Les casses du 27 mars étaient-elles l’expression d’un drame sociétal ? Si plusieurs facteurs sont à l’origine de ces douloureux évènements, il n’en demeure pas moins que le facteur social aura fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les détracteurs du régime en place se sont empressés de mettre lesdits évènements au compte de la situation socio-économique difficile que traverse le pays. Ceux-ci ont vu à travers les casses du match Mali-Togo la confirmation de l’expression consacrée selon laquelle le pays est sur répondeur.
Des partis proches de Koulouba n’ont pas également manqué d’évoquer cette éventualité. C’est ainsi que le président de l’ADEMA M. Dioncounda Traoré a, lors du meeting de soutien au chef de l’Etat, indiqué : <
L’UNTM avait enfoncé le clou à l’occasion de la célébration de la fête du travail. A quelques jours de cette célébration, la Centrale syndicale avait effectué une sortie médiatique pour savonner proprement le gouvernement. <
Longtemps resté sur la défensive, le gouvernement a-t-il en fin de compte accédé à ces différentes observations ? En tout cas, depuis un certain temps, l’on assiste à une grande offensive des autorités sur le terrain de la demande sociale. En effet, le 5 mai dernier le président de la République a procédé au lancement du programme « 2000 jeunes volontaires dans l’administration ».
Initié dans le cadre de la création d’emploi, ce programme vient renforcer les réalisations de l’APEJ. Ainsi, au total, 2000 jeunes diplômés dont 370 titulaires de CAP, 750 de BT, 170 de DUTS, 640 de maîtrise et 70 de DEA et doctorat seront éjectés dans l’administration où ils percevront un salaire pendant un an. L’expérience que ces jeunes diplômés vont acquérir au bout d’une année facilitera leur insertion dans la vie active. C’est d’autant plus important que les diplômés sans emploi dans notre pays sont le plus souvent butés au manque d’expérience.
L’exécution de ce programme leur permettra de multiplier leurs chances d’emploi et du coup de résorber le chômage. Cette initiative vient à point nommé quand on sait que l’APEJ commençait à montrer ses limites. En effet, nombre de jeunes diplômés qui espéraient tant sur cette structure pour trouver du travail avaient fini par déchanter. Les financements des projets de l’APEJ tardaient à venir à telle enseigne que les bénéficiaires y voyaient déjà une promesse électoraliste. De ce fait, les autorités se devaient d’innover pour redonner espoir aux jeunes diplômés.
Car malgré les efforts déployés par l’APEJ, les attentes de création d’emploi restent grandes. C’est conscient de cette situation que le président de la République a indiqué lors du lancement du programme : <
Dans la même optique, sous l’impulsion du gouvernement, l’APEJ a organisé les 10 et 11 avril derniers la première édition du salon malien de recrutement des cadres. Cette rencontre constitue un cadre idéal de recherche d’emploi pour les jeunes diplômés. Il ressort donc de ces différentes activités qu’il existe aujourd’hui dans notre pays une volonté politique affichée pour la création d’emplois.
Outre la lutte contre le chômage, le gouvernement se bat aujourd’hui comme un beau diable pour assurer la sécurité alimentaire dans le pays. En témoignent la création du Conseil National de la Sécurité Alimentaire présidé par le Chef de gouvernement et le lancement par le président ATT du programme de démarrage de la distribution alimentaire gratuite de 20.993 tonnes de sorgho et de mil le lundi dernier.
Au cours de cette cérémonie de lancement, le Chef de l’Etat a déclaré que son engagement et sa détermination pour le bien-être des populations l’obligeaient à être présent dans les cérémonies de distribution gratuite de céréales. Il ne peut en effet en être autrement quand on sait qu’il s’est engagé lors de sa tournée à l’intérieur du Mali au moment de la crise acridienne à assurer la sécurité alimentaire dans le pays.
Ce qui fait que les populations rurales ont aujourd’hui les yeux rivés sur Koulouba pour les sortir de l’insécurité alimentaire. L’exécution de ce programme de distribution alimentaire qui concerne les localités de Kidal, Gao, Tombouctou, Mopti, Koulikoro, Kayes et Ségou se traduira par une baisse significative du prix des céréales.
La présence active des plus hautes autorités du pays sur ces deux fronts à savoir la lutte contre le chômage et la famine démontre leur détermination à réduire considérablement la demande sociale. Mais cela suffira-t-il à améliorer les conditions de vie des populations de façon significative ? En plus de ces deux combats, les autorités devront livrer une autre bataille : la baisse du coût des produits de première nécessité comme l’eau, l’électricité, les produits pharmaceutiques et le téléphone.
En somme, la dynamique déclenchée dans le cadre de la satisfaction de la demande sociale mérite d’être poursuivie. Car une accumulation de cette demande n’est pas de nature à arranger les choses pour Koulouba en 2007. Celui-ci gagnerait à ne pas aborder ce tournant décisif avec une forte demande sociale sur les bras. Auparavant, il se doit de donner un contenu réel à l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes.
Samou KONÉ
12 mai 2005