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En décembre 2004, suite à des émeutes dans la zone Office du Niger, le premier Ministre s’était rendu sur les lieux pour apaiser les tensions. Vu l’ampleur que prenait la crise, le président de la République interviendra pour trouver une solution durable.

Une plainte avait été introduite au niveau du tribunal civil de Ségou contre la direction de l’Office du Niger par les paysans. Mais la procédure avait été radiée, selon Maître Amadou Tiéoulé Diarra.

Pour lui, la direction n’avait pas respecté des dispositions du contrat plan, notamment à l’article 27 qui stipule : « Lorsque les récoltes s’avèrent insuffisantes pour des circonstances échappant à la responsabilité de l’exploitant, celui -ci peut solliciter et bénéficier d’un dégrèvement partiel ou total dont le taux dépend de l’importance des dégâts subis par ses récoltes« .

En effet, le président de la République demandera à la direction de l’Office du Niger de décaler la fin des paiements des redevances eau de mars à juin, soit 3 mois de grâce. Contre toute attente, il y a moins d’un mois que des centaines de paysans viennent d’être évincés des terres cultivables et des logements. Aux dires des paysans jamais la crise n’a atteint ce niveau.

L’avocat des paysans indiquera que l’Office du Niger ne peut pas décider seul de déposséder les paysans, car la zone est gérée par un comité de gestion paritaire. C’est ainsi que l’article 30 du contrat plan du 1er juillet 1996 indique: «  L’Office du Niger peut faire saisir conformément à la procédure légale les terres y compris le cheptel vif…« .

Pour M. Diarra, les litiges devraient être gérés à l’amiable comme stipule l’article 112 : « Les litiges nés dans le cadre de l’exploitation des terres sont réglés à l’amiable et soumis en cas de désaccord persistant au Comité paritaire de Gestion des terres. En cas de non accord, le différend est soumis au tribunal civil à la diligence de l’une ou l’autre partie« .

De ce fait, les mesures de déguerpissement des terres de cultures et à usage d’habitation prises par la direction de l’Office du Niger sont illégales selon les conférenciers.

Oumar Traoré, paysan convaincu installé à Koyan Péléna dira : <>.

Agé de 61 ans Oumar affirme avoir fait quarante ans sur cette terre qu’on vient de lui retirer (famille N°104, Nango Sahel) . Il ajoutera que leur chef de village ayant 120 ans et qui a payé les redevances de 9 hectares sur 10, a lui aussi été spolié de son lopin. Selon Hawa Mallé, propriétaire de 4,5 hectares, les paysans ne savent plus à quel saint se vouer.

Ce qui gêne les paysans, c’est que leurs champs sont retirés pour être remis à des fonctionnaires. Rappelons que la redevance eau coûte aux paysans 66 150 F par hectare.

Ainsi 404 hectares ont été retirés aux cultivateurs seulement dans la zone de Niono. Aux dires des représentants des paysans, au temps de M. Ongoïba à la Direction de l’Office, ce genre d’injustice ne se faisait jamais. Maître Amadou Tiéoulé Diarra dira que le combat doit être juridiquement mené afin d’éviter la violence.

Les paysans n’entendent pas croiser les bras face à la “spoliation” des terres. Pour eux, après avoir fait 20, 30,40 ans ou plus sur ces terres en les aménageant chaque année, comment laisser des individus “parvenus” de surcroît, occuper facilement et se procurer les produits issus de leur labeur ?

Salifou BANGALI

05 août 2005