Annoncée pour la fin des législatives, la formation du premier gouvernement du second mandat d’Amadou Toumani Touré est pour bientôt. Puisque entre un gouvernement de technocrates et un gouvernement de compétences, ATT a déjà fait son choix. Alors, il faut s’attendre à des sorties remarquables, mais aussi à des rentrées fracassantes.
Après l’élection du président et la fin de la relecture du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, on attend la mise en place du bureau qui va débuter la législature sous la houlette de Dioncounda Traoré. Sauf surprise, la formation du bureau ne doit pas poser problème, eu égard à la majorité qui a soutenu le schéma Adéma-URD pour l’Assemblée nationale. Et Me Tall qui a échoué dans sa tentative de barrer la roue à Dioncounda Traoré pour le perchoir explique que l’ADP ne connaîtra aucun soubresaut lié à cet épisode électoral.
Aussi, lors de sa première intervention après son élection, le nouveau président du parlement malien n’a-t-il pas dit : “L’Assemblée nationale accompagnera ATT, mais sera là pour le contrôle de l’action gouvernementale”? Dioncounda Traoré a promis de faire prochainement un discours dans le quel ul soumettra un programme à ses collègues. Mais quel programme l’Assemblée peut-elle avoir au dehors de celui du gouvernement?
De l’avis des analystes, certains propos de Dioncounda Traoré ont l’air de messages codés à l’endroit du Chef de l’Etat, lui signifiant que les choses ne se passeront plus sous le second mandat comme ce fut le cas durant le premier. L’Assemblée ne sera pas une caisse de résonance pour l’exécutif, semble laisser entendre son président.
A croire que Dioncouna Traoré signifie à ATT qu’il n’a aucune dette morale vis-à-vis des partis membres de l’ADP après les élections. Etant donné qu’il faut faire face aux réalités de la gestion du pouvoir. Or, si l’Adéma veut reconquérir, en 2012, le pouvoir perdu en 2002, l’URD pour sa part, veut le conquérir à la même date.
Pourtant, cette déclaration de Dioncounda Traoé n’aurait pas étonné si le projet proposé par ATT comme sa vision et ses actions aux Maliens à l’horizon 2012 n’était pas convaincant. D’ailleurs, les nouveaux hommes forts de la scène politique, il y a de cela quelques mois seulement, ont battu campagne pour le président sortant candidat à sa propre succession le 29 avril 2007.
Dans tous les cas, le Projet pour le Développement Economique et Social (PDES) est un bon dénouement à bord pour un meilleur avenir pour notre pays. Car, pendant ce mandat, faut-il le rappeler, les efforts seront concentrés sur les six axes prioritaires d’intervention ci-après : mieux organiser l’action publique pour soutenir efficacement les autres composantes du programme ;améliorer la production primaire et assurer la sécurité alimentaire ; mettre en place un environnement propice à l’émergence et au développement du secteur privé ; insérer les femmes et les jeunes dans les circuits productifs ; développer les secteurs sociaux ; procéder aux indispensables reformes de société.
Pour exécuter cet ambitieux programme, le Président de la République est parvenu à la conclusion qu’i l lui faudrait une bonne équipe gouvernementale où seule la compétence sera le premier critère d’accès. C’est pourquoi, dans le prochain gouvernement, il ne sera pas étonnant de voir l’arrivée des compétences confirmées, d’hommes et de femmes qui ont le sens de la responsabilité et qui sont capables de se concentrer sur l’essentiel.
Il ne s’agira pas donc se targuer d’un statut de technocrate pour se faire valoir, puisque le premier travail du nouveau gouvernement sera de prouver que la recréation est terminée en remettant les Maliens au travail. Parce qu’il faut “un Mali qui gagne”.
Aussi, dans le gouvernement qui sera formé dans quelques jours, il faudra s’attendre, non seulement à des sorties remarquables, mais aussi des rentrées fracassantes. Certes, la classe politique aura la preuve qu’elle reste la principale partenaire du chef de l’Etat, mais il ne devrait pas être question pour certains de se laisser distraire. C’est dire que parmi ceux qui sont restés non loin des caméras, seront désagréablement surpris.
Enfin, l’expérience a prouvé que lors du second mandat, pendant que les uns ont à l’esprit d’aider le Président de la République pour qu’il ait une sortie honorable en posant d’actes visibles sur le terrain, les autres le conjuguent au passé en préparant sa succession, alors qu’il est toujours aux affaires. C’est ce que les adémistes ont fait à Konaré et pour se venger, il a tout fait pour que son successeur ne vienne pas de l’Adéma.
Oumar SIDIBE
10 septembre 2007.