Cette année à Bagadadji, ça sent une forte odeur d’argent mais le problème est qu’il y aura beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Au cours d’une campagne menée tambour battant sur toute l’étendue du territoire, aussi bien dans la rue que sur les ondes, les différents candidats se sont échinés à convaincre les électeurs du bien-fondé de leur cause. Et pour cause : la députation est un investissement en or massif.
Ce qu’on jette d’une main, on le rattrape de l’autre. Chacun a défendu son pain comme il peut et finalement on aura tout vu et tout entendu. Tous ont en commun cette prétention d’assurer le bonheur du peuple malien. La plupart des candidats était totalement hors sujet.
En lieu et place des législatives, ils ont plutôt mené campagne pour les élections communales en promettant aux électeurs de construire des ponts, des routes, donner des emplois aux jeunes, des tracteurs aux paysans à la place d’ATT. Ce faisant, en se trompant de combat, ils ont raté leur cible.
Un député n’est pas un maire, à moins d’être député-maire, ce qui n’est pas encore le cas chez nous. Des colorations particulières on retiendra qu’un islamiste du Hamas, candidat en commune II, trouve que dans un pays à 90 % musulman, les décisions des imams ne sont pas respectées par les autorités.
Il se bat pour aller à Bagadadji afin d’obtenir la légalisation du mariage religieux, l’adoption du code de la famille si cher à Me Mountaga Tall et, peut être plus tard (qui sait) obtenir l’introduction de la charia au Mali.
Les candidats du Mouvement Révolutionnaire d’obédience libyenne, qui ont adopté comme dogme le « Livre Vert » et la troisième théorie internationale, affirment sans ambages que s’ils sont élus, Kadhafi va nous arroser avec une pluie de pétrodollars.
A Bougouni, le PDCI est-il l’émule ou une simple homonymie du parti démocratique de Code d’Ivoire de feu Felix Houphouët Boigny qui a fait la prospérité du peuple ivoirien? En tout cas il promet aux populations du Banimonotiè des lendemains qui chantent à moins que ce ne soit le chant des sirènes. A quelques exceptions près, tous ont été fair-play.
C’est le cas de Mamadou Sinayogo dit Gaucher, président du Barica, un parti bidon issu des flancs du Bara il y a quatre ans. Au lieu d’une saine émulation, Gaucher n’a rien trouvé de mieux que de faire subir à la CDS et au RPM l’examen de Bougouni en les dénonçant comme étant des partis de l’opposition qui ne soutiennent pas ATT et qui, par conséquent, ne méritent pas la confiance des Bougouniens.
Procédé pour le moins malhonnête pour un touriste installé en France que les populations viennent seulement de découvrir à la faveur de son intrusion dans la vie politique. A l’autre bout, le feu follet Me Hassan Barry, non content d’avoir coulé le député aliment bétail, s’est rendu en catastrophe à Nioro pour dire « tout sauf le RPM ! »
Ironie du sort, c’est maintenant que l’avocat se rend compte qu’il a en même temps coulé ses amis Adema et URD. Trop tard pour réparer les dégâts car à Nioro l’opposition risque fort de remporter la bataille. Message au président de l’UDD : l’ami de mes amis est mon « nami ».
L’exception confirmant la règle, à part ces deux fausses notes, partis politiques et candidats indépendants ont tous dénoncé l’achat des consciences. Certes, il faut bannir l’argent de la corruption qui consiste en la distribution gratuite d’espèces sonnantes et trébuchantes pour acheter les voix des électeurs.
Mais de là à se livrer à la chasse au thé, au T-shirt, aux casquettes, au pagne, c’est aller vite en besogne. En effet, tous ces éléments constituent les ingrédients d’une campagne. Tout comme les affiches ce sont les signes distinctifs d’un candidat.
On n’a rien sans rien, les petits cadeaux entretiennent l’amitié. Cela ne fait rien que les candidats sortent des miettes de leurs poches pour arracher quelques sourires dans les quartiers. Après tout, nos femmes aiment se trémousser au son du tam-tam et du balafon.
Au demeurant, il n’a jamais été prouvé que du thé ou un T-shirt a pu acheter une seule voix. Et puis parlant de fête démocratique, il faudra bien que le peuple s’amuse au moins une fois chaque cinq ans pour oublier sa misère quotidienne face à l’incapacité des dirigeants à lui assurer un niveau de vie décent.
C’est ce qu’avaient compris les empereurs romains qui pour alléger le poids de la dictature, offraient au peuple des jeux, des jeux encore des jeux. Nos candidats ne doivent pas avoir l’air de revenir de Pontoise. Vivement donc l’an 2012 pour, une fois de plus, verser du champagne sur la campagne !
Mamadou Lamine DOUMBIA
02 juillet 2007.