Le secteur de la santé au Mali a connu, ces dernières années, de profondes transformations avec la mise en œuvre de la politique sectorielle de la santé. C’est pourquoi depuis, sa nomination à la tête du département de la Santé, Mme Maïga Zeïnab Mint Youba, a inscrit au cœur de son agenda, l’amélioration des conditions de travail et de vie des agents socio sanitaire, condition sine qua non de la santé de la population. Ainsi après Sikasso, Kayes, Ségou et Mopti, c’était au tour de la 6e région de recevoir la visite de Mme Maïga Zeïnab Mint Youba. Elle était accompagnée, pour la circonstance, d’une forte délégation, à savoir tous les directeurs des services centraux relevant de son département.
La délégation a quitté Mopti le lundi pour se rendre dans la cité mystérieuse. Après deux heures de route entre Sévaré et Douentza, la délégation a emprunté à l’occasion la route de l’espoir qu’on pouvait qualifier, route du désespoir, sans crier au scandale. Car le mauvais état de ce tronçon ne donnait aucun espoir d’arriver sain et sauf à destination.
La distance qui sépare Douentza de Tombouctou est de 195 Km franchissable en près de 5 h de d’horloge sous l’œil vigilant d’une escorte de plus de 15 hommes en uniforme armés jusqu’aux dents. Cette escorte nous servira d’ange gardien pendant toute la tournée à cause de l’insécurité grandissante dans ces localités.
Au cours de la mission, la ministre et sa délégation ont pu constater qu’avec l’organisation des populations en association de santé communautaire, couvrant des aires de santé déterminées par une carte sanitaire renforce la participation des communautés à la promotion sanitaire et la mobilisation des ressources pour le bon fonctionnement des centres.
Les responsables et personnel socio sanitaire n’ont pas manqué d’étaler les difficultés devant la ministre. Des difficultés qui ont pour nom le manque de personnel qualifié, l’emploi abusif de personnel bénévole, l’insuffisance de moyens logistique et les difficultés d’évacuation des malades. Mme Maïga Zeïnab Mint Youba, visitera successivement les infrastructures de tous les Csref, de l’Hôpital de Tombouctou et plusieurs CSCOM.
Elle a, du coup, eu de nombreux entretiens avec le personnel socio sanitaire et les représentants des communautés. Cette tournée a aussi permis à la ministre et à sa suite d’évaluer les atouts et les obstacles de la mise en œuvre de la politique sectorielle, notamment en matière d’extension de la couverture sanitaire, de l’amélioration de la qualité des services, de l’organisation du système de la référence évacuation, ainsi que le fonctionnement des CSCOM.
La première étape a été la visite guidée et du centre de santé de référence de Tombouctou en compagnie du médecin chef Alboukary Touré du CSCOM de Kabara. En procédant à la présentation de la couverture sanitaire de Tombouctou, le médecin-chef a mis l’accent sur l’état de délabrement de certains bâtiments, la situation préoccupante de la mauvaise qualité de l’eau tant des puits que des forages et le nombre élevé des décès maternels et néo-natals. L’exiguïté et l’état de vétusté des infrastructures ainsi que l’absence de sages-femmes et d’infirmière obstétriciennes sont autant de problèmes criards auxquels Mme Maïga a demandé d’apporter des solutions diligentes.
Accompagné par le représentant du Gouverneur de la 6e région, Koman Kané, conseiller aux affaires administratives, durant toute la tournée, de Gourma Rharous en passant par Niafunké, Diré et Goundam. Les populations ont réservé un accueil chaleureux à la délégation.
Le planning familial objet de tabou à Niafunké
Avant d’arriver à Rharous, la délégation a procédé à une visite surprise de l’ASCO-Lafia d’Aglal. Mécontente du manque d’entretien des installations et l’état d’insalubrité du centre ainsi que la mauvaise gestion des déchets biomédicaux, la ministre s’est adressée au médecin-chef en ces thermes «vous n’êtes pas un bon médecin chef, vous ne devez pas êtres félicité, c’est vous qui devez donner des bons exemples d’hygiène à la population, regardez comment l’insalubrité règne. Il faut que cela change».
Heureusement avec l’étape du Gourma, la ministre de la santé retrouvera le sourire. Ce centre est doté d’infrastructures en bon état. Il faut, cependant, regretter, par ailleurs, le fait qu’un château réalisé à coups de millions de F CFA, n’est pas fonctionnel, les populations n’arrivant pas à assurer l’alimentation du groupe en carburant. Avec une population de plus de 78 862 d’habitants, la ville de Rharous compte 15 aires de santés. Ici, il n’existe pas d’infirmière obstétricienne, de matrone, encore moins de technicien sanitaire.
Au niveau CSCOM sur 7 infirmiers, 5 sont payés sur fonds PPTE. Selon le rapport présenté, on note une augmentation des taux de couverture pour les activités (consultation post-natales (CPN), accouchement assisté).
Le maire de Rharous, a quant à lui, souhaité que cette visite du ministre de la santé dans sa commune marque un début de solution aux problèmes posés. Le mardi, 17 janvier, c’était au tour de la ville de Aly Farka Touré, Niafunké et Diré de recevoir la ministre Mme Maïga.
Le cercle de Niafunké appelé aussi le cercle de l’Issa Ber, compte 22 aires de santé. Avec un bâtiment en bon état, le centre dispose d’un échographe portable et d’un appareil radiographique mobile offert par la Fondation pour l’Enfance.
Si la planification est perçue dans certaines localités comme un espacement de naissance pour le bien être de la femme, aux dires d’une des sages-femmes, les femmes de Niafunké, ont honte de venir au Csref pour se planifier.
Toute chose qui explique le faible taux de fréquentation du centre. Résultat: Niafunké plus de 24 césariennes furent réalisées, 7 avant la gratuité et 17 pendant la gratuité dont 2 décès maternels et 7 décès néonataux.
Quant à la situation épidémiologique, 16 cas de lèpre, 23 cas de tuberculose, 3 cas de dracunculose et 9 cas de Sida ont été recensés. Quant aux JNV, un taux de couverture de plus de 100% a été atteint dans le cercle.
L’Hôpital Pierre Daupine de Diré dans un état de désolation
Dans les années passées si cet Hôpital était de renommée internationale, aujourd’hui il est dans un état de désolation.
Cet hôpital, aujourd’hui, dispose de locaux respectables qui ont toutefois, besoin de réfection et de mise à niveau des équipements. Située au Sud de Tombouctou dont elle est distante de 135 Km, cette ville a une économie basée sur l’agriculture de type irrigué, en grande partie, l’élevage, la pêche et le commerce.
Diré est l’un des cercles les plus inondés de la région dont près de 60% de la population sont inaccessibles entre juillet et février. Toute chose qui explique les difficultés d’évacuation des malades surtout en zones inondées. D’où la nécessité d’une pinasse-ambulance soulignera à juste titre Mme Maïga Zeinab Mint Youba.
Le centre de santé de Goundam est un joyau architectural au service de la santé.
Avec un plateau technique bien équipé, le personnel socio sanitaire est engagé pour relever le défi en matière de la couverture sanitaire. Il manque, cependant, l’électrification du centre par l’EDM et un autoclave pour la chirurgie.
Enfin, au niveau de l’hôpital de Tombouctou, l’absence de sage-femme, de matériel d’échographie et d’anesthésie et la non fonctionnalité du volet télé médecine du télé centre communautaire de Tombouctou sont, entre autres, les difficultés recensées à ce niveau.
Selon le médecin-chef de l’hôpital de Tombouctou, Yoro Dakono, depuis l’opérationnalisation de l’hôpital en 1992, il a une capacité de 84 lits.
La durée moyenne d’occupation est de 4,64 jours. Il sert aussi de référence pour les autres structures sanitaires de la région. Actuellement l’hôpital compte au total 9 services fonctionnels, à savoir la médecine, la pédiatrie, l’odontostomatologie, la radiologie, le labo-pharmacie, la gynéco-obstétrique, l’orthopédie, la rééducation fonctionnelle et la chirurgie.
Pour ce qui est des bénévoles, ils sont au nombre de trois personnes, Jamal Arbi de l’Hôpital de Tombouctou, Mme Dicko Fatoumata Altinè Cissé et Ichrach Dicko de Rharous. Ils travaillent depuis des années comme des bénévoles au niveau de ces centres. Informées de cette situation la ministre a donné illico l’instruction au Daf, Adama Yacouba Touré, en vue de les recruter sur les fonds PPTE.
Ces régions dites du Nord-Mali occupent la partie désertique du pays. Elles ont en commun, l’enclavement et l’hostilité de l’environnement naturel. Ces conditions contribuent à aggraver les problèmes de santé des populations et à rendre leur prise en charge difficile.
C’est pourquoi la ministre de la Santé, Mme Maïga Zeïnab Mint Youba, en fin de mission a tenu à saluer l’effort du personnel socio-sanitaires et toutes les personnes intervenant dans le domaine de la santé. Car, elle a estimé que malgré les difficultés rencontrées sur le terrain, les résultats sont satisfaisants. Elle a, par ailleurs invité à redoubler d’efforts sur les maladies à érailler.
La ministre a attiré l’attention sur la place qu’occupe la région dans le tourisme au Mali et tout ce que cela comporte comme risque pour la propagation du VIH/Sida. Concernant le mauvais état de certains bâtiments, elle a ordonné au Directeur de la cellule d’exécution du programme d’infrastructures sanitaires (CEPRIS), Mamadou Kaya, de prendre des mesures urgentes pour la rénovation.
A Koutiala où la mission a pris fin, la ministre a visité le complexe socio sanitaire femme-enfant. Ce complexe qui s’étend sur une superficie de 3ha, a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la santé de la femme et de l’enfant. Il est entièrement financé sur le fonds de plusieurs donateurs américains et canadien d’une valeur de plus 800 000 millions de FCFA. La fin des travaux est prévue courant 2007.
Le financement a été acquis grâce à l’ONG Centre protestant pour l’aide médicale au Mali (CPAM) en collaboration avec la mission protestante, qui a déjà construit 6 centres à l’intérieur du pays. Le centre de santé de Koutiala qui manquait de radio sera bientôt doté d’appareil radiographique.
Envoyée spéciale à Tombouctou Ramata TEMBELLY
25 janvier 2006.