Pendant au moins trois jours, Bamako et d’autres localités du pays ont été abondamment arrosées. Les quantités de pluies enregistrées se situent entre 15 à 30 mm. Habituellement, les pluies, qui tombent au mois d’avril, sont celles qui annoncent la saison de mûrissement des mangues.
C’est pourquoi, dans la plupart des pays sahéliens, ces pluies sont connues sous le terme générique « de pluie des mangues ». Le plus souvent, elles ne tombent pas plus d’une à deux fois et la quantité est le plus souvent négligeable.
Ce que l’on constate depuis quelques jours à Bamako sort de l’ordinaire. C’est pourquoi beaucoup vont de leurs commentaires, en annonçant le début des pluies. D’aucuns annoncent aussi le démarrage de l’ensemencement des nuages. Un projet du gouvernement qui vise à provoquer de la pluie artificiellement dans les régions de Ségou et Mopti.
Le chargé de mission du ministère de l’Agriculture que nous avons joint met court à ces rumeurs. Selon Harouna Diallo, ce travail ne commencera effectivement qu’au démarrage effectif de la saison pluvieuse. Le bombardement des nuages, explique-t-il, ne sera mis en route qu’au cas où les techniciens constateraient un déficit réel de pluies dans les zones concernées et qui peut hypothéquer les récoltes de céréales.
Des paysans qui sèment
A défaut d’avoir des informations à la direction nationale de la météorologie, nous nous sommes adressé à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam) pour en savoir davantage.
Selon le conseiller technique de l’Apcam chargé des questions de météo, M. Tienta, on n’est pas encore à l’hivernage, même si pour les paysans, l’hivernage correspond toujours à la tombée des premières gouttes de pluie. Toujours selon lui « tout ce que l’on sème maintenant aura de la peine à sortir de terre car les situations atmosphériques et pluviométriques ne s’y prêtent pas ».
Toutefois, le conseiller technique de l’Apcam fait le constat, selon lequel, il aurait vu des gens semer mardi dernier aux environs de Sotuba en Commune I du district de Bamako. Ce qui est trop précoce à ses yeux.
La fréquence des pluies en ces temps-ci obéirait, selon certains observateurs, à des changements climatiques. Mamadou Bila Traoré, un vieux retraité domicilié à Lafiabougou, a déjà noté dans son agenda un cas similaire, il y a une quarantaine d’années de cela. Selon des notes prises dans son agenda, des pluies sont tombées à partir du 18 avril 1961 à un rythme régulier et soutenu pendant au moins trois à quatre fois.
Il n’y a donc aucune surprise à ce qu’il pleuve abondamment et régulièrement au mois d’avril. Pour des observateurs avisés, chacun peut s’adonner à son petit commentaire, mais personne ne pourra percer les mystères de la nature.
Abdrahamane Dicko
27 avril 2006.