Le Républicain : vous venez de retirer votre candidature à l’élection des membres africains de la Fifa. Quelles sont les explications ?
Salif Kéïta : C’est très simple. Il y a trop de magouilles dans ces élections. Indépendamment, je comptais sur l’Ufoa (l’Union des fédérations africaines de football) pour me soutenir. J’étais le premier candidat déclaré de la zone Ufoa. C’est pourquoi, j’ai sollicité le soutien de l’union depuis ma première sortie sur Abidjan où j’ai rencontré le président Jacques Anouma qui n’était pas encore candidat. A partir de cette visite, on avait prévu une rencontre en novembre pour débattre de la question. Malheureusement, celle-ci ne s’est passée qu’en début décembre. Entre temps, Jacques Anouma était devenu candidat. Ce qui a compliqué les choses. Finalement à l’ultime rencontre qui s’est déroulée hier (NDLR : 17 janvier 2006), ils ont décidé à l’Ufoa que c’est chacun pour soit. Alors qu’on devait porter une candidature unique, que je pensais être la mienne. Dès lors, j’ai compris que mes chances étaient réduites. Aussi, à mon arrivée, j’ai trouvé l’entourage du président Issa Hayatou très bizarre à mon égard. Ils étaient venus plutôt pour m’humilier. C’est pour toutes ces raisons que j’ai retiré ma candidature.
Vous avez des regrets?
Evidemment ! Parce que je pensais qu’en ancien footballeur, j’aurais pu apporter quelque chose. Mais comme je l’ai dit à la tribune, à la Caf, les élections c’est autre chose. On ne te demande pas de programme, il y en a qui te connaissent seulement de nom et qui sont invités à voter. Mes regrets sont d’autant profonds que ni moi ni Amadou Diakité, n’avons passé. Cependant je n’ai pas cherché délibérément à l’évincer. Plutôt je croyais en mes chances avec le soutien de l’Ufoa. Je ne dis pas néanmoins que j’ai été trahi par l’union. Mais je comptais sur l’appui de toute l’Ufoa. Il est vrai qu’on ne me l’avait pas promis, mais comme j’étais le premier candidat déclaré, je comptais sur le soutien collectif.
Alors ne pensez-vous pas avoir été piégé dès le départ avec cette suscitation de candidature ?
On ne s’est pas en tout cas mis d’accord sur une candidature unique. Les autres pensaient avoir plus de chances que moi, et ont décidé qu’on aille à l’individuel.
On n’arrive pas à comprendre que vous n’ayez même pas battu campagne.
Oui ! Mais je comptais sur l’Ufoa d’abord qui fait 16 pays. Par la suite, j’ai entrepris certains pays lusophones dont le Mozambique, la Guinée Bissau, le Cap Vert et autres. Dès que le soutien de l’Ufoa n’a pas été, je ne croyais plus en mes chances.
Par ce retrait, vous avez quand même pris une décision qui sonne très mal au sein de l’opinion publique (malienne). Selon vous, quelles en seront les conséquences ?
Ecoutez ! J’ai pris une décision, je l’assume. Devrait-on s’attendre à une démission de Salif Kéïta ? Pour ça là ? Pour ça ? Ah ! Non, ça n’a rien à voir avec le football malien. Nous sommes là pour travailler le football malien. Mon élection à la Caf est autre chose.
Particulièrement, n’avez-vous pas de regrets que le mandat de votre compatriote Amadou Diakité ne soit pas reconduit par votre faute ?
Si ! J’ai beaucoup de regrets. Mais je pense qu’il est jeune, il est à la Caf. Il pourra encore revenir.
Etes-vous encore prêt à renouveler votre candidature pour la Caf et pour la Fifa ?
C’est encore loin. Ce qui me tient pour le moment à cœur c’est de retourner à Bamako et m’occuper du football malien.
Réalisée par Souleymane Diallo
Envoyé Spécial au Caire
30 janvier 2006.