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Nous sommes à Montgomery, une ville de l’Etat d’Alabama, aux Etats Unis. Dans ce “deep South” – Sud profond -, le racisme et le Ku Klux Klan (secte blanche fanatiquement raciste) règnent en maîtres absolus. Les “blacks” et les“sang mêlé” (les noirs et les métisses) y subissent tortures, lynchages et humiliations avec une cruauté inhumaine.

Mais ce jour-là, une simple femme osera braver “l’interdit”, ouvrant ainsi une large brèche dans l’horrible domination des blancs sur les autres. Une brèche qui sera fatale pour l’ostracisme et l’oppression et sonnera le glas d’un système de suprématie ségrégationniste savamment entretenu par une race minoritaire dite blanche. Ce jour-là sera le début de l’écroulement du racisme aux Etats Unis.


Le refus d’une femme

Ce petit bout de femme est né en 1913. Couturière de son état, elle travaille aussi comme secrétaire bénévole dans une association qui milite pour l’émancipation des gens de couleur : la National Association for Advanced People (NAAP). Mariée à un pionnier de la lutte antiraciste, Raymond Parks, elle ne tolère plus le sort réservé aux siens.

Un soir de 1er décembre 1955, elle rentre tranquillement chez elle, après une dure journée de travail. Elle monte dans un bus, s’asseoit sur un des sièges avant, étire ses jambes endolories, et ne tarde pas à s’assoupir : elle n’est plus très jeune…

C’est alors que le chauffeur la réveille brutalement de sa torpeur et lui intime l’ordre… de céder sa place à un blanc qui venait d’entrer dans le véhicule. Mais la femme refuse catégoriquement : de quel droit céderait-elle sa place à un blanc?

Du coup, tous les regards des passagers se tournent vers elle, interloqués. Alors le bus s’arrête, une grappe de policiers en furie envahit l’espace, bousculant tout sur leur passage. Ils extirpent violemment la “rebelle” de son siège, l’entraînent sans ménagement hors du véhicule, la jettent dans une de leurs cellules et lui collent un numéro : le 7053.

On lui inflige une amende de 14 dollars – une fortune, à l’époque -, et pire, elle perd son emploi. Durant tout le temps qu’à duré l’esclandre, la femme est restée impassible et sereine, comme si tout ce grabuge ne la concernait pas.

Mais depuis l’incident du bus, elle a intérieurement pris la décision de combattre le racisme de toutes ses forces, jusqu’à sa mort. Aussi, elle résolut de “mordre” davantage, en faisant appel du jugement qu’on lui a infligé. Rosa Parks venait ainsi d’ouvrir la voie de la lutte contre le racisme et pour l’émancipation des Noirs.

Le déclic

Dès lors, la résistance de Rosa Parks devient l’ordre de ralliement de tous les avocats et défenseurs de la cause des Noirs. Du coup, tous les bus de la municipalité de Montgomery sont boycottés par les habitants. Et aussitôt, dans la ville, une vaste association se forme pour l’amélioration des conditions de vie des Noirs. Et un jeune homme de 26 ans en prend la tête : il se nomme Martin Luther King…

Depuis le début de ce combat contre le racisme, Rosa Park a toujours porté une robe noire qui, pour elle, symbolise la souffrance et l’oppression. Cette couleur du deuil, elle a décidé de la porter jusqu’à la fin définitive du racisme. De Martin Luther King à Nelson Mandela, la robe noire est devenue, depuis, le symbole de tous les combattants de la liberté.

Un symbole vivant

Dans la nuit du 24 au 25 décembre 2005, Rosa Parks décède à 92 ans, à Détroit où elle vivait depuis 1957. Elle rejoint ainsi le “King” -Martin Luther- dans la mort et repose au panthéon des héros de la lutte contre le racisme. Mais elle restera un symbole, et surtout, le premier déclic d’une résistance contre le racisme aux Etats Unis d’Amérique.

Pour saluer l’attitude héroïque de cette dame noire qui, pour la première fois, a dit“non” à un blanc, le sénateur noir, Jesse Jackson, lancera une phrase historique : “Elle s’est assise pour que nous puissions nous lever. Et les murs de la ségrégation sont tombés.

Oumar DIAWARA

26 septembre 2007.