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Dans l’aéronef, il y avait beaucoup de Maliens, notamment le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Moctar Ouane et le leader du SADI, Dr Oumar Mariko.

Selon plusieurs passagers, au cours du vol, un des expulsés a éprouvé le besoin d’aller aux toilettes. L’un de ses anges a dit niet avant de demander à l’une des hôtesses de lui apporter un sachet en plastique pour permettre à son prisonnier d’y uriner. Au vu et au su de tout le monde. C’est beau la France.

Face à ce comportement humiliant et déshonorant, Oumar Mariko s’est révolté en tapant du poing sur la table et a exigé qu’on retire les menottes des mains de ses compatriotes. Ni les flics français ni le commandant de bord n’ont concédé aux exigences du leader historique de l’AEEM.

Celui-ci, sachant bien que le ministre Moctar Ouane se trouve à bord de l’avion, en classe affaire, est allé l’interpeller pour qu’il constate de visu les conditions inhumaines faites aux deux Maliens. Lesquelles ont provoqué l’ire des passagers qui ont positivement apprécié le rôle joué par Dr Mariko.

Au point de collecter, séance tenante, quelque 2000 Euros afin de permettre aux expulsés de regagner au moins leur famille à partir de l’aéroport international de Bamako-Senou.

Le Secrétaire général de SADI que nous avons joint au téléphone pour le nécessaire recoupement et d’amples informations s’est contenté de nous dire : «je suis en contact avec les intéressés et je compte tenir dans les tout prochains jours une conférence de presse pour expliquer ce qui s’est passé».

Pour sa part, le ministre des Affaires Etrangères, Moctar Ouane, que nous avons pu joindre par téléphone, a confirmé l’expulsion des deux Maliens.

«C’est le Dr Oumar Mariko qui m’a informé que deux Maliens sont enchaînés au bord de l’avion. J’ai fait venir le Commandant de bord qui m’a expliqué qu’effectivement, il y avait deux Maliens, notamment un Cissoko et un Sow, en situation de reconduite administrative à la frontière (euphémisme pour désigner l’expulsion brutale). Ensuite, je suis allé parler avec nos deux compatriotes et les trois policiers dont deux d’origine antillaise qui les accompagnaient. J’ai compris que les deux ont été raflés dans la rue. L’un d’eux soutient être en possession des papiers administratifs mais qu’il ne les portait pas sur lui au moment de son interpellation. Il dit même avoir un emploi régulier en France. Pour leur part, les policiers m’ont expliqué que les menottes font partie de la procédure en vigueur en matière d’expulsion.
Arrivé à Bamako, j’ai volontairement quitté le salon d’honneur pour me rendre sous la pluie à la passerelle et assister à la sortie de nos malheureux compatriotes. C’est une fois qu’ils ont été remis à la police de l’air du Mali que je suis rentré chez moi. En me proposant de rencontrer les deux expulsés, surtout celui qui prétend être en règle avec la législation française pour voir ce qu’il est possible de faire pour lui pour qu’il retourne en France
».

Chahana TAKIOU

21 juin 2005