Les faits notables de cette saison ont sans doute été le renouvellement du bureau fédéral et le parcours catastrophique de nos Equipes nationales dans les différentes compétitions internationales.
Au niveau national, le Djoliba AC a incontestablement été le grand perdant de la saison 2004-2005. Auréolés de leur doublé coupe-championnat en 2003-2004, les Rouges de Hérèmakono étaient donnés comme les grands favoris de cette saison.
Mais, à l’arrivée, ils ont tout perdu. Le club réalise certainement l’une des plus mauvaises saisons de son histoire. Les protégés de Karounga Kéita ont perdu le titre de champion au profit de leurs rivaux de tous les temps, les Blancs.
Pis, le Djoliba ne termine que 4ème derrière respectivement le Stade, le COB et l’AS Réal. «Je ne me rappelle pas d’une si mauvaise position de mon équipe depuis que j’ai commencé à la supporter», s’offusque un jeune supporter du club.
Naturellement, il ne lui restait que la Coupe du Mali pour sauver sa saison. Une ambition contrariée le 22 septembre dernier par l’ASB qui l’a privé du trophée aux tirs au but.
Si on y ajoute le mauvais parcours en ligue africaine des champions on peut légitiment déclarer le Djoliba comme l’équipe la plus décevante de la saison.
Le Stade, l’ASB et, dans une moindre mesure, le COB et l’AS Réal en ont profité pour régner sur le sport roi au plan national. Ayant démarré avec un effectif peu attrayant, le Stade à tirer son épingle du jeu avec le retour de son coach ghanéen, Karim Abdul Razak, sacré meilleur entraîneur de la saison.
Tout comme l’artificier des Blancs (15 réalisations en championnat) Oumar Kida termine second meilleur butteur (derrière Jacques NGuessan Koffi du Réal) et meilleur joueur de la saison.
L’ASB dans la cour des grands !
Mais, la grande satisfaction de la saison a été sans doute l’ASB. Après seulement deux années d’existence, l’ASB a trouvé sa place dans le ghota du football malien en accédant à la première division en 2001.
Et depuis, elle brille par sa constance au sommet. La formation joue à merveille son rôle d’outsider aux côtés du Djoliba, du Stade malien et de l’AS Réal. Elle se permet de leur asséner occasionnellement des coups mortels.
Les Stadistes l’ont appris à leurs dépens en demi-finale de cette 45è édition de la Coupe du Mali. Premiers à ouvrir le score, ils se sont fait surprendre par Tory et ses camarades qui se sont finalement imposés par 2-1.
Avant eux, Tory et ses coéquipiers avaient barré la route à l’AS Réal de Bamako et à l’AS Nianan de Koulikoro. Le Djoliba est donc sa dernière victime. Et lors de la dernière journée du championnat, l’ASB avait battu le Djoliba par 3-2. Elle confirmait ainsi sa victoire de l’aller sur les champions sortants et favoris au début de la compétition.
Double représentation pour Sikasso et Ségou
L’AS Réal fait aussi son grand retour dans le ghota. Cela faisait longtemps qu’on ne retrouvait pas les Réalistes en une si bonne position (3ème) dans le championnat.
En terminant dauphin, le COB a aussi sans doute réalisé l’une de ses meilleures saisons depuis son retour au sein de l’élite.
Un bonheur que doivent envier les Mandekaw de la commune IV dont le club est relégué en seconde division avec le Debo club de Mopti. Pour l’AS mandé, c’est la fin d’un long bail qui avait commencé en 1991 (Nous y reviendrons prochainement).
Le Stade malien de Sikasso et l’AS Bakaridjan de Baraouéli (Ségou) vont occuper leurs fauteuils la prochaine saison. Les deux néo promus accèdent à l’élite pour la première fois de leur histoire.
Ainsi, les régions de Sikasso et Ségou auront deux représentants pour conquérir le titre de champion national la saison prochaine.
Pour ce qui est du football féminin, les Super Lionnes d’Hamdallaye ont retrouvé leur trône après le hold-up des Amazones de Boulkassoumbougou la saison écoulée.
2004-2005 a été surtout marquée par l’organisation de la première édition du championnat national de foot féminin.
Une compétition remportée par l’AS Mandé de la Commune IV et qui a mis en évidence l’énormité du fossé entre les clubs féminins de la capitale et ceux de l’intérieur.
Il faut aussi noter que c’est le football féminin qui a valu à notre pays l’une de ses deux consécrations au niveau sous-régional cette saison.
En effet, Awa Coulibaly et ses coéquipières de l’AS Mandé sont revenues au bercail avec le trophée du Tournoi international des clubs champions de football féminin ou «Tournoi des cinq nations» (Ouagadougou, du 27 août au 4 septembre 2005).
Une première consécration pour le Mali dans cette compétition qui était à sa 5ème édition.
Un sacre qui nous fait oublier un peu le parcours humiliant des Aigles à la CAN de foot féminin disputée en Afrique du Sud en été dernier.
Il faut aussi souligner que la nuit des Oscars, organisée par la Femafoot et Océan Communication, le 25 septembre dernier au Grand Hôtel de Bamako, a sacré Diaty NDiaye (FC Amazones) et Fatoumata Diarra «Fatim», respectivement meilleure joueuse et meilleure marqueuse de cette saison.
La grande désillusion
Avec des joueurs comme Frédéric Kanouté, Mahamadou Diarra «Djilla», Mohamed Lamine Sissoko, Seydou Kéita, Djimy Traoré, Soumaïla Coulibaly… qui font la fierté de leurs clubs en Europe, les Maliens avaient misé sur une 3è participation consécutive à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN).
Il n’était même pas interdit de rêver à une première participation historique à une phase finale de Coupe du monde. Grande fut la désillusion qui a suivi. Le Mali n’ira pas en Egypte à plus forte raison en Allemagne en été 2006.
Malgré les moyens colossaux mobilisés par l’Etat, les Aigles ont cassé leurs ailes dans les rivalités stériles exacerbées par des dirigeants qui y trouvaient leur compte.
Même qualifiés pour la phase finale des CAN de leurs catégories, les Aiglons et les Aiglonnets n’ont fait que de la figuration respectivement à Cotonou (Bénin 2005) et à Banjul (Gambie 2005).
La seule circonstance atténuante à ce niveau, c’est que la préparation de ces jeunes a été négligée par le département des sports et le bureau fédéral.
Comme lot de consolation pour les Maliens, on peut souligner le parcours héroïque des Espoirs au tournoi de football des Jeux olympiques «Athènes 2004», les prestations honorables des Aigles à la CAN puis à la Coupe du monde militaire.
La cerise sur le gâteau a été le sacre de Boubacar Sidiki Koné «Tory» et de ses coéquipiers au tournoi de l’UFOA organisé à Bamako en décembre 2004.
Le bureau fédéral emporté par le déluge
Comme on pouvait s’y attendre, les mauvaises prestations des Aigles ont plongé notre sport-roi dans une profonde crise. Au point que l’Assemblée nationale a été contrainte d’interpeller le ministre de la Jeunesse et des Sports pour s’expliquer devant les élus de la nation.
Tenant coûte que coûte à envoyer Tidiane Niambélé au gnouf, le jeune et inexpérimenté ministre a malheureusement été le premier à être débarqué du navire en train de chavirer.
La Fédération malienne de football n’est pas non plus sorti indemne de ce malaise. Faisant les frais de sa mauvaise gestion, harcelé par ses adversaires tapis dans l’ombre, l’équipe de Tidiane Niambélé a fini par jeter l’éponge lors d’une session extraordinaire du conseil national de la Femafoot.
Le déluge a permis à d’anciens internationaux comme Salif Kéita «Domingo», Karounga Kéita, Abdoulaye Diawara «Blocus»… de prendre les commandes du navire pour qu’il ne chavire pas pour de bon.
Cette équipe tarde à trouver ses marques. Mais, on ne pourra la juger objectivement qu’à partir des résultats des reformes qu’elle mettra en route à partir de la prochaine saison 2005-2006.
Mais, elle se doit de baliser le chemin de l’avenir dès à présent. L’attente de la nation est très forte après tant de frustrations au niveau régional et international.
Gageons que Domingo et son équipe en ont conscience et qu’ils sauront se hisser à la hauteur de nos ambitions sportives.
Moussa Bolly
04 septembre 2005.