La chanteuse sud africaine Miriam Makeba avait l’habitude de dire que ce sont les femmes qui conduisent la voiture de la banquette arrière pendant que les hommes sont au volant. Si la guerre des sexes comme prônée au temps des féministes purs et durs n’aura plus lieu, la longue lutte des femmes pour obtenir les mêmes droits que les hommes aboutit de plus en plus à des résultats tangibles.
Déjà au Mali, l’idée fait son chemin qu’il faut leur attribuer des quotas dans l’établissement des listes de candidatures aux différentes élections. Certes qu’il y a encore des résistances à voir des femmes mener des hommes par le bout du nez, mais le tabou a été complètement lavé avec la candidature de Mme Sidibé Aminata Diallo candidate à l’élection présidentielle de 2007.
Candidature de pacotille diront les uns, symbolique diront d’autres, pour n’avoir pas quitté les salons feutrés de Bamako. On rappellera tout de même à ce sujet que Guimba n’avait pas fait mieux en 2002 en escaladant quelques sotramas pour faire le tour des badauds de la capitale.
La même année, les supputations allaient bon train sur une probable candidature de Mme Fatoumata Siré Diakité -promotrice de l’APDF- à la magistrature suprême.
La tigresse de Beijing qui figurait à l’époque parmi les femmes les plus en vue dans le monde, en avait le cran et la stature. Elle se contentera finalement de l’Ambassade du Mali en Allemagne.
Qu’à cela ne tienne car un peu partout dans le monde les femmes occupent le sommet de la pyramide. Il s’agit du Liberia, du Costa Rica, des Philippines et même du Canada et de l’Allemagne. Et pourquoi pas le Mali ?
A l’approche des échéances de 2012 et avec le départ d’ATT, Mme Adam Ba Konaré doit réviser sa liste des « Femmes célèbres du Mali » pour y inclure trois amazones qui font aujourd’hui l’actualité : l’auteure elle-même, Mme Touré Lobbo Traoré et Aminata Dramane Traoré. Comme le dit l’adage Bamanan, ce sont trois femmes qui portent des culottes d’homme.
A commencer par l’ex-première dame qui, du temps où son mari était aux affaires, s’est montrée une femme exemplaire en n’interférant pas dans les affaires publiques.
Quelle différence avec la tonitruante Simone Gbagbo qui veut conquérir le cœur des Ivoiriens à la place de celui de son homme. Mme Konaré connaît tout de l’histoire, pond de belles œuvres comme Colette. De plus, c’est une âme charitable qui, à la tête de la Fondation Partage, soulage la souffrance des pauvres et des nécessiteux.
L’un de ses faits hauts d’armes a été de remettre à sa place le président français Nicolas Sarkozy après le discours raciste tenu par ce dernier à Dakar et déniant aux nègres toute participation dans l’histoire. Une thèse soutenue par Hegel, Nietzsche, Spinoza et quelques philosophes égarés de jadis.
Quant à l’actuelle première dame, Mme Touré Lobbo Traoré, c’est une dame au grand cœur qui connaît parfaitement bien les préoccupations de nos paisibles populations pour avoir sillonné de fond en comble le pays profond à la tête de la Fondation pour l’Enfance pour leur donner de quoi vivre, se vêtir, apprendre, etc.
Même si elle n’est pas fardée de diplômes, elle n’est guère déboussolée par les » académiciens « et aussi bien son expérience du pouvoir aux côtés d’ATT que son parcours professionnel sont autant d’atouts dans la conquête du titre suprême. Foin de ceux qui diront que c’est une succession dynastique ou le règne d’ATT III.
La troisième ‘’larronne’’, Aminata Dramane Traoré, est une tête brûlée. Ancienne ministre de la Culture au temps de Alpha, elle a du cran, du bagout et beaucoup de courage à revendre. A la tête du Forum pour un autre Mali, cet alter mondialiste passe tout son temps à crier sur les institutions de Brettons Wood.
La militante anti-impérialiste, qui réclame l’instauration d’un ordre plus juste et plus humain, est bien une disciple de Karl Marx même après la mort du communisme.
Elle défend partout la cause des pays du tiers-monde contre l’occident capitaliste même s’il lui faut pour cela monter sur le bûcher comme Jeanne d’Arc.
Qui de ces trois amazones franchira le Rubicon après l’actuel locataire du palais présidentiel de Koulouba ? Les paris sont largement ouverts.
Mamadou Lamine DOUMBIA
10 Mai 2010.