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Un dépotoir nauséabond situé au mauvais endroit, entre le marché, la mosquée « Dawa » et le lycée Ibrahima Ly, voilà la raison de la colère des résidents de Banakabougou qui menacent de poursuivre le maire de leur commune et les quatre GIE pour pollution de leur cadre de vie. Responsabilité rejetée par ces parties.

« Nous sommes agressés chez nous. Aujourd’hui, nous sommes en position de légitime défense. Donc, nous n’allons pas nous laisser tuer par des ordures », vociférait, vendredi, le président de l’Association environnement cadre de vie et citoyenneté, Ismaël Yéro Dicko. Un coup de gueule contre ce qu’il appelle le scandale environnemental à Banankabougou.

« Une situation incroyable : un dépotoir d’ordures au milieu des habitations, écoles, mosquée et marché. Il nous est aujourd’hui impossible de respirer, nos enfants sont condamnés à vivre avec le paludisme s’ils n’en meurent à cause des moustiques, des mouches déambulent dans nos maisons comme dans un WC. Nous n’en pouvons plus. Il est temps d’agir, nous n’allons plus croiser les bras », prévient M. Dicko.

La population, sous la houlette de l’Association environnement cadre de vie et citoyenneté et l’Association pour le développement de la cité de Banankabougou, lutte depuis belle lurette contre ces ordures du siècle ? Les autorités municipales, le gouvernorat, les GIE de ramassage d’ordures ont tous été interpellés. En vain. « Le maire de la Commune VI a été incapable de répondre aux soucis de ses concitoyens », s’indigne le président de l’Association.

Selon lui, si rien n’est fait, les deux associations se verront dans l’obligation de porter plainte contre le maire Souleymane Dagnon et les 4 GIE de ramassage d’ordures pour pollution de leur cadre de vie et non-assistance à personnes en danger.


Chantage

Approché, le maire de la Commune VI se défend et jette la responsabilité sur la mairie du district. « Cet espace est un dépôt de transit de la mairie du district qui est chargée de le vider toutes les semaines. C’est la mairie du district qui le gère, pas moi », se défend-il.

Quant au responsable du GIE Faso Baara, Sinaly Dembélé, il est formel : « C’est la mairie qui nous a dit de verser les ordures sur cet espace. Et tant qu’on ne nous montre pas un autre site, nous n’allons quand même pas manger les ordures ? ».

A l’issue d’une rencontre jeudi dernier à 23 h, le nouveau maire du district Adama Sangaré, se serait engagé devant la population à prendre des mesures dans les prochains jours.

En attendant, la population a pris, hier dimanche au cours d’une assemblée générale, des mesures urgentes. Car, explique un résident, « la mairie est responsable. Mais nous sommes les premiers concernés. Il s’agit d’abord de notre cadre de vie et nous sommes prêts à tout, à mettre la main à la poche pour l’assainir ».

Ainsi, elle a recruté des gardiens pour empêcher les camions des GIE de déverser leurs contenus aux abords des habitations. Elle a aussi adressé des correspondances aux propriétaires des îlots transformés en dépotoir pour qu’ils aillent les occuper. « Soit, ils viennent occuper leur terrain ou nous allons les transformer en espaces verts ».

Les habitants de Banankabougou ont enfin lancé un message d’avertissement aux politiques sur leur responsabilité dans la résolution de ce problème. Lors des dernières législatives, la majorité d’entre eux avait boycotté les urnes et le jeune député Me Demba Traoré qui loge à une centaine de mètres du dépotoir. L’on avait seulement enregistré 3 % de taux de participation à Banankabougou.

Sidiki Y. Dembélé

27 août 2007.