Au nombre de celles-ci, la création du Projet partenariat pour le renforcement de la lutte contre le paludisme dans le district de Bamako, communément appelé Projet palu.
C’est en partenariat avec le ministère de la Santé, l’Organisation mondiale de la santé et l’association internationale « Villes unies contre la pauvreté » (VUP) que la mairie du District a élaboré un plan d’intervention 2003-2008 en matière de lutte contre le paludisme. Ce plan est basé sur quelques grands axes prioritaire : l’hygiène, l’assainissement et la lutte anti-vectorielle, le renforcement de la lutte contre la maladie, les actions transversales et les mesures d’accompagnement.
Le chef du projet, Mamadou Doumbia, explique que l’association VUP a soutenu le projet en apportant une assistance logistique à la mairie du District pendant les phases d’élaboration et de négociations avec les partenaires susceptibles d’apporter un financement au projet.
Cet appui a permis de concrétiser le Projet partenariat pour le renforcement de la lutte contre le paludisme dans le district de Bamako. En lançant l’initiative, la mairie et ses partenaires de VUP ont convenu de deux types d’actions à mener : le renforcement des capacités d’action du district de Bamako pour conduire une politique efficace en matière de lutte contre le paludisme et le soutien à des actions pilotes dans les domaines de l’assainissement et la santé.
Une première convention de coopération a été signée entre la mairie et VUP. Elle couvrait la période allant de septembre 2003 à décembre 2004, et prévoyait la mise en place d’une cellule de coordination, chargée de la mise en oeuvre du programme et la réalisation d’un réseau de mini-égouts dans un quartier de la capitale.
Pour un changement de comportement
La deuxième convention (2005-2006) était destinée à consolider la cellule de coordination en vue d’étendre le projet à d’autres quartiers de la ville. Jusqu’en 2005, les coûts de fonctionnement de la cellule de coordination ont été entièrement couverts par VUP. Une année plus tard, la mairie prit en charge 40% de ces coûts.
Tirant les enseignements des deux premières expériences qui ont enregistré des résultats fort encourageants, la mairie et l’association partenaire ont décidé de poursuivre leur collaboration, en signant en juin 2007 une troisième convention.
En agissant en même temps sur l’insalubrité urbaine et la santé, le « Projet palu » ambitionne de contribuer à réduire la pauvreté dans le district de Bamako. Concrètement, il s’agit de réduire les zones de prolifération des moustiques, développer la prévention contre la maladie et favoriser l’avènement d’un changement de comportement et l’émergence de l’esprit citoyen chez les Bamakois. Le projet est financé par la mairie du District et l’État à travers le fonds PPTE et VUP.
La mise en œuvre du plan d’intervention global pour la ville a commencé par un projet pilote d’aménagement et d’assainissement à Sogoniko en Commune VI.
Il s’agit de la construction d’un système de mini-égouts sur une longueur de 8 180 mètres linéaires. Quelques 282 concessions sont connectées au système, soit une population concernée de plus de 10 000 habitants, explique le patron du Projet partenariat pour le renforcement de la lutte contre le paludisme dans le district de Bamako.
Le réseau comprend 375 regards de raccordement, 96 regards de visite, 282 lavoirs et une station d’épuration. Le coût de réalisation s’est élevé à plus de 81 millions de Fcfa dont un financement de 65 millions provenant de VUP. Le District a apporté un peu plus de 16 millions.
Après la fin des travaux, le comité de salubrité du quartier a été sollicité pour assurer l’entretien et la gestion du réseau. A cet effet, les termes et les conditions d’une gestion déléguée par la mairie de la Commune VI ont été consignés dans un contrat qui prévoit l’institution d’une taxe d’entretien des mini-égouts. Le montant de cette taxe est fixée à 500 Fcfa par famille et par mois. Le contrat prévoit aussi l’ouverture d’un compte bancaire et la production de rapports d’entretien trimestriel et un compte-rendu financier semestriel.
Comme un catalyseur
Sur le terrain, le résultat du projet est palpable. Le réseau de mini-égouts a véritablement permis d’assainir un quartier dépourvu de tout système d’assainissement collectif.
La réussite de l’opération a agi comme un catalyseur auprès des partenaires techniques et financiers. Des ressources supplémentaires ont ainsi pu être collectées à hauteur de 650 millions de Fcfa au titre des fonds PPTE. La mobilisation s’est accrue autour du projet avec plusieurs acteurs (services de l’État et du district, responsables politiques, acteurs sociaux et habitants de Sogoniko).
« Ce projet pilote a été un vaste champ d’expérimentation et d’innovation qui a produit les résultats escomptés. Il est donc appelé à être reconduit dans d’autres quartiers dans les mêmes conditions« , indique Mamadou Doumbia.
Avec des ressources supplémentaires obtenues sur le fonds PPTE, l’initiative a été étendue à la Commune V, plus précisément au Quartier-Mali, et d’autres travaux d’infrastructures et d’équipements ont été réalisés à Sogoniko.
L’exécution du projet ne s’est pas fait sans difficultés. Celles-ci étaient surtout d’ordre institutionnel (non application dans les faits de la structure initiale du projet) et opérationnel (lenteurs administratives). Ces insuffisances seront corrigées lors des phases à venir du projet.
Dans tous les cas, l’impact du projet est déjà là. Il a contribué à la lutte contre la pauvreté et au développement humain durable par le renforcement de l’accès des populations aux services sociaux de base.
S. DOUMBIA
08 Septembre 2008