« L’essentiel pour le forum sur l’éducation est fait »
Le forum national sur l’éducation tant attendu pour remettre l’école malienne sur le chemin du travail et de la discipline démarre ses travaux le jeudi 30 octobre 2008.
Dans l’interview ci-dessous, le président du comité d’organisation M. Salikou Sanogo rassure que tout est fin prêt pour son succès par la participation en nombre et en qualité des acteurs de l’école.
Les Echos : Est-ce qu’on peut dire que tout est prêt pour un bon déroulement du Forum ?
Salikou Sanogo : je dirai oui. Nous avons fait l’essentiel des préparatifs, du document de travail. Ce que nous avons pu avoir comme informations, propositions, recommandations lors des écoutes, ateliers, concertations, contributions écrites et la synthèse ont constitué un document essentiel. Concernant l’organisation matérielle, nous disons que nous serons prêts jeudi 30 octobre. Il reste les détails que nous sommes en train d’affiner au fur et à mesure et je suis certain que d’ici jeudi nous serons prêts. Nous avons envoyé les invitations pour les participants, la médiatisation…
Les Echos : Quelle stratégie avez-vous adoptée pour le bon déroulement des travaux ?
S. S. : L’ouverture du forum sera placée sous la haute présidence du président de la République qui sera un moment fort du forum. Il est prévu qu’il y ait, comme toutes les autres cérémonies, une animation. Mais les temps forts seront l’hymne national qui sera chanté par les pionniers. Ensuite, il y aura une animation de l’Ensemble instrumental national qui va nous situer dans le contexte dans lequel nous sommes, c’est-à-dire un forum sur l’éducation. Le président du comité d’organisation va faire une allocution et le discours d’ouverture sera prononcé par le chef de l’Etat.
Comme nous sommes en Commune III, le maire de cette collectivité va prononcer un discours de bienvenue. Je pense que cela fait partie de nos traditions puisque c’est lui qui nous reçoit.
Pour ce qui est des travaux, ils vont s’étendre sur 4 jours après la mise en place du présidium. On va constituer les commissions. Il y aura 4 commissions : une commission éducation de base, alphabétisation et langue nationale, une commission enseignement secondaire, général technique et professionnel, une commission enseignement supérieur et recherche scientifique et une commission éthique et déontologie.
Ces 4 commissions à leur tour vont se scinder en groupes de travail. Il y aura en tout 13 groupes de travail qui vont discuter des questions plus pointues. Les groupes de travail vont travailler pendant 2 jours et soumettre leur rapport aux commissions qui vont les débattre et les adopter. Les rapports des commissions reviennent en plénière qui va discuter et adopter ces rapports des commissions et élaborer le rapport général.
En plus de ce document-là, un rapport général va mettre en commun tous les rapports des 4 commissions. Ces rapports retracent l’atmosphère, les résultats qui seront issus du forum.
Il y aura une déclaration dans laquelle les acteurs et partenaires de l’école et du système éducatif vont exprimer leur engagement.
Ce que nous voulons obtenir dans ces déclarations, c’est des engagements forts des uns et des autres vis-à-vis de l’école pour qu’enfin nous puissions sortir l’école de la situation dans laquelle elle se trouve. Que nous commencions à construire l’école de nos besoins et l’école du Mali du 21 e siècle qui doit faire face à un certain nombre de défis qui sont : la construction nationale, le défi de l’intégration régionale, de la mondialisation, etc.
Les Echos : A quelques jours du démarrage des travaux quels sont vos sentiments ?
S. S. : Mon premier sentiment est qu’il y a un engagement fort de tous les acteurs et partenaires depuis les écoutes jusqu’aux concertations régionales en passant par les ateliers thématiques. Nous avons senti un engagement de tous les acteurs, la participation massive des uns et des autres, la volonté de venir, de s’exprimer, de faire des contributions, des propositions, des recommandations.
Ceci laisse augurer d’une participation extrêmement importante au niveau du forum. Ensuite, j’ai le sentiment que les acteurs vont s’engager pour que notre système éducatif sorte de la situation extrêmement difficile et qu’il puisse s’engager sur d’autres voies.
J’ai le sentiment que nous allons obtenir un engagement fort des uns et des autres. Il y a aussi le fait que le pouvoir public s’est impliqué de manière extrêmement forte. Le Premier ministre et tout son cabinet nous donnent tout l’appui nécessaire. Cela suscite en moi un sentiment de confiance.
Les ministres en charge de l’Education nous appuient fortement et cela est très réconfortant pour nous. Ce qui laisse augurer le bon déroulement du forum. Nous-mêmes au niveau du comité sommes résolument engagés. Nous avons avec nous des hommes et des femmes qui sont des patriotes, qui se sont impliqués depuis le départ. Je ressens un sentiment de satisfaction à l’égard des collaborateurs du comité.
Les Echos : Vous confirmez la participation de tous les acteurs de l’école ?
S. S. : Oui dès le départ, nous avons sollicité tous les acteurs. En tout cas, tout le monde sera invité à venir s’exprimer et j’espère que tout le monde sera présent. Je suis certain que tous les acteurs viendront. Je peux dire sans me tromper que les syndicats d’enseignement, qui ont fait preuve d’engagement durant tout le processus, seront représentés.
Les élèves et les étudiants, les jeunes, la classe politique, le secteur privé, qui ont toujours été impliqués, seront au rendez-vous du forum. A ceux-ci, il faut ajouter la diaspora. Les Maliens de l’extérieur sont aussi engagés pour le succès du forum qui verra également la participation des anciens, des notabilités, les chefs de quartiers, les ONG et les associations de la société civile. Il y a aussi la presse qui sera impliquée dès le début et qui est très attendue.
C’est le lieu pour moi de remercier les journalistes pour leur accompagnement. Je n’oublie pas, bien entendu, les partenaires au développement.
Les Echos : Selon vous, quelles sont les conditions de réussite du forum ?
S. S. : Le forum sera réussi d’abord si la participation est là. C’est d’abord un exercice citoyen, républicain et participatif. Comme l’exigeait la lettre de mission du Premier ministre, nous devons faire en sorte que tout le monde ait un mot à dire.
Le gage du succès, c’est la participation en nombre et en qualité. A l’issu de ce forum, nous attendons un engagement fort des uns et des autres, des recommandations à l’endroit du pouvoir public, mais des autres acteurs que sont les parents d’élèves et d’étudiants, les enseignants, le secteur privé, les partis politiques et notre diaspora. Aussi comme signe de succès, il faudrait que le forum puisse dégager un mécanisme de suivi qui est une question extrêmement importante.
Partout où nous sommes passés, les interlocuteurs ont mis l’accent sur la nécessité d’un suivi. Bien entendu, le forum discutera d’un mécanisme qu’il faut mettre en place. Le suivi sera fait certainement au niveau de tout le monde. D’aucuns ont suggéré que le suivi soit décentralisé. Tout cela sera discuté au forum. L’objectif est que chacun soit impliqué dans la mise en œuvre des recommandations qui seront faites à l’endroit de tous les acteurs.
Les Echos : M. le président, quel argument avez-vous pour convaincre nos concitoyens qui craignent que ce forum ne soit pas tout simplement un de plus ?
S. S. : Je pense que cette question est dépassée. Les gens ont compris que nous sommes dans une situation particulière compte tenu de la sensibilité de la question, la gravité de la situation que traverse notre système éducatif. Chaque jour, les gens demandent à venir au forum, ce qui atteste qu’il y a un engouement.
Je pense que les choses peuvent changer et le forum peut être un jalon très important vers la résolution de la situation de l’école malienne. Je crois que le forum ne sera pas un forum de plus si tout le monde s’engage.
J en appelle à l’esprit de patriotisme de tous les Maliens. Je demande aux Maliens des vœux pour le succès du forum afin que notre système éducatif puisse sortir grandi et que nous puissions obtenir une réfondation de notre système éducatif.
Je lance un appel à tous les acteurs pour une participation massive. Je dirai que la matière qui nous concerne, qui est l’éducation, va au-delà de nos clivages partisans, régionaux, religieux et que c’est un problème d’ordre national.
Il faut que nous allions vers l’adoption d’un nouveau contrat social pour l’école malienne qui va nous lier tous, acteurs et partenaires du système.
Propos recueillis
par Amadou Waïgalo
28 Octobre 2008