mars au 22 mars, le syndicat de la filière coton, pour n’avoir pas eu satisfaction, a engagé une autre grève, cette fois-ci de 72 heures qui a commencé le mardi 3 avril et pend fin aujourd’hui à minuit. En raison toujours du statut quo, les responsables du syndicat de la filière coton entendent déclencher, si rien n’est fait, une grève illimitée. C’est ce qui ressort de la conférence de presse animée hier par les syndicalistes. C’était à la maison de passage de la CMDT, en présence de plusieurs membres du syndicat dont M. Mamadou Sissoko, Secrétaire Administratif du Syndicat, Abba Sylla, ancien secrétaire général et personne ressource à la rencontre. Le principal conférencier était le secrétaire général du syndicat, Zakariyaou Diawara, assisté de M. Mamadou Sissoko.

Le fond du problème, c’est la privatisation annoncée de la société, prévue pour 2008. Face à cette perspective, les travailleurs de la société expriment des inquiétudes. Ils ont aussi profité de l’occasion pour faire une évaluation des mouvements de grève et produire des arguments qui témoignent de la mauvaise fois des autorités. En tout cs, c’est ce qui ressort de la déclaration liminaire du secrétaire général du syndicat de la filière coton.

La privatisation est un phénomène qui fait susciter beaucoup d’inquiétudes au Mali, en raison de l’expérience des précédentes qui ont été désastreuses. C’est pourquoi depuis l’annonce de celle de la CMDT, les travailleurs, à travers leurs syndicats, sont mobilisés. Ainsi, entendent-ils être associés à tous les processus afin d’éviter d’être lésés. C’est dans ce cadre que les représentants de la section syndicale de la filière coton ont tenu à faire le point des négociations en cours pour mieux édifier l’opinion, comme le dira d’ailleurs le secrétaire administratif du syndicat M. Mamadou Sissoko , qui a aussi précisé que compte tenu de l’urgence et de la délicatesse de la question, ils furent contraints de mettre l’UNTM devant le fait accompli. Toute chose qui, a-t-il ajouté ne veut pas dire que la centrale syndicale n’est pas avec eux.

LES REVENDICATIONS DE LA SECTION SYNDICALE

Les revendications du syndicat sont relatives: à la non implication des travailleurs dans les étapes du processus de privatisation de la CMDT, conformément au principe du dialogue social, en particulier leur absence dans le comité technique de suivi des dilligences à accomplir dans le cadre du processus de filialisation/privatisation de la CMDT mis en place par décision N°06-00102 MEF/SG du 24 Novembre 2006; au fait que la volonté politique du gouvernement de ne pas faire de licenciement à la CMDT est irréalisable car pouvant entraîner une pléthore d’effectif dans les futures sociétés cotonnières; à l’ambiguité au sujet du plan social de 2003 de la CMDT, son mode de financement et sa date d’application.

Ils ont ajouté que les autorités sont de mauvaise foi, puisqu’elles sont d’accord avec tout, mais ne veulent pas s’engager par écrit, formaliser. En effet, d’une part elles sont d’accord, d’utre part, elles attendent la privatisation vant de faire quoi que ce soit. Or, pour les travailleurs, il faut urgemment résoudre l’équation du financement du plan social, et ce avant même la privatisation. C’est en somme un dialogue de sourds. Et l’on se demande aujourd’hui combien cela coûtera à l’Etat.

LES CONSEQUENCES DE LA PRIVATISATION DE LA CMDT

Selon M. Mamadou Sissoko, secrétaire administratif de la section syndicale de la filière coton, au cas où, à l’issue de deux jours de grève ils n’auraient pas satisfaction, ils décideraient d’engager une grève illimitée. Pour lui, mieux vaut se concentrer sur ses revendications en ne se référant pas à l’UNTM, car, a-t-il ajouté:”Nous ne comptons pas trop sur l’UNTM, parce que c’est ma case qui brûle”. Par la suite, il a mis un accent particulier sur le rôle et la place de la CMDT dans l’économie malienne. Et M. Sissoko d’affirmer que les conséquences de la privatisation de la CMDT seront drastiques, non pas sur les seuls travailleurs de la société mais aussi pour les transporteurs.

En effet, a-t-il expliqué: « quand il y aura moins de coton à transporter, les transporteurs auront un manque à gagner qu’ils doivent tenter de combler quelque part. Mais où et de quelle manière? » Ainsi, a-t-il précisé qu’après le CMDT, plusieurs structures vont disparaître, surtout quand on sait que les différents opérateurs économiques sont des fournisseurs ou des clients de la CMDT.

Moussa SOW

05 avril 2007.