Les Echos : Des membres de l’ancien bureau fédéral, notamment Mamadou Kouyaté, affirment que la FMF n’a pas sollicité votre candidature pour la Fifa. Qu’en dites vous ?
Salif Kéita : Je dis encore une fois que ma candidature a été initiée par l’ancien bureau de la Fédération malienne de football. Nous n’avons fait que l’entériner à notre arrivée aux affaires. Je m’en tiens à cela parce que c’est la pure vérité.
Les Echos : Avez-vous rencontré le ministre des Sports au sujet de cette candidature ?
S. K. : Après ma récente conférence de presse, nous avons effectivement rencontré le ministre Pléah pour lui expliquer certains problèmes, mais pas particulièrement de ma candidature. Dans tous les cas, le ministère des Sports est notre collaborateur direct. Donc, nos contacts sont permanents et bons. J’espère que cela va durer.
Les Echos : Allez-vous continuer avec Malamine Koné, l’équipementier des Aigles ?
S. K. : Nous allons continuer avec Malamine Koné. Nous avons des contacts avec Airness. Mais nous disons que le contrat est un peu déséquilibré. D’ailleurs, à la demande de notre compatriote nous serons dans quelques jours en France pour discuter à nouveau du contrat.
Les Echos : Vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde que l’ex-coach des Aigles sur la sélection qui a joué le match de Dakar. Que s’est-il passé au juste ?
S. K. : Lechantre est un professionnel. Sachons raison garder. Je ne veux pas le nuire, car c’est un homme qui vit du football et par conséquent je ne m’étendrais pas beaucoup sur lui. Pour ce qui est du match de Dakar, moi et d’autres membres du bureau fédéral dont Karounga Kéita l’avions approché dans la perspective d’un résultat à Dakar, autrement dit d’un match honorable en lui conseillant de prendre des joueurs expérimentés car Lechantre voulait des joueurs locaux, des jeunes. Or, pour nous, l’enjeu était de taille car le match était médiatisé. Il fallait se mettre à l’abri de tout soupçon.
Sachant que le résultat de ce match pouvait jouer sur l’autre, nous avons décidé entre nous d’aligner les joueurs expérimentés. Eu égard à mon passé d’ancien footballeur, je peux me permettre de donner des consignes à un entraîneur comme Lechantre. D’ailleurs n’importe quel entraîneur au monde qui serait avec moi demanderait mon avis sur l’équipe qu’il doit aligner.
Le CSK est là moi, mais je ne suis jamais intervenu directement dans sa composition. Cependant, les entraîneurs que j’ai eus ont souvent requis mon avis quand ils font leur équipe. J’approuve souvent leur choix, au regard de mon vécu. J’ai indéniablement une culture du football. Si je suis là, c’est à cause de ma technicité. Je suis un professionnel et personne ne peut m’accuser d’avoir donné un mauvais conseil à un entraîneur.
A Dakar, c’est sur la pelouse que nous avons découvert l’équipe… Après on a pris trois buts. En réalité Pierre n’a pas la même vision du football que nous parce qu’un, deux, trois voire 4-0 à Dakar est lourde de conséquence. On aurait pu faire un résultat plus honorable. Lui il s’en va. Nous on reste et on avait peur du qu’en-dira-t-on. C’est pour cela qu’on l’avait approché, mais il ne nous a pas écoutés. On l’a laissé faire son équipe. Qu’il me donne le nom d’un joueur que je lui ai imposé et qui a joué à Dakar. Toujours est-il que personne ne peut m’accuser d’avoir donné des consignes à Pierre.
Les Echos : Il a cité par exemple Oumar Kida, Mahamoud Fall…
S. K. : J’ai commencé très jeune en équipe nationale. J’ai débuté dans une équipe mature où il y avait Nani, Blocus, Bakaridjan, donc je ne suis pas contre l’intégration des jeunes. Ma politique, c’est les jeunes. Seulement le moment choisi n’était pas propice. Donc sa politique des jeunes n’avait aucun sens.
Jouer à Dakar avec 4 ou 5 joueurs locaux aurait fait peser des soupçons sur la moralité de la rencontre. Mieux valait perdre avec des joueurs expérimentés qu’avec des jeunes. Cette équipe alignée à Dakar a un potentiel avec des joueurs de grands clubs européens. Elle a fait des résultats à Tunis qui n’ont malheureusement pas suivi dans les éliminatoires combinées Can/Mondial-2006 à cause de la mauvaise ambiance.
Les Echos : La Fédération va-t-elle s’impliquer dans le retour de la sérénité chez les Aigles ?
S. K. : Le regroupement de Rennes (France) et le match de Dakar ont servi de cadre de réconciliation et à mon avis il n’y a plus de problème entre les joueurs. Ils ont fait le voyage de Rennes sachant qu’ils ne vont pas jouer. On a discuté avec eux. Ils se sont parlés et ont adhéré à notre projet. Nous voulons un climat pacifié et apaisé. Les deux dernières rencontres l’ont prouvé et si quelqu’un ne veut pas suivre cette ligne de conduite, il sera mis à la touche. Une équipe suppose des éléments qui tendent vers un même but.
Les Echos : Concrètement quels sont les actes que vous avez posés depuis juin dernier ?
S. K. : Nous avons donné une coupe à l’équipe championne. C’est une première. Nous avons cherché de l’argent pour finir et la Coupe du Mali et le championnat national. Mais le plus important à mes yeux : nous avons réconcilié les joueurs qui ont répondu aux appels. Nous avons reçu des fax de certains frondeurs… Sans oublier la finale de Sikasso qui fut une belle fête sportive.
Les Echos : Il y a des grincements de dents par rapport à la nouvelle méthode de mutation des joueurs que vous avez adoptée. Quel commentaire faites-vous ?
S. K. : La mutation posait problème aux joueurs et aux dirigeants. Nous pensons avoir instauré la bonne méthode pour freiner certaines pratiques de cette mutation. Il faut qu’il y ait un peu de courtoisie, d’élégance entre les dirigeants. Il faut moraliser tout cela dans le sens du développement de notre football. Il faut surtout mettre fin aux chantages et faire en sorte que les clubs puissent rester stables.
Les Echos : Y aura-t-il un championnat national version Domingo ?
S. K. : Le calendrier des matches est déjà établi. Et je pense que ce calendrier sera suivi et régulièrement exécuté. Généralement, le calendrier change avec les impératifs comme les préparatifs des clubs et des équipes nationales. Le calendrier 2005-2006 aidera les entraîneurs à préparer leurs équipes et donnera un niveau aux compétitions.
Les Echos : Peut-on connaître au moins la nationalité de celui qui devra succéder à Pierre Lechantre ?
S. K. : Nous sommes en contact avec différentes nationalités. Je puis seulement vous assurer que vous connaîtrez très bientôt l’identité du nouvel entraîneur national.
Propos recueillis par
Boubacar Diakité Sarr
31 octobre 2005.