Ces propos de Kofi Annan, Secrétaire Général de l’ONU, prouvent à suffisance combien l’équilibre de notre monde est lié aux femmes.
Mais celles-ci restent jusque-là victimes de plusieurs facteurs liés à des pesanteurs socioéconomiques et culturelles.
Au nombre de ces problèmes, on peut citer entre autres les complications liées à la santé de la reproduction, première cause de la mortalité maternelle et néo-natale ; l’inégalité entre les sexes ; les violences sexuelles ; et la non implication des femmes dans les prises de décision, freinant du coup leur épanouissement au mépris de leurs droits. Les conséquences de cette rélégation des femmes dans une seconde zone sont désastreuses.
Elles découlent en partie de la pauvreté et de la discrimination. En effet, la pauvreté accroît les risques inhérents à la grossesse comme, la mortalité et la morbidité maternelles aggravent la pauvreté.
En Afrique subsaharienne où la fécondité élevée multiplie les dangers que les mères affrontent au cours de leur vie, une femme sur 16 risque de mourir du fait de la grossesse contre une seulement sur 2.800 dans les pays industrialisés.
99% des décès maternels surviennent en Afrique. Bien que la maternité sans danger occupe une place de choix sur l’agenda international depuis près de 20 ans, les progrès réalisés ont été inégaux, et dans certains pays, on estime que les taux de mortalité maternelle sont en train d’augmenter.
C’est encore nos soeurs qui sont les plus exposées aux infections sexuellement transmissibles dont le VIH/Sida. Des problèmes réels qui menacent la vie des femmes et partant celle des enfants.
L’Enfant partage le sort de sa mère
C’est pour cela que nous sommes tous interpellés. De bons soins de santé et l’exercice des droits des femmes en matière de procréation peuvent aider à garantir que chaque nourrisson se sente désiré, aimé et qu’il ait une chance de s’épanouir.
Inversement, la mauvaise santé d’une mère en matière de procréation peut nuire à la santé et au bien-être de ses enfants. La mortalité maternelle et la mortalité infantile sont donc étroitement liées.
Quand une mère meurt en donnant naissance, son enfant, souvent, lui aussi meurt pour le fait que les nouveau-nés privés de mère ont un risque trois à dix fois plus élevé de mourir que ceux dont les mères survivent à l’accouchement. Les enfants sans mère qui survivent souffrent toujours de leur condition.
Comme vous le savez, ce sont généralement les mères qui prennent en premier lieu soin de la santé, de l’éducation et de la nutrition de leurs enfants et qui, en de nombreux cas, contribuent aussi dans une proportion plus ou moins grande aux ressources de la famille.
Chaque année, jusqu’à deux millions d’enfants perdent leur mère faute de services de santé adéquats où les femmes sont informées et éduquées en santé en matière de la reproduction.
Or, l’espacement des naissances réduit sensiblement la mortalité infantile. Un intervalle de deux à trois ans entre les naissances réduit les risques de naissance prématurée et d’insuffisance pondérale à la naissance.
La grossesse même est un état sensible pour la femme qui doit être suivie durant cette période nourrie d’espoir et de hantise au regard des risques encourus par celle qui s’apprête à donner la vie.
Le dépistage systématique des infections sexuellement transmissibles chez la femme enceinte peut améliorer les chances de survie de l’enfant parce que ces infections sont susceptibles d’entraîner des fausses couches, la mortalité, des naissances prématurées, l’insuffisance pondérale, la cécité et la pneumonie.
La syphilis est cause de maladie ou de décès chez 40% des nourrissons qui en sont atteints. Le dépistage volontaire des IST/Sida peut aiguiller les futures mères vers des traitements susceptibles de les protéger, ainsi que leurs enfants.
Voudrions-nous réellement promouvoir une enfance sans danger, et partant, leur offrir tous leurs droits? Si oui, garantissons d’abord la survie des mères, le droit naturel des enfants.
C’est en cela seulement qu’on pourrait regarder le futur avec joie. Le contraire serait une hantise perpétuelle pour nous.
Adama S. Diallo
22 novembre 2005.