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C‘est peu dire que l’Adema est un colosse au pied d’argile. Chaque décision importante provoque, en effet, au sein de cette formation politique, le retour des démons de la division.

Et pour cause, chaque fois que Satan frappe à la porte, il trouve quelqu’un pour lui ouvrir : «entrez, Lucifer, vous êtes ici chez vous». Aussi, la malédiction frappe les abeilles chaque fois qu’il s’agit de l’ascension au sommet des cîmes. Elles guerroient entre eux, elles guerroient contre les autres. Elles essaiment contre l’ennemi mais vont toujours en ordre dispersé et pour peu qu’on brandisse devant elles le moindre épouvantail, la panique s’installe au camp d’Agramant. On est alors dans la cour du roi Petaud où tout marche à l’envers, où tout est sens dessus-dessous.

Il n’est que de voir le geste fait par calamity Dioncounda et ses camarades lors du dépôt des candidatures à la présidence de l’association des municipalités du Mali, pour se rendre compte que dans la ruche, c’est encore le règne du copinage, du népotisme, du favoritisme, de la cooptation.

Au lieu de laisser la saine émulation jouer librement entre les concurrents, une secte d’apparatchiks se réunit clandestinement dans un salon feutré de la capitale pour décider du sort de la majorité. Même Moussa Traoré qu’ils ont combattu et chassé du pouvoir, parlait de démocratie au sein de l’UDPM

! En lieu et place, nos camarades révolutionnaires de l’Adema ont sorti de leur chapeau le mot magique du «consensus» tombé comme une génération spontanée pour combattre toute initiative créatrice et toute velléité d’émancipation par rapport au comité exécutif. En vérité, c’est du stalinisme pur et dur comme au temps du «petit père des peuples».

Sinon sur quelles bases concrètes Bill a-t-il été choisi comme candidat du parti à la présidence de l’AMM? Passe encore pour Kader Sidibé qui a déjà fait un mandat à la tête de cette institution. Le troisième larron, Adama Diarra, va t-on le sacrifier sur l’autel des caprices de quelques barons de la ruche ?

Il semble, selon toute apparence, que les dés sont pipés et que nos deux pieds nickelés doivent faire leur deuil de l’AMM. Car dimanche dernier au CICB, Dioncounda les a carrément assommés lorsqu’il déclare : «la conférence nationale félicite le choix de Boubacar Bah dit Bill comme l’unique candidat du parti à la présidence de l’AMM et remercie les maires Kader Sidibé de la commune III et Adama Diarra de la commune rurale de Kourouma, dans le cercle de Sikasso, d’avoir accepté le choix du parti».

On imagine aisément Adama Diarra et Kader Sidibé groggy comme un boxeur dans les cordes. Madre mia, quel mépris ! On ne leur a même pas demandé leur avis et comme le dit l’adage bamanan, on leur a rasé le crâne sans eux.

L’avertissement a valeur de symbole. Il signifie tout simplement que le problème de la candidature à la présidence de l’AMM est définitivement réglé au sein de la ruche. «Silence ou je vous flingue». Dioncounda est même prêt à hausser le ton plus que de coutume pour imposer «sa» discipline au sein du parti.

Chat échaudé craint l’eau froide. Sans doute hanté par les nombreuses querelles de clochers qui ont sapé les fondements du parti surtout à l’approche des grandes échéances, le président de l’Adema ne rate, désormais, aucune occasion de prêcher dans sa chapelle pour remettre les brebis égarées sur le droit chemin. Pour ce faire, il ne voit pas midi à quatorze heures. L’entêtement de Kader Sidibé et de Adama Diarra l’a irrité au plus haut point. Malheur aux vaincus, il leur décoche des flèches : «nous observons quelques cas de camarades qui n’ont pas toujours compris que leurs intérêts s’inscrivent dans la force du parti». Adama Diarra, pour sa part, reçoit un coup de massue : «notre approche des problèmes ne doit être ni locale, ni communautaire, ni régionale». Décidément, Dioncounda a tant repris du poil de la tête qu’il frappe des ennemis déjà à terre. De terne qu’il était au temps de Alpha, il a gagné en assurance et donc en autorité.

Adama Diarra et Kader Sidibé hésiteront par deux fois à poser des actes pour ne pas avoir à choisir entre les armes de dissuasion massive que possède le président rucher et qui ont pour noms : avertissement, blâme, suspension, exclusion. Des armes d’une terrible infamie dont ont tant peur les dissidents.

Mamadou Lamine DOUMBIA

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Le maire de Mopti, Oumar bathily à propos de la crise de l’AMM:
« Faisons tout notre possible pour sauver cette association »

Face aux rumeurs de plus en plus persistantes sur la possibilité d’avoir bientôt deux voire trois bureaux parallèles pour présider aux destinées de l’Association des Municipalités du Mali (AMM), le maire de Mopti, Oumar Bathily, lance un cri de cœur à l’endroit des différents acteurs de cette polémique, afin qu’ils se surpassent pour sauver cette association. Il n’a pas manqué de faire le point des priorités de la municipalité de la Venise malienne.

Dans un entretien exclusif qu’il nous a accordé le 27 mars dernier à Mopti, le maire de la commune urbaine du même nom, Oumar Bathily n’est pas passé par quatre chemins pour appeler ses collègues maires (les 703) à se battre pour préserver l’unité des édiles municipaux du Mali autour de l’AMM.

« Je souhaite ardemment que les uns et les autres fassent violence sur eux même, se maîtrisent par rapport à leurs convictions politiques pour sauver cette association… Tous les 703 maires du Mali doivent s’identifier à cette association et œuvrer à son unité. Si nous nous divisons, l’AMM en pâtira sérieusement », a-t-il déclaré.

Pour M. Bathily, les partis politiques peuvent présenter des candidats pour la présidence de l’AMM, mais c’est seulement le Congrès qui tranchera. Il n’est pas question que les partis politiques imposent un seul candidat ou dissuadent les autres de rester en lice.

Aucun parti n’a de prééminence sur l’AMM. « C’est vrai que les partis politiques et le groupements d’indépendants ont joué un rôle dans la constitution des listes qui ont conduit à l’élection des maires. Mais cela ne veut point dire que le maire dans la gestion de l’AMM est soumis aux orientations politiques « 

A la question de savoir ce que pense le maire de Mopti (élu sous les couleurs du Mouvement Citoyen) de la récente plate-forme signée par les partis politiques, le Mouvement Citoyen et les indépendants sur la gestion concertée de l’AMM, notre interlocuteur dira que le problème que pose cette déclaration se résume à la question « créer une association et la laisser gérer par d’autres entités. Cela pose forcément un problème d’autonomie de ladite structure ». La question suscite encore des débats ailleurs et au sein du Mouvement Citoyen qui a signé cette plate-forme.

Et entre les trois prétendants à la présidence de l’AMM encore en lice (Boubacar Bah dit Bill, Abdel Kader Sidibé et Adama N. Diarra), le maire de Mopti a-t-il un candidat préféré ? « Je ne suis proche d’aucun des candidats, comme on veut le faire croire. Je suis proche de l’AMM pour laquelle j’’appelle à un sursaut national pour préserver son intégrité et son unité. Qu’on soit issu du Mouvement Citoyen ou des partis politiques, nous attendons gérer l’AMM avec notre identité de maire, préoccupés par les réalités quotidiennes des populations », a-t-il déclaré.

Parlant des priorités au niveau de la commune de Mopti, Oumar Bathily a parlé du plan d’action d’assainissement, en matière de santé et d’éducation. « Nous avons ouvert des chantiers durant le mandat passé. Il y a eu des acquis que nous sommes en train de consolider. Nous avons tenu un sommet sur l’assainissement en 2008 et nous comptons relire le plan d’assainissement de la ville, paver les rues, bitumer certaines rues, aménager les égouts « .

En matière de santé, le maire de Mopti a évoqué la réalisation du projet mère-enfant avec un équipement notable des CSCOM. Programme qui va être poursuivi.

Dans le secteur de l’éducation, la construction durant le mandat passé de 15 salles de classe, de plusieurs bornes fontaines, d’équipement en eau potable, de latrines dans chaque école de la ville.

Ces actions ont été menées, a-t-il précisé, grâce à des partenaires comme l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF), l’APEJ, l’ANICT, le Réseau Aga Khan, les ONG Action Mopti, Protos, la coopération décentralisée avec des villes françaises comme, Valdem (Vendôme), Maurépas (dans les Yvelines), Mortail-au-Pêche, jumelé à Mopti depuis 1975.

Partenaires auxquels l’édile municipal mopticien a adressé toute la gratitude du conseil municipal. Il n’a pas manqué de lancer un appel aux habitants de la Venise malienne à prendre soin de leur cadre de vie, à respecter l’environnement pour que la ville de Mopti soit une des plu belles du Mali. Ceci dans le cadre de la célébration du Ciinquantenaire. Cadre dans lequel cette ville touristique pourra accueillir plus de visiteurs. C’est du moins le souhait du maire.

Bruno Djito SEGBEDJI

Envoyé spécial

31 Mars 2010.